Chamak, Stéphane « Les éphémères » (2016) 137 pages
Auteur: de nationalité française, né en 1972.Il écrit depuis l’enfance, mais son désir de publication et de partage est récent.À 19 ans, Stéphane se lance dans le monde professionnel armé d’un baccalauréat de comptabilité, et travaille pour une société de contrôle de marchandises destinées à l’exportation en Afrique et en Amérique latine. Cette expérience dure sept ans et lui permet de nombreux déplacements à l’étranger (Bénin, Togo, Comores, Pays-bas…).
De retour en France en 1998, après deux ans d’expatriation à Djibouti, Stéphane décroche un poste de manager dans une grande société informatique, et supervise divers projets au niveau européens. Il est aujourd’hui responsable de projets sénior dans une société de service en ingénierie informatique, où il pilote le déploiement des 80 000 machines et systèmes d’exploitation d’un (gros) client.
Stéphane est un amoureux du livre, un objet qu’il trouve magnifique. Il écrit des nouvelles dans des genres très différents (comédie, thriller, conte, fantastique, drame…). Il est également passionné par le cinéma. Son travail d’écriture est avant tout motivé par son envie de raconter des histoires, de prendre et de donner du plaisir. (Source Babelio)
6ème ouvrage (il écrit surtout des nouvelles) mais 1er roman, écrit en 2016.
137 pages (Disponible sur Amazon en Kindle ou en broché)
Résumé:
Un jour de printemps à l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle.
Un homme, proche de la cinquantaine, apprend que sa femme vient de le quitter. Pour échapper à cette réalité, il décide de rester dans l’aéroport, cette « créature de béton et de verre » où il sera amené à rencontrer des personnages pittoresques et mystérieux qui, comme lui, apprivoisent comme ils peuvent leurs douleurs, dissimulent leurs secrets, apprennent à vivre avec leurs fantômes.
Après plusieurs recueils de nouvelles, l’auteur signe avec son premier roman, une « fiction très personnelle » sous la forme d’une tendre ballade tragi-comique.
Comme une chanson d’Alain Souchon.
Mon avis:
Tout d’abord merci à l’auteur de m’avoir fait parvenir son premier roman. Il m’a demandé de dire ce que je ressentais et je le cite « surtout surtout surtout ne me ménages pas ». Alors voilà…
J’ai aimé et j’ai été touchée par le personnage principal (et d’autres) ! D’ailleurs quand dès les premières pages on cite Jonathan Coe et Alain Souchon… je me dis « l’univers me convient». Et quand ensuite on me parle de Gaudé, on me conforte dans mon idée de base. Et maintenant je sais que je vais me lancer dans la lecture de « Une femme fuyant l’annonce » de David Grossman …
Mais parlons du roman:
Bref passage de la vie d’un homme.
Sous une apparence de légèreté, avec de l’humour, se dissimule un tissu de drames : Un monde qui s’écroule, la perte d’un enfant, la différence (homosexualité)… mais surtout la difficulté – ou plutôt le refus – d’affronter les gens, la réalité, la vie en général. Un homme qui après avoir passé sept années à refuser d’avancer va « atterrir » dans un lieu clos, un terminal d’aéroport, un endroit où il peut se réfugier dans l’anonymat, tout en étant sous surveillance 24 heures sur 24; de quoi être légèrement déboussolé et un tantinet parano…
Avec de humour, de l’ironie, de l’auto-dérision, de l’imagination, une forme de lâcher prise, un parfum d’évasion, une incursion dans une autre réalité, des rencontres avec des personnages paumés, atypiques et attachants (le fou du Polaroïd, la petite vieille), la vie dans l’aéroport est somme toute un bon refuge pour cet homme, lui qui est « en transit » dans la vraie vie, dans l’attente d’une sorte de nouvelle destination, une vie sans sa femme qui vient de le quitter… Il est effectivement en transit dans cet aéroport… refusant d’embarquer vers un monde qu’il ne veut pas voir, et qui, tant qu’il ne le voit pas, n’existe pas… Et il ne veut pas y croire, et donc il ne veut pas s’y rendre.
Pour ne pas voir le présent et l’avenir, quoi de mieux que de faire un retour en arrière, se remémorer le passé… Alors dans ce terminal d’aéroport, il va voyager.. dans ses souvenirs et se muer en observateur de choses qu’il ne prenait pas le temps de voir avant.
La vie semble être comme arrêtée, au point mort. Une existence comme misę « sur pause », le temps qui ne passe pas pour tenter de neutraliser l’avenir.
Le personnage qui est en mouvement, c’est au final l’Aéroport de Roissy.
C’est l’occasion de réfléchir sur nos réactions, les êtres qui gravitent autour de nous, les rapports sociaux et familiaux, de mentir à ceux qui nous entourent et à soi-même, pour fuir la réalité.
Est-ce au final une escale? Va-t-il embarquer pour le futur? Je vous laisse passer la porte d’embarquement… et je vous souhaite un aussi bon voyage que celui que je viens de faire.
Un livre qui m’a fait penser à un autre récit d’aéroport, le roman de Tiffany Tavernier « Roissy »
Extraits:
Par conséquent, si je ne retourne pas chez moi, je n’entendrai pas le glas du silence ricocher dans chaque pièce.
Ma foi, si quelqu’un me considère plus intelligent que je pense l’être en réalité, je ne vois pas pourquoi j’irais le contredire.
S’ensuit alors un silence. Non, le silence, celui qui vous oppresse, vous démunit, vous dépouille de tous vos mots ; ce silence qui ne pourra être rompu que par une banalité ou une stupidité.
Je n’ai jamais été très à l’aise avec la parole. J’ai toujours pensé que les mots étaient faits pour être tus.
Dans un aéroport, vous êtes hors la vie, vous n’existez pas vraiment. Vous êtes un être humain en transit, de passage, en somme. Et si par malheur vous y restez trop longtemps, alors, à l’instar d’un vulgaire bagage abandonné dans une allée ou sur un tapis roulant, vous serez analysé, puis jugé.
Il est question d’un ordre d’insectes appelé « Les Éphéméroptères » ou encore « Les Éphémères ». Il s’agit de petits insectes volants pourvus d’un corps sans poils, de deux antennes sur la tête et de grands yeux composés. Leur bouche est si minuscule qu’elle ne se nourrit pas. Leurs pattes sont très délicates, plus longues à l’arrière pour le mâle ce qui lui permet de retenir la femelle pendant l’accouplement. Ces insectes passent la plus grande partie de leur existence dans l’eau. Mais, comme l’écrit l’article, leur particularité principale concerne leur durée de vie.