Grumberg , Jean-Claude « La plus précieuse des marchandises – Un conte » (2019)

Grumberg , Jean-Claude « La plus précieuse des marchandises – Un conte » (2019)

Auteur : Jean-Claude Grumberg, dramaturge, scénariste et écrivain français, est né à Paris le 26 juillet 1939. Il a reçu le Grand prix de l’Académie française en 1991 et le Grand prix de la SACD en 1999 pour l’ensemble de son œuvre ; le Molière du meilleur auteur dramatique en 1991 pour Zone libre, et en 1999 pour L’Atelier. Il a surtout écrit des pièces de théatre et des scénarios pour le cinéma. Son père, Zacharie Grumberg, est né le 19 décembre 1898 à Galatz (Galați) en Roumanie.
L’ensemble de son œuvre théâtrale est disponible aux éditions Actes Sud/Papiers qui ont également publié un recueil de ses pièces en un acte aux éditions Babel.

Seuil -La librairie du XXIème siècle – 10.01.2019 – 128 pages / Points poche –01.10.2020 –  128 pages (Prix spécial des libraires et Prix des lecteurs BFMTV/L’Express)

Résumé : Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.

Mon avis :
Intensité, Amour, Horreur, Espoir…
Pour ne jamais oublier… Un conte… mais quel conte !
Au milieu de l’inhumanité ambiante, une femme sans enfant qui rêve que le ciel lui en offre un. Ce sera un cadeau tombé, non du ciel, mais d’un train… Du train de marchandises de marchandises qu’elle voit passer tous les jours … marchandises… Les marchandises qui transitent sont les convois qui partent de Drancy…
Un conte poignant qui se déroule dans les bois, un couple de pauvres bûcherons, un homme des bois qui se révèlera être tout sauf un ogre…
Un homme déporté qui a un seul rêve : retrouver la marchandise tombée du train…
Et … je vous laisse découvrir
Une merveille de sensibilité, pour ne jamais oublier …

Extraits :

Après réception de la marchandise, il fut aussitôt procédé à son tri. Les experts trieurs, tous médecins diplômés, après examen, ne conservèrent que dix pour cent de la livraison. Une centaine de têtes sur mille. Le reste, le rebut, vieillards, hommes, femmes, enfants, infirmes, s’évapora après traitement en fin d’après-midi dans la profondeur infinie du ciel inhospitalier de Pologne.

Les jours succédèrent aux jours, les trains aux trains. Dans leurs wagons plombés, agonisait l’humanité. Et l’humanité faisait semblant de l’ignorer.

Ils passèrent et repassèrent, nuit et jour, jour et nuit, dans l’indifférence générale. Nul n’entendit les cris des convoyés, les sanglots des mères se mêlant aux râles des vieillards, aux prières des crédules, aux gémissements et aux cris de terreur des enfants séparés de leurs parents déjà livrés au gaz.

« Les sans cœurs ont un coeur »

Voilà la seule chose qui mérite d’exister dans les histoires comme dans la vie vraie. L’amour, l’amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L’amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n’existe pas, l’amour qui fait que la vie continue.

One Reply to “Grumberg , Jean-Claude « La plus précieuse des marchandises – Un conte » (2019)”

  1. Poignant ! La démonstration déchirante de cette phrase du Talmud:  » Qui sauve une vie sauve l’Humanité » Une de mes amies avait 18 ans en 1942 , elle était entrée dans un réseau de Résistance et a caché 2 enfants juifs de 6 et 2 ans pendant 3 ans . Quand elle témoignait devant les collégiens et les lycéens , ceux-ci lui posaient souvent la question » Et vous n’aviez pas peur? » Et toujours, elle répondait:  » Je n’y pensais pas , j’étais jeune! » Devenu adulte , l’un des 2 enfants , Jean-Claude Moscovici a raconté leur histoire dans « Voyage à Pitchipoï  » Liliane, la petite fille qui avait 2 ans en 1942 , m’a dit que même adulte , elle avait toujours dormi avec une valise sous sons lit de crainte que ça recommence .

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