Neuman, Andrés « Bariloche » (2017)

Neuman, Andrés « Bariloche » (2017)

Auteur : Andrés Neuman, né le 28 janvier 1977 à Buenos Aires, est un écrivain argentin et espagnol. Andrés Neuman est le fils de musiciens argentins exilés (de mère violoniste d’origine espagnole et italienne et de père hautboïste juif allemand). Né en Argentine, il a conservé sa nationalité espagnole. Il a narré l’histoire romancée de sa famille, enfance argentine et ancêtres européens, dans Une fois Argentine. A quatorze ans il déménage à Grenade. Là, il soutient une thèse de philologie hispanique à l’université, suit des cours de doctorat et enseigne la littérature hispano-américaine.

Buchet-Chastel – 05.10.2017 – 176 pages (traduit par Alexandra Carrasco – préface de Roberto Bolaño – Finaliste du prix Herralde (Récompense majeure de la littérature hispanique)

Résumé :
Demetrio Rota est éboueur à Buenos Aires et, pour échapper à un quotidien morne et sans substance, il s’adonne la nuit à une passion dévorante : les puzzles. Pièce après pièce, à la manière d’une Pénélope revenant chaque fois à l’ouvrage, Demetrio reconstruit son passé, pour mieux tisser une mémoire fragile, vitale, faisant revivre sous nos yeux le parcours d’un homme comme un autre, écrasé par un présent qui l’étouffe.
Les émois de l’adolescence, le premier amour, les mécanismes aliénants de nos vies contemporaines, les évocations d’une nature sublime et les réalités des mégapoles modernes dénuées d’humanité : les aléas de la mémoire et des réflexions de Demetrio Rota nous entraînent dans une fable contemporaine poignante et interrogent puissamment les limites et les écueils de nos existences sans horizon.

Mon avis :

C’est poétique, c’est mélancolique et c’est l’Argentine. Des paysages que j’ai tellement aimés, le Lac Nahuel Huapi, le Mont Tronador… et que l’auteur fait revivre le temps d’un roman…
C’est l’histoire d’un éboueur qui aime les puzzles, une sorte de anti-héros qui fait équipe avec un ami pour nettoyer les rues de Buenos-Aires dans un vieux camion poubelle tout pourri.
Et cet homme qui passe ses nuits à faire des puzzles est en fait un homme puzzle, un être en pièces, à la recherche des souvenirs de son passé pour se construire et s’intégrer dans sa vie présente. Et les images de son passé doivent se rassembler pour faire de cet être perdu un tout… Il faut dire que le décalage entre un éboueur de Buenos Aires et un enfant au bord du Lac Nahuel Huapi … c’est le jour et la nuit…
Son récit alterne passé et présent, il nous raconte sa vie amoureuse mais surtout l’amour pour la région de son enfance, ses premières amours, la manière dont il s’immergeait dans la nature de la région de Bariloche, comme il faisait un avec le lac Nahuel Huapi. Au travers de son récit on vit dans ses souvenirs. Certes il y a la vie actuelle, sa liaison avec la femme de son collègue et ami, mais au fond cela n’a pas une grande importance. Ce qui est important c’est la façon d’avancer de cet être déraciné qui se raccroche à son passé pour vivre son présent.
C’est beau, c’est émouvant, et c’est nostalgique … une vie à la recherche de l’espoir…
Et c’est une magnifique rencontre avec la nature des environs de Bariloche…

Extraits :

Être marchand de journaux, c’était apprendre à caresser le papier sans se noircir les doigts (comme une femme, mon petit, comme une femme, aurait-il dit à son fils quand il aurait eu l’âge d’avoir son propre sobriquet ou d’hériter à jamais celui de son père). Apprendre, surtout, à saisir le moment opportun pour glisser une suggestion au feuilleteur hésitant, ou à se taire pour ne pas le gêner, à distinguer les clients fiables de ceux à qui il ne fallait jamais faire crédit du moindre journal. Se méfier tout particulièrement des barbus : son père lui avait appris qu’un homme qui ne se rase pas ne peut pas être réglo.

Derrière la cabane, plusieurs pins saluaient de leurs bras élancés. La patience verticale des troncs, les planches parallèles, les ondulations du lac et les sentiers entretenaient une discussion d’une géométrie ensorcelante. Les rais de lumière répartissaient les ombres équitablement.

J’aimais bien descendre au Nahuel après le goûter, même quand il faisait froid, le lac était pour moi un grand frère d’eau qui me comprenait sans rien me demander.

Alors je te demande d’être fidèle aux mots de nos débuts, ceux que personne ne t’avait demandé de prononcer.
Je t’aime, je t’attends.

Que veux-tu que je te dise, moi, la liberté, j’ai toujours trouvé que c’était pas la peine de lui courir après quand on n’avait aucune chance de la trouver.

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