Pérez Henares, Antonio « Le Chant du Bison » 2021

Pérez Henares, Antonio « Le Chant du Bison » 2021

Auteur : Antonio Pérez Gómez, plus connu comme Antonio Pérez Henares ou simplement « Chani », né le 15 octobre 1953 à Bujalaro (province de Guadalajara, Espagne), est un romancier et journaliste espagnol.Il est l’auteur de nombreux romans historiques, dont sa célèbre trilogie préhistorique, Nublares. « Le Chant du Bison » est son premier roman traduit en France.

HC Editions – 21.01.2021 – 496 pages – traduit de l’espagnol par Anne-Carole Grillot –

Résumé :
Il fut un temps où deux espèces cohabitaient sur Terre : Homo sapiens et Néandertaliens. Que s’est-il passé pour que l’une d’elle disparaisse ? Chat-Huant est encore jeune lorsqu’il voit arriver dans sa grotte celui que l’on surnomme l’Errant, que tout le monde craint et respecte. La solitude du petit garçon et son intelligence poussent le grand homme à l’emmener avec lui dans son long périple. Un voyage initiatique commence alors pour le jeune Homo sapiens, qui découvre de nouvelles contrées, de nouveaux horizons, de nouveaux clans, leur art, le pouvoir des femmes…

Il va aussi s’approcher de la vallée des Premiers Hommes où vivent Terre d’Ombre et les Néandertaliens. Mais alors que les Lunes de glace deviennent de plus en plus rudes, alors que chaque nuit est une occasion de mourir, Chat-Huant et Terre d’Ombre comprennent qu’ils ne vont pas avoir d’autre choix que celui de s’affronter pour tenter de survivre.

 

Mon avis : Il n’y a finalement que peu de romans qui ses déroulent à la préhistoire. J’avais lu la Saga de Jean Marie Auel : Les enfants de la terre (6 tomes), « Aô, l’homme ancien » de Marc Klapczynski, mais à mon souvenir pas grand-chose d’autre. Et le gout de ces récits m’est revenu en lisant le chant du bison.

J’ai marché avec l’Errant et son jeune protégé, Chat-Huant (comme le petit oiseau nocturne qui observe, dissimulé dans la pénombre) et j’ai traversé la péninsule ibérique en leur compagnie. J’ai vécu avec les différents Clans, participé aux célébrations, à la cueillette, la chasse, la pêche, le tannage, l’arrivée des saumons…
J’ai vécu avec les matriarches des feux, les chamans, les chasseurs, les pêcheurs, les guérisseuses, la Gardienne de la Déesse, les totems des différents clans les peintures rupestres, les cérémonies.
J’ai aimé avec eux, j’ai eu peur, j’ai fui, j’ai lutté, souffert, vibré…
L’aventure de l’Errant, la raison de son exil, l’accomplissement de la prophétie.
La transformation de Chat-Huhant en ce qu’il va devenir.
L’amour de Pavot …
Et les caractères qui s’affirment, changent, prennent de l’ampleur…
Et une plongée dans les sites vierges, la nature, les animaux ( oui il y a des scènes de chasse mais à l’époque c’était nécessaire pour se nourrir, résister au froid,,,)
Historiquement, la rivalité entre Homo sapiens et Néandertaliens
Et aussi l’incroyable documentation –  en notes de bas de page pour ne pas alourdir le récit – sur les grottes et lieux préhistoriques qui servent de cadre à cette aventure .
J’ai donc beaucoup aimé … au cas où n’auriez pas compris…

Extraits :

Puis ils pénétrèrent dans une galerie qui débouchait dans la salle où le sorcier célébrait ses cérémonies. Seuls les initiés pouvaient s’y rendre. C’était là que se trouvaient les empreintes des mains de tous les chasseurs du clan. Dans les niches et sur les saillies étaient exposés des crânes d’animaux et quelques cornes.

Les hommes du clan de la Grande Grotte ne mangeaient pas les leurs, sauf s’il s’agissait de quelqu’un d’important, qui méritait plus que tout autre que l’on se souvienne de lui. Dans ce cas, on mangeait sa cervelle et on conservait dans une niche de la salle des chasseurs son crâne propre, parfois utilisé comme récipient lors des grands rites.

