Magnan, Pierre «Le parme convient à Laviolette» (2000)

Magnan, Pierre «Le parme convient à Laviolette» (2000)

Auteur : écrivain français, né le 19 septembre 1922 à Manosque (Basses-Alpes) et mort le 28 avril 2012 à Voiron (Isère). Indéfectiblement attaché à cette partie de la Provence qui a aussi inspiré son maître et ami Jean Giono, il y a situé toute son œuvre.  Pierre Magnan a obtenu en 1978 le prix du Quai des Orfèvres pour Le sang des Atrides et en 1984 le prix R.T.L. pour La maison assassinée. Humour, poésie, truculence caractérisent l’art de l’intrigue des romans de Pierre Magnan, qui sait, comme nul autre, évoquer les senteurs, les couleurs et les mystères de sa Provence natale.

Série Commissaire Laviolette : Le Sang des Atrides, Le Commissaire dans la truffière, Le Secret des andrônes, Le Tombeau d’Hélios, Les Courriers de la mort, Les Secrets de Laviolette (recueil de trois nouvelles, Le Fanal, Guernica et L’Arbre), Le parme convient à Laviolette, Élégie pour Laviolette
Série Gendarme Laviolette (aïeul du commissaire) : Les Charbonniers de la mort – La Folie Forcalquier

( il n’y a pas d’autres livres commentés sur le blog car je les ai lus avant la création du blog)

Denoël – 13.05.2000 – 317 pages / Folio – 16.10.2001 – 322 pages

Résumé : Un tueur de cochons, résistant de :  la première heure, est assassiné, au col des Garcinets, Basses Alpes. Arme du crime : de l’huile. A quelques encablures, dans le village de Piégut, le célèbre commissaire Laviolette dépérit à cause d’un chagrin d’amour, ce qui, à soixante-quinze ans, pourrait paraître comique à tous ceux qui n’ont pas encore soixante-quinze ans. Le juge Chabrand veut lui confier l’affaire. Laquelle n’aurait jamais ému le commissaire, si un autre crime n’était commis à Puimoisson. Encore un tueur de cochons. Et un résistant. Arme du crime : des abeilles. Petite précision : les deux crimes auraient pu passer pour des accidents, si le coupable n’avait pris la peine de fixer sur ses victimes une page d’agenda, à l’aide d’une épingle à linge. Très important, l’épingle à linge. Laviolette veut bien se réveiller. Accompagné comme d’une flûte par son chagrin d’amour, il amorce une enquête nonchalante auprès de quelques artistes du département. Son inépuisable connaissance du pays et bien sûr le hasard feront le reste. Quant à savoir pourquoi le parme convient à Laviolette… Un chant d’amour à la Haute Provence. Un des meilleurs romans de Pierre Magnan.

Mon avis : Cela fait des années que je n’avais pas lu de Pierre Magnan et j’ai eu l’occasion de poursuivre la série des enquêtes de ce cher Modeste Laviolette. Toujours un bonheur de se plonger dans cette ambiance qui fleure si bien la Provence… Le drame c’est qu’il ne m’en reste plus beaucoup à savourer !
Dans ce bijou pour qui aime la langue française, saupoudrée de termes provençaux, on retrouve Laviolette, à la retraite, réfugié dans son village natal, totalement désespéré suite au départ de sa compagne, seul, inconsolable. Pour le faire sortir de sa torpeur, le Juge Chabrand va faire appel à lui pour élucider des crimes car seul un natif de l’endroit est à même de comprendre la mentalité des habitants.
Une superbe enquête, des descriptions magnifiques et poétiques, tant des paysages que des tréfonds de l’âme humaine. On y retrouve sa plume, inspirée par son maître, Jean Giono.

Extraits :

Quand les étoiles et la lune veillent seules sur le col des Garcinets, celle-ci se reflète un million de fois sur ces poignards qui dévalent les roubines luisantes, éclairant d’une fête à lanternes vénitiennes la nuit close où chuchotent les ruisseaux.

Faire petit, par chez nous, ça signifie économiser à l’extrême.

L’homme en deuil s’aventura sur l’asphalte, évitant soigneusement la flaque d’huile qui chamarrait la route sous la lune de mille irisations.

Le silence une fois dérangé se referma sur ces parages sans préalable ni objection.

Si vous êtes chagrin et en toute saison, allumez-vous un feu de bois et observez-le fixement se consumer. Vous verrez : les flammes vous tiendront lieu de consolation.

Elle ne l’avait pas laissé tomber. Elle l’avait déposé le long de la vie que désormais il regardait passer.

Autrefois, pendant qu’il savourait son amour, autour de cet essentiel des tas de choses avaient leur importance : l’art, la lecture, la musique, l’amitié de quelques hommes disparus, un idéal non exprimé mais très vivace qu’il dissimulait au plus profond de soi. Aujourd’hui, la fin de cet amour avait emporté tous les autres bonheurs, comme s’il avait irrigué des fantoches, lesquels, sans lui, n’auraient jamais eu d’existence propre.

Il était raciste envers les chasseurs. Néanmoins, ces deux-là, ils avaient ce regard à l’affut qui transforme en un clin d’imagination un marcassin en une daube.

Il y a des jours d’été ainsi qui sont de silence aussi profond et aussi dépeuplé que les nuits d’hiver les plus obscures. Le soleil à l’aplomb condamne les hommes à ne pas s’aventurer sous lui, les longues rues des villages où les persiennes sont fermées contre lui sont inhabitables.

Sur le plateau lavandin, il n’y a qu’un seul homme à perte de vue sur un tracteur rouge. Il s’abrite sous un parasol Ricard qui flamboie jaune et noir sur le champ bleu lavande. L’instant vient de ressusciter un Van Gogh.

Mais hélas une peur d’autrefois n’immunise jamais contre une peur d’aujourd’hui.

— Les Dioscures, vains dieux de vains dieux ! Castor et Pollux ! Les fils du dieu !

La mort de l’autre est pire que la nôtre. Nous en avons deux fois plus peur !

Vocabulaire :

Faire chavanne : pleuvoir fortement.

Clue : En Provence, le terme clue désigna un passage étroit, creusé par un torrent perpendiculairement à un massif montagneux, apparemment infranchissable. Autre nom de cluse, ce mot vient du latin clausus qui signifie fermé.

Périscélidé : Nom féminin singulier. dans l’Antiquité, anneau de cheville en métal précieux orné de pierreries.

Asialie : (du grec sialon, « salive ») également appelée aptyalisme, est une absence de salive résultant d’une acrinie (absence de sécrétion glandulaire salivaire) ou d’une rétention salivaire liée à un obstacle canalaire, frappant une ou plusieurs, ou la totalité des glandes salivaires

Évhémérisme : Doctrine du philosophe Évhémère et de ses disciples sur l’origine des religions, suivant laquelle les dieux de la mythologie étaient des hommes divinisés après leur mort par les peuples se considérant comme leurs descendants.

Androne : mot occitan et catalan qui désigne à l’origine un petit passage entre deux maisons. Plus tard aussi une ruelle ou un cul de sac. En Provence, l’androne est une rue en escalier qui peut être couverte par des maisons.

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