Perrin, Valérie « Les oubliés du dimanche» (2015) 409 pages

Perrin, Valérie « Les oubliés du dimanche» (2015) 409 pages

Auteure : Française, née à Gueugnon, 1967, Valérie Perrin est une photographe, scénariste et écrivaine. Elle travaille aux côtés de son mari, le réalisateur Claude Lelouch (1937).
Son premier roman, « Les oubliés du dimanche » (2015), a reçu de nombreux prix, dont celui de Lire Élire 2016 et de Poulet-Malassis 2016. En 2018, elle a reçu le prix Maison de la Presse pour son deuxième roman « Changer l’eau des fleurs » (Albin Michel, 2018). « Trois » parait en 2021 (Albin Michel) On suit l’histoire de trois amis d’enfance, des années 80 aux années 2000, sur fond de chansons du groupe Indochine.

Albin Michel – 29/4/2015 – 378 pages / Livre de poche – 04.10.2017 – 409 pages

Résumé :

Justine, vingt et un ans, aime les personnes âgées comme d’autres les contes. Hélène, presque cinq fois son âge, a toujours rêvé d’apprendre à lire. Ces deux femmes se parlent, s’écoutent, se révèlent l’une à l’autre jusqu’au jour où un mystérieux «corbeau» sème le trouble dans la maison de retraite qui abrite leurs confidences et dévoile un terrible secret. Parce qu’on ne sait jamais rien de ceux que l’on connaît.
A la fois drôle et mélancolique, Les Oubliés du dimanche est un roman d’amours passées, présentes, inavouées… éblouissantes.

Mon avis :

Autant j’avais été conquise par le personnage de « Changer l’eau des fleurs » autant là j’ai trouvé le livre gentil, un peu trop feelgood… Il y a un petit quelque chose qui a fait que je n’ai pas adhéré…
Alors oui c’est un joli moment de lecture, de bonnes idées, mais pas de réelle empathie pour un personnage ou un autre ce qui fait que je l’ai lu jusqu’au bout mais sans plus…
Une gentille lecture d’été avec des jolies phrases, des bons sentiments, mais pas le coup de cœur auquel je m’attendais.
C’est une jolie idée qu’une jeune femme transcrive les confidences de ses patients en fin de vie ; c’est une jolie idée que le « corbeau » fasse se déplacer les familles, mais il y a trop d’histoires qui se croisent et s’entremêlent et pour moi l’histoire des parents de Justine et Jules est de trop…
Il y aurait eu de quoi faire deux livres peut-être …
Alors oui Hélène est un personnage attachant mais pas assez travaillé pour moi…
Trop de personnages, trop de fils tirés qui se rabibochent à la va comme je te pousse… des incohérences.. Alors plein de jolies idées, plein de jolies phrases, des sujets de société importants,  mais la sauce n’a pas pris…

 

Extraits :

Moi je pense que ça commence avec la solitude. Quand l’autre est parti. Pour le ciel ou pour quelqu’un.

Ce jour-là, j’ai compris que les anciens, il suffit de les toucher, de leur prendre la main pour qu’ils racontent. Comme quand on creuse un trou dans le sable sec au bord de la mer, l’eau remonte systématiquement sous les doigts.

Ce jour-là, j’ai compris que les anciens, il suffit de les toucher, de leur prendre la main pour qu’ils racontent. Comme quand on creuse un trou dans le sable sec au bord de la mer, l’eau remonte systématiquement sous les doigts.

Il a horreur que je lui pose des questions. Il a horreur de sa mémoire. Sa mémoire ce sont ses enfants, il l’a jetée dans les cercueils le jour où il les a mis en terre.

Leurs jardinières sont vides et leurs chats placés. Leurs chez-eux n’existent plus que dans leurs têtes, leurs bibliothèques personnelles. Ces bibliothèques où j’aime passer des heures.

Il se demande comment l’amour s’attrape et s’il peut s’attraper à plusieurs. Il a déjà couché avec des prostituées mais à part des roses, des livres et de la musique, il n’est jamais tombé amoureux.

– Vous savez, quand on a perdu la personne qu’on aimait le plus au monde, on la perd tous les jours.

On dirait que mon visage n’a pas encore fait de choix, qu’il n’a pas fini de se dessiner. Ce que je ne trouve pas joli chez moi, je me dis qu’un jour ce sera la beauté de quelqu’un. Quelqu’un qui m’aimera et qui deviendra mon peintre. Ce sera celui qui me continuera. Qui me fera passer du brouillon au chef-d’œuvre si j’ai une grande histoire d’amour. On est tous le Michel-Ange de quelqu’un, le problème c’est qu’il faut le rencontrer.

– Tu te les rappelles ?
– Non. Mes souvenirs ont perdu la mémoire.
– Alors, comment tu fais pour y penser ?

Le temps a échangé sa taille de guêpe contre celle d’un labrador.

On ne peut pas dire qu’ils soient méchants avec nous, juste absents. Ils sont toujours à la maison mais jamais dans les pièces. Ils sont toujours à table mais jamais au menu du jour.

J’ai la nostalgie, la nostalgie de ce que je n’ai pas encore vécu.

Il parvient à lire, à écrire, à marcher, à courir, à tenir, à soulever, à réfléchir, à se souvenir de tout à l’heure. Sa mémoire immédiate est intacte. Le reste est noir. Son esprit porte le voile noir des veuves. Il en a croisé parfois. Elles lui font peur. Ces grands fantômes, ces spectres, il s’en méfie, il a peur qu’ils l’emmènent là où il ne guérira pas.
Heureusement qu’il y a le rêve, chaque nuit. Une présence familière, une réponse, un soulèvement contre l’amnésie. Quand il se réveille, il ferme les yeux pour y retourner, mais le matin l’aspire vers la journée […]

Si je ne faisais pas d’heures supplémentaires, je ne pourrais pas écouter les histoires qu’ils racontent. Ce qui veut dire que mes heures supplémentaires sont des solstices d’été. À chaque fois que je travaille, mes jours rallongent.

Il passe des heures à fouiller dans sa tête vide de passé en lisant et relisant des romans qu’il pense avoir déjà lus, avant sa blessure. Il pose des questions aux murs du salon – où et quand ? Mais il n’obtient que du silence, autour de lui rien ne fait plus jamais écho. Alors il monte se coucher, la tête pleine de trous.

Pendant quelques années, elle a passé le chiffon sur les empreintes d’une autre, sans jamais réussir à les effacer.

Il faut toujours mettre de la vérité dans ses rêves, ou le contraire.

Comme on me dit tout le temps que quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle, je sauve quelques cendres.

Image : Mouette argentine (andine)

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