À l’entrée de la Grotte aux Mains, il y avait tant de gens qu’il aurait fallu beaucoup de doigts aux mains et aux pieds pour les compter.

Il était doué pour la chasse et en savait même davantage sur les plantes, les arbres et les racines, distinguant celles qui étaient comestibles de celles qui pouvaient causer la mort, et celles qui animaient le pouls de celles qui donnaient des visions. Il connaissait aussi les peintures qu’il fallait faire pour attirer les animaux vers les lances, comme celles que l’on devait mettre sur le visage des mourants avant de les rendre à la terre.

l’Errant était un grand chaman, le plus puissant de tous, car il communiquait avec les esprits de tous les êtres et de tous les lieux, des cieux, des feux, des lunes et des soleils, des nuages, des vents, de leurs murmures et de leurs hurlements, du tonnerre et de la foudre. Il parlait avec les esprits des animaux, de ceux que les hommes chassaient et mangeaient, de ceux qui pouvaient manger les hommes, les esprits des vallées, des montagnes, des forêts et de leurs arbres, des rivières avec leurs paroles d’eau. Et surtout, il connaissait les esprits des mondes obscurs, mystérieux et terribles, qui se cachaient sous la terre et auxquels les grottes donnaient accès.

Ensuite, il fallait coudre les peaux en faisant des points très serrés et rapprochés à l’aide d’aiguilles taillées dans des échardes d’os ou, mieux encore, des pattes de grands oiseaux, comme les hérons et les cigognes, et appointies sur une roche poreuse.

Les pelisses et les tuniques de cuir étaient embellies par des dessins et on y cousait divers ornements, os, dents, coquillages ou petites franges de cuir.

La cérémonie de la Gardienne, entourée des matriarches des feux, était le moment où la fête arrivait à son comble. Juste après, les chamans firent tourner leurs rhombes, puis ce fut le tour des flûtes et des ocarinas.

Le soleil sombrait dans l’eau. Il sut alors que c’était là qu’il se couchait en réalité, là qu’il se lavait de son éclat et se reposait. C’était une grande boule ardente et rouge qui s’immergeait. Ses rayons donnaient à la surface leur propre couleur. Il s’enfonça lentement, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un miroitement, qui finit par disparaître à son tour.

Tous les animaux et les hommes, chacun à sa façon et en son temps, s’accouplaient, creusaient des terriers, faisaient des nids, mettaient bas des petits ou pondaient des œufs dont sortaient des oisillons. Les animaux terrestres, ceux qui tétaient le lait de leur mère, étaient en cela les plus semblables aux hommes.

Les femmes constituaient le cœur même du clan ; les hommes allaient et venaient.

Le soleil est le feu. Il est jaune lorsqu’il est haut dans le ciel, comme les grandes flammes du foyer, puis il prend la couleur de la braise, rouge vif. Enfin, lorsqu’il touche l’eau, elle le tue et il devient noir comme du charbon. Le Grand Feu entre dans le Grand Bleu chaque jour et l’eau l’éteint, mais il poursuit sa route et revient des entrailles de la terre, où il retrouve son ardeur. Dans les entrailles de la terre, il doit y avoir un gigantesque foyer. Mais en ce moment il semble que celui-ci ne soit pas bien approvisionné, car le soleil chauffe de moins en moins et de moins en moins longtemps.

Un chef devenait chef parce que les autres le suivaient et non parce qu’il était le plus fort ou le plus cruel avec les siens. Il pouvait se hisser jusqu’au sommet par la force ou la terreur, mais il serait vite renversé par un homme plus fort ou plus craint que lui.

Vocabulaire :
Doline : dépression circulaire allant de quelques mètres à plusieurs kilomètres de diamètre. Elle se forme par érosion du calcaire dans les milieux karstiques, lorsque l’eau s’infiltre dans le sol et entraîne l’apparition de cavités souterraines.

Rhombe : instrument à vent se servant du frottement de l’air ambiant pour produire un son. Sa sonorité rugissante a été comparée à celle du vent, du tonnerre, aux cris des dieux, des esprits ou des ancêtres intercesseurs entre le monde terrestre et le monde supra naturel.

Image : Altamira (Espagne)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *