Couture, CharlElie «New York Memories» (RLH2021)
Auteur : le 26 février 1956 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il est un artiste « multiste » comme il aime être présenté, explorant de multiples disciplines artistiques : chanteur, compositeur, peintre, écrivain, graphiste et photographe franco-américain.
Le Cherche-Midi – 14.01.2021 – 336 pages
Résumé : Je n’ai jamais ressenti une émotion aussi forte ailleurs. Manhattan est une dope. Depuis la première minute, quand j’ai atterri à JFK en 1981. Coup de foudre sur la skyline. New York n’est pas une ville tendre, c’est une ville de béton et de brique, de glace et d’acier, une ville dure, une ville d’efficacité et d’utilité pour survivre, une ville qui ne tient pas compte des petites misères et qui reste inflexible.
Et pourtant, New York trouve un équilibre grâce à sa beauté moderne. Vivre à New York: un rêve devenu réalité pour CharlElie. Si loin de la France, BigApple et ses habitants l’inspirent, le surprennent, et parfois lui jouent de mauvais tours… La ville s’amuse de lui tout autant qu’il s’amuse d’elle. CharlElie la peint et la dépeint, la met en musique, y prend ses marques. Jusqu’à ce que l’émerveillement et la frénésie des premières années s’estompent.
Et s’il était temps de revenir ?
Mon avis : Alors CharlElie, je suis fan ! depuis … toujours… Je dois avoir tous ses disques (entre les vinyles et les CD et les autres, et c’est toujours un bonheur de le lire… Après « Les Dragons en sucre » et « La mécanique du ciel. 50 poèmes inchantables- Suivi de Le Costume ou le Rêve américain (soliloque au treizième étage) » j’ai retrouvé avec plaisir la plume de cet artiste hors-normes pour une balade à New York qui commence dans les années 80 pour se terminer fin 2020.
Son arrivée, son premier atelier, ses souvenirs de l’époque, ses rencontres, son installation.
Il parle de lui, de sa famille, mais aussi de tout ce qui fait sa vie et son univers dans cette ville qui vit à mille à l’heure, où il se passe toujours quelque hose. Il parle de faits divers, de politique, de musique, d’art ; il n’oublie pas de parler parfois de la France aussi… Car il a beau résider à New-York, il n’en reste pas moins également français…
Et il en parle bien car il a la poésie et les images au bout de la plume et des pinceaux.
New-York d’avant, New-York de la sidération avec l’arrivée de Trump, New-York de tous les possibles qui se transforme en cité de l’argent…
Alors ses mémoires ? Certes, mais aussi ses réflexions, ses peurs, ses joies, ses questionnements, ses coups de griffe et ses coups de cœur, ses nostalgies et ses désillusions…
Et moi j’ai adoré ! et difficile de choisir quelques extraits car j’aurais pu recopier la moitié du livre !
Vous aimez New-York ? Alors ne résistez pas à la découvrir en sa compagnie : côté pile et côté face.
Extraits :
Une soirée naît d’une option : miser sur un certain groove. Parfois, on mise juste, et on tire la bonne carte. D’autres fois, on se dit qu’on serait mieux ailleurs…
Le peuple du matin n’est pas encore levé ; pourtant, certains morts vivants prennent déjà leur service.
L’âme de quelqu’un, c’est une présence qu’on ressent même s’il est invisible, une phosphorescence, une lumière qui vous éclaire dans la nuit.
New York est une ville de promesses, mais New York t’encourage avant tout à te démerder seul. Chacun pour sa pomme, sa Big Apple, et n’attendre aucune aide !
Je préfère cette vie forte, cette vie de plein fouet à laquelle je me heurte, cette vie qui bouge en puissance plutôt que le confort endormi d’une routine vieillie.
Ceux qui s’identifient à leur plumage, mais dont le ramage est vide de sens. Femmes satin, ou Lycra, panthères Nylon ou tuniques à fleurs, tailleurs Chanel ou robes légères, chacun se choisit une apparence comme on transmet un message.
Quand ça chauffe, je veux savoir. Je n’ai pas peur. Je veux pouvoir me dire que j’y étais. Où ? Peu importe, mais « j’étais là où ça s’est passé ». Je ne veux rien regretter.
