Rufin, Jean-Christophe «La Princesse au petit moi» (2021)

Rufin, Jean-Christophe «La Princesse au petit moi» (2021)

Auteur : Écrivain, membre de l’Académie française, médecin, pionnier de l’action humanitaire, Jean-Christophe Rufin a conquis un large public avec ses romans :  L’Abyssin (prix Goncourt du premier roman et prix Méditerranée), Sauver Ispahan, Asmara et les Causes perdues (Prix Interallié 1999) Rouge Brésil (prix Goncourt 2001), Globalia (2003), La Salamandre, Le parfum d’Adam, Un léopard sur le garrot, Le grand cœur (2012) , Immortelle randonnée, KatibaLe Collier rouge (2014) Check-point (2015) , Le Tour du monde du roi Zibeline (2017), Les Sept Mariages d’Edgar et Ludmilla (2019), Les Flammes de Pierre (2021)

( en italique les livres lus avant la création du blog et donc non commentés)

Les enquêtes d’Aurel Timescu  : tome 1- Le Suspendu de Conakry (2018), tome 2 : Les trois femmes du Consul (2019) – le flambeur de la Caspienne (2020) tome 3 – La Princesse au petit moi (2021) tome 4 – Notre otage à Acapulco» (2022) –

Les enquêtes d’Aurel Timescu (tome 4)

Flammarion – 07.04.2021 – 379 pages

Résumé :
L’Europe compte cinq micro-Etats : Andorre, San Marino, le Liechtenstein, Monaco et le Vatican. J’en ai découvert un sixième, la Principauté de Starkenbach, en suivant la nouvelle enquête d’Aurel Timescu. En effet, sur la recommandation d’un de ses anciens ambassadeurs, notre calamiteux petit Consul de France se retrouve embarqué dans les sulfureuses affaires de ce minuscule territoire. Le Principauté de Starkenbach, nichée au coeur des Alpes, est un beau pays.
Vous risquez cependant de chercher en vain le moyen de vous y rendre autrement qu’en lisant ce livre. Ayant eu le privilège de fréquenter certaines cours princières, je n’y ai rencontré que des personnes d’une haute valeur morale, dévouées à leurs peuples. Aussi, quand il m’a fallu peindre la débauche, les trafics et le crime, c’est ailleurs que je suis allé les chercher. Ailleurs, c’est-à-dire en moi-même, bien sûr.

Info : Jean-Christophe Rufin dévoile s’être notamment inspiré de la Princesse Charlotte, la mère de Rainier III, pour le personnage principal du roman, la princesse Hilda. La Princesse Charlotte est née en 1898 à la suite d’une histoire d’amour entre Louis II de Monaco et d’une hôtesse d’un cabaret parisien, Marie Juliette Louvet. Finalement reconnue comme enfant légitime et adoptée par la famille Grimaldi, elle est devenue princesse héritière de la Principauté en 1922. (Monaco Tribune 15.04.2021)

 

Mon avis : Et une mission de plus pour notre anti-héros. Dans le pays imaginé par l’auteur, la Principauté de Starkenbach, la princesse a disparu… Son mari va faire appel à notre diplomate détective pour la retrouver… Quand à la Principauté elle semble inspirée du Lichtenstein… bien que le Lichtenstein ne touche pas l’Allemagne.
Ses exigences sont des plus simples : du vin blanc (du Tokay de préférence) , un ordinateur, un piano …
Il va donc mener l’enquête et former un duo totalement improbable avec une collaboratrice de la Princesse disparue, Shayna Khalifa, Kurde syrienne, orpheline de guerre, que la Princesse a prise sous sa protection. Inutile de dire que noter Aurel va détonner dans cet univers luxueux peuplé d’Altesses royales. La Princesse s’occupait essentiellement de mécénat, d’humanitaire et de la problématique des enfants-soldats… A première vue pas de quoi lui attirer des ennuis. Alors pourquoi s’est-elle volatilisée? Est-ce de son propre chef?
Je ne vous en dis pas plus pour ne rien divulgâcher… Comme toujours c’est humoristique, savoureux, déjanté et plein de tendresse…

Extraits :

Fonctionnaire calamiteux mais titulaire, il était condamné à enchaîner les postes subalternes et ingrats. Ne rien faire ne va pas de soi, même dans l’administration. Cela requiert une constance, une énergie, une aptitude à affronter le mépris et la colère des chefs qu’Aurel avait certes portées à leur plus haut niveau, mais au préjudice de sa santé.

Wikipedia le situait dans un triangle obscur des Alpes entre la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche – les petits États sont souvent dans des montagnes.

Où était la vie de la princesse ? Il y avait bien quelque part un chaos secret, un espace où pouvait régner, par intermittence ou sans cesse, un désordre de désirs, de passions, de tentations, de regrets ?

Ils se tassèrent dans une Fiat 500 décapotable. Shayna maniait le changement de vitesse comme si elle eût bourré de coups de poing le visage de Bachar El-Assad en personne.

J’étais comme un enfant qui a reçu un jouet mais n’en reste pas moins un enfant.

— Ici, les questions, on les pose seulement quand on a déjà la réponse.

Elle ne bougea pas mais son visage, comme une falaise sous l’effet de l’érosion, s’affaissa d’un coup. Les larmes inondèrent ses joues, des sanglots secouèrent sa poitrine.

Ils avaient assisté au coucher du soleil sur la baie en descendant les dernières pentes du massif. Le ciel, comme s’il avait voulu se mettre à l’unisson du drame, avait fait se combattre jusqu’au dernier instant les forces du bleu et l’armée des rouges. Sur la scène plate de la mer, des bataillons de nuages, effilés comme des lanciers, couverts d’or et de sang, avaient tenté en vain de percer la muraille indigo de l’horizon. De cette mêlée, comme un dernier cri, était monté un rayon couleur d’émeraude, avant qu’une nuit sans lune n’engloutisse tout.

Il me fallait les choisir, les rechercher et exercer auprès d’elles une séduction active. C’est intéressant, la séduction, vous savez, quand on en fait…
— Un métier.
— Un art.

— La faille, monsieur Aurel. Trouver la faille…
— Que voulez-vous dire ?
— Chez ces femmes qui se sont résignées…
— Résignées ?
—… au mariage pour certaines, à la solitude pour d’autres, peu importe.

— Tout le monde a quelque chose d’admirable. Il suffit de chercher.

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