Detambel , Régine « Les livres prennent soin de nous – Pour une bibliothérapie créative» (2015) 160 pages
Autrice : Bibliothérapeute et formatrice en bibliothérapie créative, Régine Detambel, kinésithérapeute de formation, vit aujourd’hui dans la région de Montpellier et est l’autrice depuis 1990 d’une œuvre littéraire de tout premier plan.
Chevalier des Arts et des Lettres, Régine Detambel a également été lauréate du prix Anna de Noailles de l’Académie française.
Chez Actes Sud, elle est l’autrice d’un essai, Les Livres prennent soin de nous (2015), et de plusieurs romans : Son corps extrême (2011), Opéra sérieux (2012), La Splendeur (2014), Le Chaste Monde (2015), Trois ex (2017), Platine (2018) et Sarah quand même (2023).
Actes Sud mars 2015 176 pages / Babel – février 2017 – 160 pages
Résumé :
Par le rythme et la musicalité de leurs phrases, l’ordre de leur syntaxe, le toucher sensuel de leur papier, les livres nous soignent et nous apaisent. Au fil de l’enveloppant mouvement de l’écriture et de la lecture se dispense en effet un sens toujours renouvelé capable de nous arracher à nous-mêmes et à nos souffrances.
Dans la détresse physique ou psychique, dans le handicap ou la grande vieillesse, le livre permet d’élaborer ou de restaurer un espace “à soi”. Face à la double menace de la passivité et de la perte d’autonomie, la lecture a le pouvoir de favoriser la reconquête d’une position de sujet, ce qui est précisément l’objectif de toute bibliothérapie digne de ce nom.
Tandis que fleurissent les salons de “développement personnel” et les premières thèses de médecine sur le pouvoir des livres, Régine Detambel, écrivain et kinésithérapeute de formation, se donne ici pour tâche de montrer que la littérature en tant que “remède” doit se défier tout autant du pouvoir médical que des lieux communs du bien-être de masse. Elle propose à Montpellier – Juvignac une formation en bibliothérapie créative. Le présent ouvrage recense quelques unes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.
Mon avis:
Ce livre parle de livres qui nous touchent, nous permettent d’avancer mais qui n’ont pas été écrits dans ce but. Régine Detambel nous parle de romans, de poèmes, de rencontre avec des personnages avec qui nous allons parfois nous identifier et avec lesquels on va évoluer; des personnages qui auront vécu certaines situations et qui auront appréhendé es situations de telle ou telle manière… et qui nous donneront des pistes à suivre, par leur manière d’avoir réagi. Des personnages qui nous touchent, qui nous accompagnent, des textes qui nous parlent, qui nous entrainent dans des chemins, qui nous ouvrent des voies. Et qui parlent à la fois au corps et à l’esprit… car les deux sont indissociables. Qui nous permettent l’évasion, par le rêve ou par l’attrait de la connaissance, par le mimétisme aussi. Lire, c’est à la fois un moyen de se constituer un espace personnel et un moyen de partager; c’est vivre des aventures dont on rêve, fuir le quotidien qui nous pèses et se retrouver en compagnie de personnes qui nous font du bien. C’est se créer des rendez-vous avec des gens que l’on a envie de fréquenter, de découvrir; avec qui on a envie de faire un bout de chemin…
Les mots peuvent blesser, les mots peuvent faire du bien. A nous de trouver – de nous faire conseiller – ceux qui sont curatifs et apportent de la détente, de la joie, de l’émotion positive, de l’évasion. Car tous les livres sont différents, comme les individus; et ce qui va à une personne ne va pas forcément à tout le monde…
Coté tactile, elle nous parle aussi de la différence entre le livre papier, avec l’importance du toucher pour le réconfort ( la douceur des pages … ) contraire à la froideur des écrans.
Alors oui je pense que ce livre est très interessant et peut apporter du bien-être.. la lecture peut soulager la vieillesse, l’impossibilité de se déplacer, la solitude, la tristesse; elle peut éveiller la création; les mots peuvent être lus à voix haute, bercer, réveiller, rendre vivants…
Et d’ailleurs bien souvent j’ai entendu des personnes demander : je traverse une mauvaise passe, quel livre me conseillez-vous ? Pas vous ?
L’ autrice se réfère souvent à d’autres ouvrages, d’autres auteurs : le livre de Michèle Petit « Éloge de la lecture » et « Bibliothérapie. Lire, c’est guérir, » de Marc-Alain Ouaknin – entre autres – qu’il serait certainement interessant de lire pour en savoir plus sur le sujet.
