Simonetta, Marcello « Catherine de Médicis – Histoire secrète d’une querelle de famille » (2020)
Auteur : Marcello Simonetta est né à Pavie (Italie), en 1968. Il a reçu en 1993 un Laurea in Lettere e Filosofia (magna cum laude) à l’université de Rome “La Sapienza”, et est docteur en littérature italienne de l’université de Yale depuis 2011. Historien réputé, spécialiste de la Renaissance et de Machiavel, Marcello Simonetta est l’auteur, notamment, d’une trilogie consacrés aux Médicis, L’Énigme Montefeltro (2018) , Les renards et les lions (2019) et Catherine de Médicis – Histoire secrète d’une querelle de famille (2020) .
Albin Michel – 30.09.2020 – 320 pages (Traductrice : Patrizia Sirignano)
Résumé : À contre-courant de la légende noire de Catherine de Médicis, reine jugée despotique et impitoyable, tenue pour responsable de la Saint-Barthélemy, Marcello Simonetta retrace le parcours hors du commun de la descendante de Laurent le Magnifique, héritière convoitée de la fortune d’une famille étroitement liée à la papauté.
Entre assassinats, pièges et trahisons, deuils et humiliations, cette jeune orpheline apprend à devenir reine, se montrant capable de traverser les grands bouleversements politiques et religieux de son époque, et de surmonter les épreuves cruelles qui jalonnent sa vie d’épouse et de mère, pour asseoir un pouvoir qui lui revient de droit. Tiraillée entre deux clans, les Médicis et les Strozzi, qui, au gré des alliances, s’unissent et se déchirent, tourmentée par les dissensions qui traversent les différentes branches de sa propre famille, mais aussi pressée de défendre les intérêts de la France, Catherine fait preuve d’une ténacité et d’une énergie exceptionnelles.
Dans ce dernier acte de la trilogie consacrée à l’histoire tumultueuse des Médicis, Marcello Simonetta nous guide au milieu des intrigues des familles florentines et des machinations des cours françaises de la Renaissance, et lève le voile sur la jeunesse de celle qui deviendra l’une des plus célèbres reines de France.
Mon avis : Amoureuse de Florence, j’ai toujours été fascinée par la famille des Médicis et Catherine de Médicis est un personnage hors-normes, qui a pesé dans l’histoire de l’Europe du XVIème.
Fille du duc d’Urbino, Lorenzo II de Médicis, épouse d’Henri II de Valois, futur roi de France, elle devient Dauphine et duchesse de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Elle est mère de trois rois de France, ( François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth (reine d’Espagne) et Marguerite (« la reine Margot », épouse du futur Henri IV) Pour les Florentins « la petite duchesse ». Elle est née le 13 avril 1519 à Florence (République florentine) sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de’ Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois (France).
Dès sa naissance, en 1519 elle se retrouve orpheline et est accueillie et élevée par la famille Strozzi, et unique héritière de la fortune des Médicis ; elle grandira seule, dans un couvent et sera prise au cœur du conflit qui fait rage à l’époque (les républicains florentins se révoltent contre les Médicis) . Il faudra attendre bien des années, au moment où elle se retrouvera Reine de France à la mort de son mari, pour qu’elle puisse enfin exister…
Celle que l’on a surnommé la Reine noire traine derrière elle une réputation de sorcière, de magie noire, de génératrice de massacres et de mort (La Saint Barthélémy) mais il semble qu’elle ait de fait tenté d’être une conciliatrice et d’avoir tenté de calmer les choses dans la guerre de religion opposant des catholiques et les protestants.
Le livre parle beaucoup de rivalités papales, de manigances, de la perte de la place de l’Italie dans le jeu des puissances européennes à partir de la paix de Cateau-Cambrésis. On y fait la connaissance de la jeune Catherine, objet de tractations, au centre d’une guerre familiale, et qui n’est finalement pas aussi méchante qu’il peut bien sembler à première vue… ou alors que les circonstances de sa jeunesse ont conduite à se construire une armure pour ne pas être détruite dès son plus jeune âge…
En fait, il parle des rivalités entre les branches des Médicis, et des querelles avec les Strozzi.
Dans sa jeunesse, au couvent, elle commence à apprendre la comptabilité. Elle n’est pas jolie mais elle est intelligente, aimable, bien élevée, volontaire, déterminée, solitaire – pas par choix.
Mariée jeune, elle sera trahie, trompée. Comme elle ne tombe pas enceinte, elle essaie tous les traitements possibles et imaginables et on pense à la faire répudier pour cause de stérilité (elle mettra 10 ans à tomber enceinte et aura dix enfants).
