Franck et Vautrin «Le temps des cerises» (1990)

Franck et Vautrin «Le temps des cerises» (1990)

Auteurs : Les Aventures de Boro, reporter photographe est une série de romans écrite en collaboration par Dan Franck et Jean Vautrin.

Les Aventures de Boro, Reporter Photographe : Blèmia Borowicz dit « Boro » est un juif hongrois bien décidé à se faire une place au sein de l’univers du reportage photographique dans le Paris des années 1930. Les hasards de l’existence et un culot hors du commun vont finalement l’amener à parcourir la planète tout entière muni de sa canne et de son Leica. Son destin, qui ne cesse de croiser celui des personnalités les plus célèbres de son temps, serait-il d’ores et déjà tracé ? C’est en tout cas ce que laisse entendre la prophétie délivrée par trois mystérieuses gitanes un soir de novembre 1931: « Même si tu es malheureux, tu ne seras jamais à plaindre. Si l’amour vient à passer, saisis-le, mais prends bien garde à ne pas t’endormir au rendez-vous de l’Histoire […]. Plus tard, tu seras l’œil qui surveille le monde. Tu iras regarder les hommes jusqu’au fond de leur nuit. Méfie-toi alors de ne pas mourir d’une balle en plein front […]. En vieillissant tu choisiras tes chemins. Ils te feront sillonner le monde et tu approcheras les grands de ton époque. Mais défie-toi de vouloir gouverner : tu irais à ta perte. »  (Source Wikipedia)

8 tomes : La Dame de Berlin (1987) – Le Temps des Cerises (1990) – Les Noces de Guernica (1994) – Mademoiselle Chat (1996) – Boro s’en va-t-en guerre (2000) – Cher Boro (2005) – La Fête à Boro (2007) – La Dame de Jérusalem (2009)

Tome 2

Fayard – 01.06.1996 – 578 pages / 01.04.1998 Pocket – 639 pages

Résumé : La suite de La Dame de Berlin. Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d’aventures où le rebondissement des situations, la multitude des personnages et le caractère passionné des héros font loi. Blèmia Borowicz, dit  » Boro « , reporter photographe originaire de Hongrie, est de la race des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d’asile et de liberté. Il a l’insolence de la bohème et l’élégance désinvolte d’un héros de Fitzgerald. Les déraisons de l’amour, les hasards de l’action et les fureurs de l’Histoire l’ont conduit vers un destin exceptionnel. Avec sa canne et son Leica, il a parcouru l’Europe des années trente pour voler au secours de sa cousine Maryika, jeune étoile montante du cinéma allemand. Dans ce deuxième volume, Le temps des cerises, l’intrépide et donjuanesque Boro, en proie à des situations à la fois rocambolesques et dramatiques, traverse l’année 1936. Celle-ci est marquée, en France, par l’émergence du Front populaire et, en Espagne, par le début de la guerre civile. Confronté à d’anciens adversaires dissimulés sous le masque de la Cagoule et des sociétés secrètes, aidé par des prolos au grand cœur séduits par cet aventurier généreux, Blèmia Borowicz risquera sa vie pour combattre les tyrannies qui, cette année-là, pèsent dangereusement sur les libertés – et finiront, mais il s’agit là d’une histoire, par les étouffer -. L’époque est à l’engagement, Boro s’engage. Il a grandi.
Boro est de retour ! Canne à la main, Leica au poing, charme en bandoulière, l’intrépide reporter-photographe fixe dans son objectif les remous d’un monde au bord de la folie ! 1936… Le vent souffle dans les guinguettes, la révolte gronde, le Front populaire émerge, l’extrême droite se déchaîne… Catapulté au cœur de l’action, aidé par de sympathiques  » prolétaires  » que le cinéaste Jean Renoir n’aurait pas reniés, Boro déjoue les complots de redoutables  » cagoulards  » et gagne l’Espagne où il combat, en pleine guerre civile, la tyrannie fasciste… Aventures périlleuses et rocambolesques. Engagement vrai d’un héros qui chavire les cœurs ! On ne lit pas ce livre, on le dévore !

Mon avis : Au programme : l’année 1936 qui coïncide avec en France l’émergence du Front Populaire et, en Espagne, le début de la guerre civile.
Comme j’aime beaucoup les romans historiques, j’ai trouvé intéressant mais je dois reconnaitre qu’il y a des longueurs…
Depuis le temps que ce livre était en attente !!! Même si c’est une série, je n’ai pas commencé par le tome 1 et cela ne m’a pas dérangée. J’ai enfin découvert le reporter photographe Boro, personnage charismatique, plein de charme et que j’ai beaucoup apprécié.  Les personnages sont attachants et on est plongés dans l’ambiance et l’atmosphère du Paris des année 30 : les descriptions et le langage y sont pour beaucoup. Le parler populaire est savoureux, il y a de l’humour, on retrouve les guinguettes au bord de l’eau, le tout dans une ambiance politique très chaude, complotiste, dans laquelle s’affrontent les fascistes, l’extrême-droite et les cagoulards, les communistes, les partisans de Léon Blum.
J’aime bien cette idée de voir le monde du point de vue des journalistes, des photographes de presse. Bien évidemment qui dit presse ne dit pas impartialité… Mais un bon reporter n’hésite pas à se mouiller, à se mettre en danger sur le terrain et il n’a pas de temps morts.
Par contre au niveau de l’intrigue, je dois avouer que parfois elle disparait un peu, noyée sous le volet politique, ce que j’ai trouvé un peu dommage. Je préfère quand dans un roman historique, l’Histoire avec un grand H est bien présente mais ne prend pas le pas sur la petite histoire. Là c’est par moments un peu le cas. Le long déplacement en Italie aurait pu prendre moins de place à mon avis car il n’apportait pas grand-chose. Par contre j’ai beaucoup aimé la partie Espagne, le soulèvement de Barcelone … mais quand on me parle d’Espagne…  suis-je vraiment objective ?