Alors je vous le dis : je déteste tout ce qui est livres de développement personnel et en général j’ai l’impression qu’il suffit d’un peu de bon sens pour anticiper ce que l’on va me raconter…
Ici il ne s’agit pas de vous donner des recettes miracle. Et j’ai été intéressée par ce livre.
Extraits:
La bibliothérapie ainsi comprise doit permettre à chacun de sortir de l’enfermement, de la lassitude, pour se réinventer, vivre et renaître à chaque instant dans la dynamique d’un langage en mouvement.
Bref, on recommande ici et là des livres qui permettent d’entamer un dialogue identificatoire avec un alter ego, narrateur ou personnage ayant déjà éprouvé tel ou tel sentiment, et rendant compte utilement de ses réussites ou de ses fêlures.
les personnes dépressives sont insensibles à une intervention extérieure, d’où l’importance de la lecture, qui leur offre une “impulsion intérieure”…
Colette : « La Naissance du jour » : « Cet adieu à l’amour n’est pas un renoncement à la vie. C’est au contraire un renouveau, “une conquête sur la dépression” permettant à l’émotion, à la sensualité, au plaisir même, de se redéployer sur d’autres objets : les travaux du jardin et de la maison, la conversation avec les animaux familiers et l’immersion dans la nature méditerranéenne »
Lucie Guillet, une psychothérapeute française : « le fluide poétique est la synthèse de trois puissants pouvoirs : le rythme, la sonorité et la pensée, qui sont aptes à réguler certains cas de phobies, d’anxiété, d’indécision, les idées noires, les angoisses, la mélancolie, le découragement… À ses yeux, le précieux fluide est également tout à fait capable de calmer les réflexes nerveux déclenchés par des maladies organiques, des chocs moraux, esthétiques ou sentimentaux. »
Pour Ouaknin, si l’on est déprimé et ruminant, c’est parce qu’on a perdu la faculté d’anticiper, c’est-à-dire de se projeter dans l’avenir. Les maladies de l’esprit seraient donc des “chronopathies”. Mais le récit, pendant le temps de la lecture, réhabilite la capacité d’anticipation. Le récit accompagne le lecteur en projetant une temporalité nouvelle, il est porteur de temps.
Kafka : “On ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes. En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous (…) – un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois.”
Comprendre un texte, c’est se comprendre devant le texte, garantit Ricœur. Lire un texte, c’est se lire soi-même. Les mots que nous lisons n’ont pas leur fin en eux-mêmes, mais en nous.
La lecture enclenche un processus d’affirmation de soi qui est essentiel pour tous. Chez l’enfant pour développer la construction de son identité, de sa personnalité. Chez le sujet âgé pour préserver son autonomie et sa dignité.
De plus, la lecture le libère du poids du temps, autorise un va-et-vient jubilatoire entre passé, présent et avenir. Le roman peut ainsi donner à chacun l’impression de maîtriser le temps, de faire une relecture de sa vie, pour redonner un sens à certains événements de son existence.
De plus, la lecture le libère du poids du temps, autorise un va-et-vient jubilatoire entre passé, présent et avenir. Le roman peut ainsi donner à chacun l’impression de maîtriser le temps, de faire une relecture de sa vie, pour redonner un sens à certains événements de son existence. :
Champollion : “Lorsque le monde réel pèse sur notre cœur, écrit-il en 1826, le monde idéal doit être notre refuge, et ce monde-là, c’est l’étude : elle nous fait oublier momentanément les dégoûts de la vie en nous transportant hors de nous-mêmes ; en élevant nos idées, elle double notre courage et nos jours se passent moins sombres et plus rapides.”
Le livre qui vous a régénéré, le livre qui vous est au cœur, vous n’avez plus qu’à le faire apparaître, à en lire quelques phrases, à le prêter. Passeur ! “Chacun de nous a un livre secret. C’est un livre chéri. Il n’est pas beau. Pas grand. Pas si bien écrit. On s’en fiche. Car il est la bonté même pour nous. L’ami absolu. Il promet et il tient ce qu’il promet. Nous l’oublions mais il ne nous oublie jamais.
One Reply to “Detambel , Régine « Les livres prennent soin de nous – Pour une bibliothérapie créative» (2015) 160 pages”
J’ai la même approche que toi concernant les livres de développement personnel, (du moins le même a priori) qui fleurissent un peu partout dont je ne suis pas fan mais là quand je te lis ça parle d’autre chose : les livres qui nous font du bien alors qu’ils ne traitent pas de ce sujet et là c’est intéressant Je pense le mettre sur ma pile