Norek, Olivier « Territoires » 2014
Auteur : Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis lieutenant à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 depuis dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de trois romans largement salués par la critique et traduits dans plusieurs pays, ainsi que le lauréat de nombreux prix littéraires. Après Code 93, Territoires et Surtensions, Il publie « Entre deux mondes » en 2017. « Surface » parait en 2019
2ème enquête du capitaine Victor Coste
Résumé : Depuis la dernière enquête du capitaine Victor Coste et de son équipe, le calme semble être revenu au sein du SDPJ 93. Pas pour longtemps, hélas ! L’exécution sommaire de trois jeunes caïds va les entraîner sur des pistes inimaginables.
Des pains de cocaïne planqués chez des retraités, un chef de bande psychopathe d’à peine treize ans, des milices occultes recrutées dans des clubs de boxe financés par la municipalité, un adjoint au maire découvert mort chez lui, torturé… et Coste se retrouve face à une armée de voyous impitoyables, capables de provoquer une véritable révolution.
Mais qui sont les responsables de ce carnage qui, bientôt, mettra la ville à feu et à sang ?
Avec ce polar admirablement maîtrisé, Olivier Norek nous plonge dans une série de drames terriblement humains et de stratégies criminelles –loin d’être aussi fictives qu’on pourrait le croire – où les assassins eux-mêmes sont manipulés.
Mon avis : Bienvenue dans la banlieue qui s’enflamme ! On retrouve les membres de sa petite équipe mais on plonge surtout dans les manipulations politiques… Edifiant ! Au final, je ne sais pas ce qui m’a le plus intéressé. La description des magouilles ou le polar… Ce qui est certain c’est qu’on est en plein dans les cités, au cœur de la violence urbaine, un vrai « documentaire » … Pas joli joli tout ce petit monde… Et totalement conquise par l’écriture de ce flic écrivain ; et toujours ce côté « empathie » avec les personnages que j’apprécie beaucoup. Et qui se démarque des autres polars et thrillers en montrant particulièrement bien le contexte.
Extraits :
Tu te poses trop de questions, tu vas te fouler le cerveau.
La peur passe d’un cœur à l’autre.
À l’aise comme un chat sous la flotte
On m’a assuré que vous étiez carrément désagréable. Personnellement, je suis comblé.
« Trop » était une notion qu’il définissait assez mal. Il avait toujours vécu dans le trop. Trop pauvre, trop violent, trop seul
On appelle souvent les vieilles personnes par leur prénom, comme si elles étaient redevenues des enfants.
On ne réalise la vraie valeur de l’oxygène que lorsqu’on étouffe.
Il connaissait toutes les facettes d’une misère qui pousse parfois à la faute. Il savait leurs espoirs car il avait fondé les mêmes. Il savait ce qui les révolte car il avait été révolté avant eux. Il représentait un moyen de communication, un lien nécessaire
Comme sa mère, sa chambre semblait avoir été surprise par son passage brutal de petite fille sage à peste rebelle
Une attaque éclair qui promettait une suite pour qui savait lire entre les lignes de la ville
Provoquer une émeute, c’est facile. Y mettre fin aussi. Par contre, ce qui peut se passer entre les deux, personne ne saurait le prédire.
Toujours plus compliqué de vendre de la verroterie à des Indiens éduqués.
Ça me rend dingue de rien avoir à foutre, poursuivit-il. – Quand on n’a pas de piste, ça ne sert à rien de faire l’éolienne
Sérieux, dans la phrase « non », c’est quoi le mot que tu comprends pas ?
Il avait une idée en tête mais n’osait pas la formuler. Il commença donc par tourner autour du pot, comme les chiens tournent sur eux-mêmes avant de s’asseoir.
Vous savez, j’ai toujours classé les infractions en deux mobiles. L’argent et le sexe. Vous m’avez ouvert l’esprit. Il n’y a jamais qu’un seul mobile, celui du pouvoir.
Photo : « Banlieue 93 » – © Arnau Bach · «
2 Replies to “Norek, Olivier « Territoires » 2014”
Après Code 93, j’ai poursuivi la série avec Territoires.
Lorsqu’on nous montre comment politiciens magouilleurs et caïds de banlieue s’associent par amour de l’argent et, surtout, du pouvoir, on comprend mieux pourquoi ça chauffe souvent dans les cités.
J’ai aimé l’intrigue policière mais j’ai surtout apprécié le tableau social.
Le 2ème volet de ces enquêtes tient bien les promesses du 1er . Comme Corinne et toi c’est le côté socio-politique qui m’a passionnée . Norek sait de quoi il parle . La paix dans les banlieues s’apparente à un hold -up d’argent public et est une manne juteuse pour les édiles pas trop regardants sur leurs partenaires. Quand on imagine tout ce qu’on ne nous dit pas !!! Magouilles au mieux, crimes s’il le faut , circulez y’a rien à voir!