Extraits :

— Monsieur-que-je-ne-connais-pas, dit-il, je ne crois guère à une révolution pacifique. Si on va vers un conflit social, on cassera des machines. On gèlera la production. On fera couler le sang. Voilà sans doute ce qui me retient encore de souscrire pleinement à la cause des travailleurs.

Je suis français par mon père, hongrois par ma mère, juif tendance agnostique et métèque par le cœur.

Il se préparait à déclencher tout en sachant que la photo ne rendrait pas justice au manteau de cette nuit mouillée, étouffée, qui tuait pour la seconde fois tous ces gens noués par la commune attente. Il ne pourrait jamais, par exemple, exprimer l’étrangeté des bruits ou les quatre coups égrenés par une horloge, en sourdine.

Un soleil glacé tentait une percée au-dessus de la mine. Les terrils se découpaient, pyramides mutiques sur un glacis d’albâtre. Le ciel de la journée se préparait. Il serait plombé de gris, sale et mortifère.

Son vrai travail consistait à appuyer sur le déclencheur de son Leica, à remodeler les événements en fonction de sa propre conception de la vérité. Cela fait, il rembobinait son film, en glissait un nouveau dans le boîtier, photographiait, photographiait encore, puis il rentrait à Paris, téléphonait pour qu’on vînt chercher la pellicule exposée, et se cherchait un nouveau motif d’intérêt.

Il n’aimait pas seulement la grande histoire. Son siècle était fait de petits événements qui, cousus les uns avec les autres, composaient le vaste tissu de la mémoire populaire.

Mais qu’y pouvait-il ? Il ignorait la sagesse de l’amour, n’en cultivant que les passions. Beaucoup de femmes avaient compté dans son existence. Quelques-unes seulement dans sa vie. Le livre de ses amours était surtout fait de folios écrits sur un nuage, le temps d’une déraison.

Avant-hier, vous m’avez dit : « Dans deux jours, j’aurai dix-sept ans. » J’ai fait un petit calcul et j’ai compris que le surlendemain d’avant-hier, c’était l’aujourd’hui d’aujourd’hui !

Ainsi était Charlie Chaplin, noyé dans un intime mélange de convictions profondes, dans un imbroglio de contradictions intérieures, se conduisant à la fois comme un créateur toujours à l’affut du génie de sa propre invention et comme un être déchiré par l’inégalité des races et des chances. Un homme enfermé dans sa caverne intérieure mais incapable de ne pas prodiguer l’éclat de son rayonnement extérieur.
Ainsi était le sel des hommes, tel que Boro aimait à le moudre. Et même s’il estimait que ses photos rendaient souvent imparfaitement compte de la richesse de ses rencontres, rien ne pouvait plus le captiver que d’aller au-devant d’inconnus célèbres et de faire un bout de chemin au confluent de leur lumière.

Sinon, en fouillant bien, vous risquez de trouver de la Suze dans la bibliothèque, peut-être même un petit Raphaël-Quinquina du côté de chez Proust…

Mais la belote des événements avait changé la donne. Albert ne distribuait plus les cartes. Ou alors, il lui aurait fallu jouer ses atouts sous la table, avoir recours au couchage, à l’adultère.

Il dansait sans sa canne, virevoltant sur lui-même, s’accroupissant, se relevant, pirouettant comme un lutin brûlé par une braise enchantée.

Il m’a paru flatté qu’un jeune homme de ma génération veuille prêter main-forte à Juve pour combattre Fantômas !

« No pasarán ! » : le hurlement de la République allait bientôt s’étendre à l’Espagne tout entière.

Nulle part les démocraties n’avaient affronté, arme pointée devant soi, les armées de la dictature. Elles n’avaient tiré aucun coup de feu. Elles n’avaient dépêché aucune troupe. Elles s’étaient contentées de gémir doucement dans les salons, suçotant les petits fours et les bonnes raisons de la diplomatie. Sauf en Espagne. Là, le peuple prenait en main sa destinée. Il ne parlait pas, il attaquait. Il ne subissait pas, il se défendait. Voilà ce que Boro mesurait, voilà ce qu’il photographiait : la gueule froide et déterminée des premiers soldats de l’Europe se dressant les armes à la main contre le fascisme.

— Tu verras, petit. Pas de regrets. Seulement le présent. Est-ce que les arbres ramassent leurs feuilles ?

Vocabulaire :

Clétier / Clétière : Effectue la maintenance, la réparation, la révision, le réglage et l’accord d’instruments de musique ou d’accessoires (archet, …). Façonne des éléments constitutifs de l’instrument. Peut fabriquer à l’unité ou en petite série un instrument (bois, cuivre, …) et y apporter des corrections esthétiques et acoustiques. Peut restaurer des instruments anciens. Peut transmettre son savoir-faire. Peut effectuer la vente ou la location d’instruments et d’accessoires. Peut diriger un service ou une structure.

Chouriner : Transpercer avec un couteau, poignarder.

Haricoter : Terme populaire. Spéculer mesquinement au jeu ou dans les affaires, faire des affaires minimes.

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