Sarano, François «Le retour de Moby Dick» (2017) 240 pages

Sarano, François «Le retour de Moby Dick» (2017) 240 pages

Le retour de Moby Dick
Sous-titre : ou ce que les cachalots nous enseignent sur les océans et les hommes

Auteur : François Sarano est docteur en océanographie, plongeur professionnel, précédemment chef d’expédition pendant treize ans à bord de la Calypso, directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey et cofondateur de l’association Longitude 181.
Il est l’auteur de nombreux livres sur les océans, notamment Le Retour de Moby Dick dans la collection « Mondes sauvages » (Actes Sud, 2017) et Océans. Un film de jacques Perrin et Jacques Cluzaud (Seuil, 2009), adapté du film éponyme dont il fut le conseiller scientifique. Son parcours fait l’objet de François Sarano. Réconcilier les hommes avec la vie sauvage, un livre d’entretiens recueillis par Coralie Schaub (Actes Sud, collection « Domaine du possible », 2020).

Ecrits : Le retour de Moby Dick (2017) – François Sarano, réconcilier les hommes avec la vie sauvage (2020) –  « Au nom des requins » (2022)

Actes Sud –Collection Nature Mondes sauvages – 26.09.2017 – 208 pages     / Babel essai – 16.03. 2022 – 240 pages

Résumé : Depuis 2013, une équipe de scientifiques et de cinéastes partagent la vie quotidienne d’un clan de cachalots au large de l’île Maurice. Pour la première fois, des dizaines de plongées respectueuses leur ont permis de pénétrer dans l’intimité du groupe, de déceler son fonctionnement et d’assister à l’épanouissement de la personnalité de chaque individu. Ce livre raconte une véritable aventure qui immerge le lecteur auprès du plus grand carnivore de l’océan. François Sarano révèle ainsi les secrets d’une société matriarcale à la culture beaucoup plus sophistiquée qu’Herman Melville ne pouvait l’imaginer. Altruisme, langage, culture, curiosité : le cachalot nous interroge ici sur la relation possible entre l’humain et l’animal.
Du froid silence abyssal montent des claquements secs et rythmés : ce sont les cachalots qui chassent dans la nuit perpétuelle des grands fonds. Ils sont chez eux, là où aucun homme ne nagera jamais. De leur vie dans les profondeurs, nous ne connaissons que ces sons cadencés qui bercent notre imagination emplie de légendes. Qui sont ces titans dont les organes sensoriels perçoivent ce que nos sens infirmes ignorent ? Equipés comme des cosmonautes avec nos scaphandres de plongée, nous nous autorisons une incursion de quelques minutes à la frontière du territoire des descendants de Moby Dick.
Immobiles à 10 mètres de profondeur, nous flottons dans l’épaisseur liquide, prêts à patienter une heure que le cachalot remonte aux confins de notre monde…

Partout, au cinéma, en littérature, en philosophie, émerge un nouveau regard sur nos « compagnons de planète ». En allant à la rencontre des animaux et des plantes sur leurs territoires, ces auteurs-naturalistes (scientifiques, philosophes) partent en « mission diplomatique » à la frontière du monde sauvage. François Sarano nous propose ici le récit d’une véritable aventure qui invite les lecteurs à plonger au milieu des cachalots.
Écrit de manière très vivante, il fourmille d’anecdotes et permet de mieux comprendre la vie sociale du plus grand carnivore de l’océan en mettant l’accent sur ses formidables capacités physiologiques et cognitives.

Mon avis :

Le livre raconte les rencontres avec ces géants des mers et l’auteur nous parle de l’évolution de ses grands mammifères car le cachalot est un mammifère qui doit respirer à l’air libre et n’est pas un poisson ce qui fait qu’il est possible de le voir en surface. Cela doit faire bizarre de se retrouver face à un animal de 20 tonnes et 20 mètres de long !  et qui peut vivre très vieux … on parle de cent ans ! Se dire que l’ancêtre du cachalot était un quadrupède terrestre de la taille d’un chien !!! et qui est retourné à l’eau après un réchauffement climatique il y a 55 millions d’années… et que c’est à cette époque que sont nés les cétacés…

Il nous raconte aussi de magnifiques rencontres ; les animaux qui vont au contact des humains, sans peur, pour communiquer, jouer, découvrir, aider ou se faire aider ;  les contacts privilégiés, les naissances, la manière dont les familles se comportent, l’éducation collective des jeunes, le rôle des femelles âgées, le rôle du clan, l’apprentissage des techniques de chasse, l’importance du contact et des caresses, leur sociabilité, leur façon de communiquer et une de leur leur activité presque principale : le jeu …
En matière de communication, il est incroyable de penser que les clans parlent des « dialectes différents » et que chaque individu est reconnaissable à sa manière de s’exprimer, à sa « signature acoustique » et que le bébé imite le « dialecte » de sa mère dès sa naissance… Il semble d’ailleurs que les chants des baleines diffèrent selon leur appartenance géographique.

