Hagena, Katharina « Le goût des pépins de pomme » (2011)

Hagena, Katharina « Le goût des pépins de pomme » (2011)

 

Résumé: À la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l’Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison. Bibliothécaire à Fribourg, elle n’envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu’elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin, ses souvenirs font resurgir l’histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes. Un grand roman sur le souvenir et l’oubli.

Mon avis : Un peu mitigée.. des images et des pages magnifiques, mais il me semble que le texte est desservi par un manque de rythme… trop lent… le livre n’est pas assez fluide… un livre sur l’oubli, sur le caché, sur le souvenir.. je n’ai pas trouvé les personnages attachants… Par contre la maison, le jardin, les objets, les robes ont leur histoire et sont les « personnages » qui m’ont séduite! Beaucoup de phrases que j’ai notées car elle m’ont profondément émues. Si vous avez connu des personnes atteintes d’Alzheimer, vous ne pouvez qu’être touchés par les images de l’effritement des rives des fleuves… l’érosion.. Un petit livre que je retiens pour sa singularité et sa sensibilité.

Extraits:

« Lorsqu’on perd la mémoire le temps passe d’abord trop vite puis plus du tout. »
« Si l’on oubliait rien, on ne pourrait pas non plus se souvenir de quoi que ce soit. Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l’océan de l’oubli.  »
« Il y a quelque chose d’implacable dans le désir de conservation. »
il y a trois choses que l’on peut contempler continuellement sans jamais se lasser. L’une de ces choses c’est l’eau. L’autre c’est le feu. Et la troisième, c’est le malheur des autres »
« Le cerveau s’ensablait comme le lit instable d’une rivière. Cela commençait par s’effriter sur les bords, puis les berges croulaient dans l’eau par pans entiers. La rivière perdait sa forme et son courant, sa raison d’être. Pour finir, cela s’arrêtait de couler, ne faisait plus que clapoter misérablement dans tous les sens. Il se formait dans le cerveau des dépôts blancs qui bloquaient les impulsions électriques, les terminaisons étaient totalement isolées, et à terme échu, la personne également. »
« Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l’océan de l’oubli. Il y a dans cet océan des courants, des remous, des profondeurs insondables. Il en émerge parfois des bancs de sable qui s’agrègent autour des îles, parfois quelque chose disparaît. Le cerveau a ses marées. Chez Bertha, les îles avaient été submergées par un raz-de –marée. Sa vie gisait-elle au fond de l’océan ?  » p.108
« Lire signifie collectionner, et collectionner signifie conserver, et conserver signifie se souvenir, et se souvenir signifie ne pas savoir exactement, et ne pas savoir exactement signifie avoir oublié, et oublier signifie tomber, et tomber doit être rayé du programme. »
« Quiconque oublie le temps cesse de vieillir. L’oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire. Car le temps en définitive, ne guérit toutes les blessures qu’en s’alliant à l’oubli.  »
« J’en déduisis que l’oubli n’est pas seulement une forme de souvenir, mais que le souvenir est aussi une forme de l’oubli »
« Il avait soudain fait très froid et tout avait été comme vitrifié. Chaque feuille, chaque brin d’herbe était pris dans une gangue de glace transparente, et lorsque le vent soufflait dans le bosquet de pins, on entendait le cliquetis des aiguilles qui s’entrechoquaient. On aurait dit une musique d’étoiles »
« Je me sens toujours en sécurité quand je nage. Le sol ne peut pas se dérober sous mes pieds. Il ne peut èas se déchirer, ne peut ni s’enfoncer ni glisser, ni s’ouvrir ni m’engloutir. Je ne me cogne pas à des objets que je n’ai pas vus, je ne marche pas sur quelque chose par mégarde, je ne me blesse pas et ne risque pas non plus de blesser quelqu’un » .

 

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