Emonot, Marion «Ressuscité» (2021)

Emonot, Marion «Ressuscité» (2021)

Autrice : Marion Emonot est une journaliste franco-suisse basée à Genève. En 2019, elle signe son premier roman, 376 jours de prison pour rien (Éditions Slatkine), inspiré d’une histoire vraie.

Résumé :
«Chaque matin, je me laisse ainsi aller à un moment de Ressuscité dépression où je suis néanmoins en communion avec Mahdi. Mon tout-petit, où peux-tu bien être ? As-tu péri dans cette mer Méditerranée de malheur? »

Sur la route migratoire qu’ils se sont résignés à prendre pour sauver leurs enfants des mariages forcés et des voleurs d’organes, Sultan et Choukrieh égarent leur fils Mahdi, neuf ans.

Ressuscité est le récit romancé de cette histoire vraie, du drame de cette famille qui se retrouve soudain amputée de l’un des siens, aux portes de l’Europe. De sa jeunesse afghane à son installation en tant que requérante d’asile en Allemagne, la mère de l’enfant raconte un périple déchirant et pourtant tristement commun.

Editions Slatkine – 20/04/2021 – 224 pages

Mon avis : Un récit bouleversant et qui sonne désespérément juste… Tiré d’une histoire vraie avec des zones d’ombre et d’incertitude que perdurent. En plus de la tragique aventure de cette famille c’est aussi un bel hommage aux personnes qui travaillent avec les migrants, que ce soit au niveau local ou international (La Croix-Rouge entre autres) qui font tout pour que les familles se retrouvent, même si parfois la bureaucratie est un peu lourde et lente…
Cette histoire commence en Afghanistan au moment où les Talibans prennent le pouvoir ; malheureusement l’histoire a prouvé que ceux qui étaient perçus comme des sauveurs se révèleront pire que ceux qu’ils ont remplacé.
C’est ce qui incitera un jeune couple récemment marié à fuir le pays en direction de l’Iran, pays de liberté en comparaison ; après un long séjour en Iran de 18 ans et la naissance de cinq enfants, ils se trouvent dans l’obligation de quitter le pays car leur permis de séjour n’est pas renouvelé. Bien que leur séjour en Iran n’ait pas été parfaitement tranquille du fait du racisme anti-afghans, le retour dans leur pays est juste cauchemardesque. Au point qu’ils se décident à reprendre le chemin de l’exil, mais cette fois à destination de l’Europe. Une longue traversée, et la disparition d’un de leurs enfants, Mahdi. Je vous laisse imaginer le drame : Mahdi est-il mort ? est-il perdu ? que lui est-il arrivé ?
Un document mais aussi une belle histoire, que je vous conseille vivement. Cela se lit comme un roman et montre une fois de plus que les migrants affrontent bien des dangers pour sauver leur vie.

Je remercie les Editions Slatkine pour ce livre que tout le monde devrait lire. Poignant, qui prend aux tripes, sans jamais être larmoyant, malgré les torrents de larmes versées au cours du périple.

 Extraits :

Mais bientôt, Sultan ne peut plus enseigner la théologie. Le mal a pris le nom d’ « islamisme radical» et s’est immiscé dans l’esprit des élèves.

Dans ma tête ne tournent que des questions sans réponses. Des questions graves. Celle de la survie de mes enfants. De la mienne. Je ne sais pas combien de temps cette nuit-là je suis restée pensive. J’ai le sentiment que mon corps enroulé sur ce sol caillouteux forme un point d’interrogation. J’ai irrémédiablement glissé vers l’angoisse.

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