Brussolo, Serge «Opération Serrures carnivores» (1997)
Auteur : Serge Brussolo, né le 31 mai 1951 à Paris, est un écrivain français de science-fiction, de roman policier, de fantastique et de roman historique. Il est également connu sous quatre pseudonymes : Akira Suzuko, Kitty Doom, D. Morlok et Zeb Chillicothe. Son écriture aussi efficace que personnelle, son sens inné de la démesure et son extraordinaire inventivité ont fait de lui l’un des écrivains français contemporains les plus appréciés du grand public, toutes tendances confondues.
Série Les Soldats de goudron – Les Fœtus d’acier – Ambulance cannibale non identifiée – Le Rire du lance-flammes – Opération Serrures carnivores
Editeur : Fleuve Noir – sf metal – 26.11.1998 – 185 pages
Grand Prix de l’Imaginaire – Grand Prix – Roman Francophone – 1988
Résumé
Opération » Serrures carnivores » Comment réussir un hold-up quand on s’attaque à un coffre-fort vivant, cannibale et, de surcroît, bâti comme la plus effroyable des machines de guerre ? Un thriller futuriste, biologique et anthropophage par le plus explosif des représentants de la science-fiction française.
Opération » Serrures carnivores » est la réédition du n° 1537 de la collection Anticipation du Fleuve Noir paru en avril 1987 et depuis longtemps introuvable. Ce roman a été couronné en 1988 par le Grand Prix de la Science-Fiction Française.
Mon avis :
Il ne fait pas bon de vivre dans une société ou tout le monde a peur de son prochain. Les policiers humains ont été désarmés et remplacés par des machines et n’ont que le droit de signaler les infractions et les attaques mais interdiction d’agir et défendre ! sous peine de se retrouver accusé ! La peur des agressions tourne à la psychose. Les individus qui peuvent se le permettre s’achètent des combinaisons – ou plutôt des scaphandres – pour circuler en sécurité. Ils ont tellement peur qu’ils rêvent d’y vivre jour et nuit !
Pour vivre libre, il faut fuir vers un pays sous-développé, et pour cela il faut de l’argent. Si on veut rafler le pactole et s’enfuir dans un pays non civilisé, là où il est encore possible de vivre libre, sans être sous la surveillance constante des robots, il faut braquer des coffres-forts humains. Et c’est tout sauf facile ! Un plan extrêmement dangereux va germer dans l’esprit de Mathias, un policier à deux doigts de passer en jugement. Comme il risque de se faire tuer de toute manière, il va décider d’affronter les animaux qui gardent les coffres dans leur estomac et se confronter à 4 gargouilles et une petite fille, qui fait peur aux humains, même s’ils la considèrent comme un légume, un bifteck sans tête… sauf que, surprise, le bifteck en question parle et réfléchit…
Il faut avoir le cœur bien accroché pour aller au bout de l’aventure. Mais c’est toujours une expérience particulière que de pénétrer dans l’univers – ou les univers – de cet auteur ! Il a une telle imagination, fait naitre des personnages tellement apocalyptiques… Je ne lirais pas que ça, mais une fois de temps en temps.
Extraits :
Ne cherchez pas à fuir l’angoisse, car c’est elle qui vous protège de l’indifférence.
Puisque la police en est incapable sans accumuler les bavures, nous laisserons ce soin aux unités de justice autonomes ! Désormais tous les flagrants délits seront jugés sitôt la capture effectuée. La logique et la froideur de l’ordinateur nous préserveront des passions et des a priori. La procédure judiciaire sera accélérée sans rien perdre de son équité. Il ne s’agit pas de légaliser le lynchage, non ! Les machines jugeront en fonction des éléments enregistrés dans la mémoire du fichier central de police. Tout sera pris en compte : les différents témoignages, la nature du délit, et une sentence sera prononcée sur-le-champ ! »
Le gibier des chars de justice était toujours dérisoire et presque uniquement composé d’alcooliques, de fous, de conducteurs en infraction et de petits voleurs maladroits. Mais leur présence et l’aspect spectaculaire des sentences suffisaient à rassurer une population en proie aux affres de l’insécurité.
Privés de leurs armes, les flics n’étaient plus que des chiens édentés dont les aboiements n’effrayaient plus personne.
— Je suis Sarah Adélina Muraille, dit-elle en s’asseyant. « S.A. Muraille » comme l’indique ma carte. Mes collègues m’ont surnommée Samouraï, c’est plutôt con, vous ne trouvez pas ?
La fillette réécoutait ces enregistrements comme on feuillette un vieil album de photos. Sa tête était un hangar encombré de meubles aux tiroirs vides. On lui avait appris à exécuter des gestes, à adopter certaines attitudes. On avait planifié sa vie en fonction du rôle qu’elle aurait à jouer dans le ventre de la bête, mais cela laissait encore beaucoup de placards inoccupés, beaucoup de cases blanches, d’alvéoles vierges…