Delalande, Arnaud « Notre-Dame sous la terre » (1998)

Delalande, Arnaud « Notre-Dame sous la terre » (1998)

Auteur: Arnaud Delalande, né le 1 janvier 1971  à Herblay-sur-Seine, est un écrivain et scénariste de bande dessinée français. Après des études à Pontoise, une hypokhâgne et une khâgne aux lycées Chaptal et Victor Duruy (Paris), puis une licence d’histoire, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1994.
Saga Viravolta, l’Orchidée Noire : Le Piège de Dante (Grasset, 2006) – Les Fables de sang (Grasset, 2009) – Notre espion en Amérique (Grasset, 2013) – Révolution 1 : Le Cœur du Roi (Grasset, 2017) – Révolution 2 : Le Sang du Roi (Grasset, 2017)
Autres Romans : Notre-Dame sous la Terre (Grasset, 1998) – L’Église de Satan: Le Roman des Cathares (Grasset, 2002) – La Musique des morts (Grasset, 2003) – La Lance de la destinée (Robert Laffont, 2007) – Le Jardin des larmes (Grasset, 2011) – Le Piège de Lovecraft (Grasset, 2014) – Drôles de petites bêtes, le roman du film (2017) – Memory (Cherche-Midi, 2021)

Grasset – 24.06.1998 – 312 pages / Le livre de poche – 11.10.2000 – 350 pages  prix Relais H du roman d’évasion

Résumé : Un soir de printemps, à Paris, la jeune Judith est appelée par son professeur d’histoire de l’art, Itzhak Witzberg, un homme seul et passionné. Il rentre du Vatican où son ami de toujours, Mgr Leonardo Spinelli, lui a confié pour analyse un tableau du XIIé siècle. Accablé de travail, Witzberg demande à son élève de mener l’expertise. Et c’est ainsi que tout commence… Judith se lance, et se perd bientôt dans ses recherches. Que veut nous dire, par-delà les siècles, ce moine qui chante devant un chandelier d’or ? Ce chandelier est-il celui de Moïse, comme le veut le Livre de l’Exode ? Et pourquoi cette expertise loin de Rome ? Mais tout bascule sans raison : Itzhak Witzberg est assassiné dans la nuit, le tableau est volé chez Judith, on saccage sa chambre de bonne … Quel secret porte donc cette peinture ? Comment interpréter les codes que dévoilent les rayons X ? Quelle malédiction frappe tous ceux qui, depuis le vaillant Hildebert, premier parmi les croisés, possèdent le tableau ? Désespérée, Judith s’adresse à Mgr Spinelli, et se trouve prise dans la tourmente : la guerre de succession a commencé au Vatican, une guerre de foi et de sang où la mafia joue sa partie… Un à un les secrets tombent : la mort de Witzberg, l’origine du tableau, la vérité sur le chandelier, la mort du pape… Judith trouvera-t-elle sa vérité dans les ténèbres de Notre-Dame sous la terre ?

Mon avis:
Le roman se déroule sur plusieurs époques. Cela commence au Moyen Age, en 1099, au temps de la Première croisade, se poursuit en 1433 et le dénouement intervient au XXème siècle  en 1999.
Judith, jeune étudiante, semble ne pas vivre dans son siècle. Certes elle est à l’Université mais se destine au couvent. Elle entretient des relations d’amitié avec son professeur, Itzhak qui la fait participer à ses recherches et ses activités, à ses recherches et lui inculque la méthodologie de l’histoire de l’art, les techniques de préservation du patrimoine. Lorsque le vieux professeur lui confie un tableau vieux de 10 siècles pour qu’elle l’analyse, il ne s’imagine pas un seul instant qu’il ne vas pas tarder à mourir et qu’elle va devoir affronter des dangers pour aller au bout du travail qu’il lui avait confié. Cela va entrainer la jeune fille dans des aventures qui vont changer le cours de sa vie; elle aura l’impression de parler avec des créatures de l’au-delà, d’affronter le mal en personne…
Un parcours qui révélera ce que cache le tableau, une fois que le secret qu’il dissimule sera déchiffré. Mais on ira de surprise en surprise car il cache plusieurs secrets, depuis celui du croisé jusqu’à celui du Vatican…
Un moment d’aventure sympathique, qui nous entrainera de Paris à Rome en passant par le Mont St-Michel, qui parle de légendes, du bien et du mal, de la foi en la religion, de la difficulté de faire des choix, de l’amitié…

Extraits:

Pour l’heure, on bavardait de tous côtés, dissertant sur les dernières affaires d’infanticide et de sorcellerie ; les villageois s’assemblaient sous les porches des maisons dont l’encorbellement abritait les chalands. Sur les façades recouvertes de peintures vives, des montjoies protégeaient la statue d’une Vierge fraîchement époussetée ou d’un saint à l’index péremptoire.

Pourtant, il y avait sûrement un moyen de l’entendre, ce tableau. C’était un cri, c’était un chant, si tu connais la musique.

Un tableau fonctionne par signes. Chaque signe est un appel, un message. À toi de le saisir, ce message, de le décrypter, pour rendre sa vie à la toile, à ses formes, à ses couleurs. Même la technique trahit – elle se trahit ! Elle révèle alors, dans la brèche qu’elle a ouverte, une impression, une émotion, un état d’âme.

En fait, la meilleure façon d’élucider les mystères de ce tableau était d’en reconstituer l’histoire ; il datait des alentours du XIe siècle

Dans la tradition juive, le chandelier, ou menora, comportait sept ou neuf branches ; chacune de ses lumières symbolisait un jour de la semaine, ou un astre du ciel. 

« Mikaël : racine hébraïque de Michel, dont on trouve trace notamment dans l’Apocalypse de saint Jean. La signification première de ce mot renvoie en réalité à la formulation d’une question : Mi-Ka-El ? Qui est Dieu ? ou : Qui est comme Dieu ? Lorsque Satan défia le Tout-Puissant, l’archange saint Michel, chef des armées célestes, sortit son glaive et se dressa de toute sa stature en criant : Qui est Dieu, c’est-à-dire : qui ose se prétendre l’égal de Dieu ? Puis il précipita l’ange rebelle qu’était Satan dans les ténèbres, où il serait condamné pour l’éternité, et Satan fit de ces ténèbres son royaume. »

L’Église était une institution mondiale, universelle ; comment aurait-elle pu échapper à l’implacable logique du pouvoir ? La beauté de son message suffisait-elle vraiment à l’immuniser contre la faiblesse des hommes ? Elle pouvait tout aussi bien lui servir d’alibi… Et dans la brèche ainsi ouverte pouvaient se glisser l’hypocrisie et le mal, comme tant de fois par le passé, à l’époque des guerres de Religion et de l’Inquisition…

Le mal n’est pas une entité abstraite, lointaine, qui plane au-dessus des hommes et s’abat sur eux au hasard, de temps en temps. Ce n’est pas une théorie de psychanalyse ou un essai de philosophie. Non. Il est là, en nous.

Mais voici qu’un cheval blanc courait à travers la baie.

Jailli de nulle part, il galopait sur la grève avec la vitesse de la Mer, et, sa crinière blanche dans le vent, il venait affronter le Dragon.

Un être invisible le montait ; c’était l’Archange Saint-Michel, qui venait faire la guerre avec justice. Ses yeux ? Une flamme ardente ; le manteau qui l’enveloppait était trempé de sang ; toutes les armées du ciel paraissaient le suivre. De sa bouche sortait une épée acérée pour en frapper l’ennemi ; c’était lui qui les menait avec un sceptre de fer ; un nom était marqué sur son manteau et sur sa cuisse : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

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