Elle commence à prendre un peu d’importance en 1544, à la naissance de son premier fils mais bien que reine elle passe toujours après la maîtresse de son mari, Diane de Poitiers, et sera toujours humiliée par cette dernière.
En 1552 elle devient Régente pour la première fois, son mari était parti à la guerre. En 1559, elle devient régente et reine mère à la mort d’Henri II. Elle a quarante-ans.
Alors que dire de cette lecture ? Trop de détails et au final peu d’informations sur la jeunesse de Catherine de Médicis. L’auteur lève le voile ? pas beaucoup… C’est un livre très complet sur la période et les intrigues politiques mais Catherine de Médicis apparait en pointillé, et est très peu mise en valeur. Très détaillé, très fouillé, mais très technique et descriptif… Je suis allée au bout mais je ne le conseille qu’à des personnes qui veulent vraiment se documenter.
Extraits :
le pouvoir est capricieux et qu’il fluctue à la merci du hasard. La vertu est de savoir qu’on ne peut contrôler l’avenir, mais qu’on peut le deviner. Peut-être en s’adressant à Dieu, peut-être en observant les étoiles. Dans le couvent des Murate, pendant ses longues nuits de solitude, Catherine avait souvent contemplé le ciel dégagé, scellant en son sein un pacte avec les entités supérieures.
Il est intéressant de voir à quel point les préjugés régionaux viennent de loin et perdurent en Italie. Le Vénitien condamnait le manque de générosité du Toscan, que ce pape faible incarnait parfaitement.
Le moment venu, elle exercerait son influence afin d’encourager l’usage de la fourchette au lieu des doigts, une coutume assez grossière.
Pendant les mois qui suivirent le mariage, Catherine peu à peu se familiarisa avec les coutumes de la cour française. Elle appréciait surtout les longues battues lors des parties de chasse auprès du souverain ; François s’était attaché à cette jeune cavalière tenace qui n’hésitait pas à l’accompagner. Catherine ne montait pas en amazone, les jambes du même côté du cheval : cela ne la gênait pas de les montrer, c’était la partie de son corps la plus attrayante selon les commentaires de l’époque, ainsi que ses mains élégantes.
L’impopularité de Catherine, considérée comme l’usurpatrice étrangère d’une place qui revenait de droit à une princesse du pays, n’était que partiellement compensée par la réelle affection que, en dépit des médisances, ses beaux-frères et François Ier, son beau-père, lui témoignaient.
la devise que Catherine adopta : Lucem fert, et serenitatem, accompagnée de l’emblème de l’arc-en-ciel (Que la lumière apporte la sérénité.)
Catherine se consolait comme elle le pouvait, principalement en s’intéressant aux œuvres d’art des nombreux artistes toscans que le roi appréciait tant, comme Rosso Fiorentino, à qui l’on doit la somptueuse décoration des salons de Fontainebleau.
à l’occasion de la naissance du fils de la dauphine, les réjouissances publiques brillèrent par leur absence à Florence, comme si le duc, en réalité, craignait que cet héritier ne revendiquât un jour ses droits sur l’Arno
Catherine se tenait un peu à l’écart de ces réjouissances auxquelles elle préférait les activités de l’esprit, peu soucieuse de passer pour quelqu’un de studieux : « Elle s’adonne aux études et est tellement lettrée, surtout en grec (comme les Strozzi), qu’elle sidère tous les hommes ; et enfin, à tous égards, elle est universellement adorée »
Le séjour à Lyon marqua un tournant dans la vie de la reine, alors âgée de vingt-neuf ans, par l’accueil chaleureux qu’elle y reçut, empreint du respect et de la gravité solennelle dus à une souveraine. Parmi tant d’autres personnalités, elle fit la connaissance de Michel de Nostredame, mieux connu sous le nom de Nostradamus, un médecin né en Provence au sein d’une famille d’origine juive convertie au catholicisme, qui s’était déjà gagné une réputation de prophète.
La royauté française combattait les huguenots à domicile, quoiqu’elle eût subventionné les luthériens en Allemagne, preuve de la désinvolture avec laquelle on considérait la question religieuse.
Catherine de Médicis n’avait pas encore eu l’occasion de montrer son visage dur et implacable, fruit d’une lente, ardue et parfois pénible ascension. Les humiliations, les dangers, les deuils plus ou moins providentiels avaient façonné son caractère. Mais notre point de vue, si particulier, fait ressortir également des facettes humaines et vulnérables inattendues chez cette femme, devenue souveraine presque par hasard, et qui, avec le temps, deviendrait la quintessence proverbiale de la femme calculatrice et manipulatrice… Mais avait-elle le choix pour combattre le parti des huguenots ?