Länden, Jan «Leena» (2021)
Auteur : Finno-suisse, ayant grandi à Nendaz, Jan Länden a gagné l’extrémité du lac Léman en 1995 pour rejoindre la police judiciaire genevoise. Il y exercera pendant 18 ans avant d’intégrer fedpol. Spécialisé dans le grand banditisme international et toujours opérationnel, il écrit ce premier roman sous pseudonyme.
Série Leena : « Leena« (2021) tome 01 – « Rapimentu« (2022) tome 2
Editions Slatkine Genève – 20.05.2021 – 383 pages
Résumé : Un cadavre putréfié va plonger Leena Fournier, inspectrice à la brigade criminelle genevoise, dans l’enquête la plus spectaculaire menée par la police judiciaire depuis sa création. Confrontée aux aspects les plus sombres de l’âme humaine, elle va être emportée au coeur du crime organisé international, de Turin à New York en passant par Belgrade. Un face-à-face avec la réalité du banditisme moderne dont l’unique frontière est la rencontre avec un prédateur encore plus sanguinaire. Un récit au réalisme de tous les instants.
L’auteur, un flic aguerri toujours en activité, livre une enquête haletante et riche en rebondissements glaçants.
Mon avis : C’est toujours avec un petit intérêt supplémentaire que je me lance dans la lecture d’un auteur suisse et d’un livre qui se passe dans mon pays, dans ma ville, dans un endroit où je me repère. Et je n’ai pas été déçue. Totalement bluffée par ce premier roman ! J’ai carrément eu l’impression de faire partie de l’équipe, de vivre l’enquête de l’intérieur…
A coté du cadavre, son portefeuille ouvert… Cette mise en scène aurait-elle une signification ? C’est ce que nous n’allons pas tarder à découvrir…
Bienvenue à Genève, ville de stature internationale, où les mafias internationales sont bien présentes.
L’intensité monte crescendo : de ce qui pourrait passer pour un simple meurtre, on passe à un meurtre avec une mise en scène qui va inquiéter la police à cause de sa sauvagerie, sa théâtralité qui laisse à penser que c’est l’œuvre de professionnels que rien n’arrêtera.
Le récit est factuel, précis, détaillé, documenté. Les équipes sont très pro et redoutablement efficaces et il y a une bonne ambiance au sein du groupe qui partage des moments conviviaux (apéro, repas) ; parfois cela manque néanmoins un peu de chaleur humaine, mais dans ce monde angoissant et glauque, c’est peut-être un moyen de survivre en se protégeant ?
J’ai beaucoup aimé l’interconnexion nationale et internationale entre les différents services et les différentes branches de la police : ca bouge, c’est réactif, pas de tergiversations, beaucoup d’action. L’importance des réseaux et des connaissances personnelles est mis en avant. Tout s’interconnecte, de la gendarmerie à la Crim, en passant par le grand banditisme, la financière, l’anti-mafia, les services spécialisés dans les braquages et les œuvres d’art, Interpol, le FBI…
Et en face, toutes les mafias du monde, qu’elles soient italiennes, serbes, américaines sont également interconnectés.
C’est un excellent roman qui mêle le policier et le politique, les huiles corrompues et les policiers honnêtes, qui parle de la rivalité entre les tueurs en série, parle des moyens de pression et de la manière d’agir des chefs maffieux, des règlements de compte, de l’élimination des témoins, des as du braquage, de l’évasion des capitaux. J’ai été passionnée par ce roman qui m’a donné l’impression d’être au cœur de l’action.
Toute ma reconnaissance aux Editions Slatkine qui m’ont permis une fois de plus de découvrir un excellent auteur suisse (finno-suisse) que je me réjouis de suivre. Si je termine la chronique en disant : J’attends la suite avec impatience… C’est tout dire, non ? et ce qui est super, c’est qu’il y en aura une… et que je suis impatiente de retrouver la « belle finlandaise »
Extraits :
Leena aime cet instant où, comme émergeant de la brume, des pistes s’offrent à eux. La pire des désillusions pour un enquêteur de la crime, c’est un dossier prenant la poussière sur une étagère des cold cases.
Les assassinats commis par des pros sont les plus compliqués à élucider. Ils sont souvent démêlés policièrement, mais pas pénalement.
[…] le.plus grand braqueur de tous les temps, un mélange d’Arsène Lupin et de Richard Kuklinski
Elle attend cet instant où le poids lié à des semaines de tension va, telle la peau d’un reptile, tomber sur le sol et lui permettre de se régénérer.
Info :
Richard Kuklinski : (11 avril 1935 – 5 mars 2006) aussi connu sous le nom de Ice Man était un criminel et tueur à gages américain d’origine polonaise et irlandaise. Il travailla pour plusieurs familles mafieuses italo-américaines. Il a avoué avoir tué plus de cent personnes durant sa carrière qui a duré trente ans, et en a probablement tué environ 250. Il est mort de cause naturelle en 2006 en prison après avoir été condamné à deux peines à perpétuité. Il était le frère aîné de Joseph Kuklinski, lui-même violeur et meurtrier. La mort de cause naturelle a été remise en question. Il devait comparaître contre des parrains de la famille Gambino, qui auraient commandité son assassinat, et qui furent arrêtés par le FBI lors de l’opération « Old Bridge », début 2008