« En France, on se complaît dans le négatif, et le taux de suicide augmente chez les adolescents. Comme si on avait plongé dans un puits de tristesse, mais il ne faut pas faire partager nos soucis à nos enfants, il faut leur donner le sens du positif. »
On peut penser que la Liberté, c’est le fait d’avoir le choix. On peut aussi considérer un autre point de vue, comme ici, que la Liberté, c’est le fait d’assumer un choix ! Ça prend le temps qu’il faut, mais un jour on est là et on peut se dire : je voulais le faire, je l’ai fait !
Cette « villusion », cette ville de toutes les illusions qui éclate en morceaux dans la conscience de l’homme raisonnable.
Parce qu’on n’a pas le droit de s’arrêter, s’arrêter d’avoir envie, c’est simplement impossible, interdit de s’arrêter, d’avoir envie d’en vouloir plus.
De même qu’un oto-rhino n’a rien à voir avec un rhinocéros, que les rhumatologues ne boivent pas tous du rhum, qu’un pneumologue n’est pas un spécialiste du pneu, les étiopathes ne sont pas les descendants des rastas d’Éthiopie.
J’aime l’Art à New York, cet Art comme un pollen, qui inspire le printemps quand on le respire, l’Art qui se répand comme la mousse sur la pierre, comme le chiendent sur les tas d’ordures. J’aime l’Art qui transforme le monde immonde en quelque chose d’humain.
Le moulin, c’est l’action, les mots, c’est la rivière. S’il n’y a pas de moulin, la rivière coulera pour rien. De facto. C’est la réalité de ce qu’on fait qui importe…
On parle souvent des trois W, autrement dit : Who, What, When (en français les trois Q – Qui, Quoi, Quand). Ils déterminent la valeur d’une œuvre d’Art.
« You want it darker », dit le magnifique Leonard Cohen, aussi grave que sa voix chaude est posée, sage mais pleine d’angoisse. Un disque de plus, diront certains, oui, mais quoi ? C’est toujours un disque de plus. Celui-ci vient au terme d’une longue vie, et alors ? Doit-on cesser de vivre sous prétexte qu’on a déjà vécu ? Faire une œuvre de plus, c’est poser une pierre de plus sur l’édifice de son existence.
New York ! Oh, New York ! Tant de choses s’y passent à la jonction des impossibles.
2 Replies to “Couture, CharlElie «New York Memories» (RLH2021)”
Moi, je ne suis jamais allée à New York et je ne connaissais de Charlélie Couture que l’avion sans aile mais le livre m’a bien plu. Il m’a aussi donné l’occasion de découvrir ce « multiste » et j’ai aussi aimé ses oeuvres
J’ai donc passé un bon moment et enrichi mes connaissances artistiques et new-yorkaises
Quelques heures de détente dans ces moments tellement bizarres entre confinement et boulot, ce n’est pas négligeable
De Charlelie Couture, je ne connaissais que le chanteur, et encore, pas très bien. Ce n’est d’ailleurs pas le nom de l’écrivain mais le titre du livre qui m’a poussé à le lire. Avec « New York Memories », j’ai découvert qu’il était un artiste complet, « multiste » comme il se définit lui-même : écrivain, poète, peintre, sculpteur… D’ailleurs, le très beau tableau qui illustre la couverture du roman est l’une de ses réalisations.
« New York Memories » est un recueil d’impressions, d’anecdotes, de souvenirs de l’époque où Charlelie Couture vivait à New York. Par petites touches l’auteur s’y dévoile et nous permet d’entrer dans son monde, de découvrir les difficultés de la création artistique mais aussi ses bons moments. Épisodes du quotidien, réflexions, poèmes… tout cela donne une furieuse envie d’en connaître davantage sur les réalisations artistiques de l’auteur que j’ai trouvé, au passage, sympathique et attachant.
Parallèlement, j’ai aimé découvrir New York sous un angle nouveau. Une ville de tous les possibles mais une ville où le rêve américain n’est peut-être pas aussi facile à atteindre qu’on pourrait l’imaginer. Une ville qui s’est considérablement transformée au cours des quinze années durant lesquelles l’auteur y a vécu.
Un livre que je ne peux que conseiller aux amoureux de la Grosse Pomme… mais aux autres aussi.