Ces grands des mers ont peu d’ennemis mais les orques en font partie et sont des adversaires redoutables. A part bien sûr les humains … La chasse au cachalot commence au XVIIIème siècle. Avant les hommes ne se risquaient pas à l’approcher. Mais dès le XIXème le massacre commence… et il faudra attendre 1982 pour interdire sa chasse au niveau mondial.
Toutefois, si les cachalots ne sont plus chassés, ils restent à la merci des hommes : ils sont intoxiqués par des métaux lourds, ils meurent occlusions intestinales dues aux plastiques, sont percutés par des navires, porte-conteneurs, pétroliers…
Sarano emploie des néologismes parlants que j’adore tels que :
coloca-Terre – (La planète est-elle devenue trop petite pour que nous la partagions avec nos coloca-Terre sauvages ?) Il y en a d’autres : je vous laisse le plaisir de les découvrir..

Tous ceux qui aiment la mer, la plongée, mais ceux qui sont intéressés par la vie des animaux, la disparition des espèces, les rapports entre humains et animaux devraient être passionnés par ce livre.
Personnellement j’ai beaucoup apprécié et je conseille vivement la lecture des ouvrages de la Collection d’Actes Sud « Nature Mondes sauvages ».

Extraits :

Les cétacés sont nés. Les espèces se différencient. D’un côté, les mysticètes : toutes les baleines à fanons, longues lames cornées implantées dans la mâchoire supérieure, qui servent à filtrer l’eau ; de l’autre, les odontocètes, qui ont des dents : dauphins, orques et cachalots…

L’ancêtre du cachalot a développé à la perfection l’utilisation des ondes acoustiques pour obtenir des informations sur son environnement par écholocalisation, un sens basé sur le principe de l’analyse d’un écho, un peu comme un sonar. « il voit avec ses oreilles »

Comme chez l’enfant, le jeu participe à l’émergence de la dextérité, à l’apprentissage de certaines fonctions, mais ce n’est pas son objectif premier. L’objectif immédiat est le bien-être, le plaisir et l’exploration.
La curiosité est une valeur individuelle, génétique, elle peut être stimulée. Elle n’est pas apprise, mais elle est source d’apprentissage, d’innovation.

En effet, l’intelligence d’un être vivant est l’ensemble des processus de pensée qui lui permettent de s’adapter à des situations nouvelles, d’apprendre et de comprendre. D’ailleurs, au mot “intelligence” les éthologues préfèrent l’expression “capacités cognitives”. La cognition est la transformation d’informations sensorielles en un savoir sur l’environnement et l’application de ce savoir. Elle fait appel à tous les processus mentaux qui forgent la connaissance : la perception de l’environnement, la mémorisation, le raisonnement, l’apprentissage, l’expression, la prise de décision, l’attention, la résolution de problèmes.

C’est en modulant l’intensité, la tonalité, le rythme d’émission et le nombre de clics que les cachalots communiqueraient.
Cette communication sonore est dominée par trois types d’émission : le clang, le creak (ou buzz) et la coda.

Certains oiseaux sont capables de produire jusqu’à 600 notes différentes avec un débit de 200… notes à la seconde.

On en oublie jusqu’au sens premier de “sauvage” qui, en latin, qualifiait simplement les animaux de la forêt (sylva), par opposition aux animaux domestiques qui vivaient dans la maison (domus). “Sauvage” ne signifiait donc pas agressif ou fuyant, comme on le croit d’ordinaire, mais forestier, indompté et indépendant.

Nous l’affirmons ici, le contact avec la vie sauvage est indispensable à la découverte de l’altérité, à la compréhension des autres. Et, même si la différence d’appréhension du monde est trop importante pour qu’il y ait une intercompréhension, au moins la volonté de comprendre l’autre amène-t-elle à la tolérance.

One Reply to “Sarano, François «Le retour de Moby Dick» (2017) 240 pages”

  1. je signale que la publication sur le livre traitant du retour de Moby Dick a été refusée sur la page Facebook « du Groupe la fureur de lire » par un administrateur/modérateur) et que j’y suis de ce fait interdite pendant un mois….

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