Voltenauer, Marc «Cendres ardentes » (2023) Série : Andreas Auer (tome 5) 400 pages

Voltenauer, Marc «Cendres ardentes » (2023) Série : Andreas Auer (tome 5) 400 pages

Auteur : Ecrivain suisse, Marc Voltenauer est né en 1973 à Genève, d’une mère suédoise et d’un père allemand et a vécu à Versoix, au bord du Léman, les vingt premières années de sa vie. Enfant, il est partagé entre sa passion pour le foot et son attrait pour une carrière de pasteur, peut-être pour suivre les traces de son grand-père, évêque au sein de l’église luthérienne de Suède. Après des études de Théologie à l’Université de Genève, Marc Voltenauer s’engage comme Secrétaire général des Unions Chrétiennes de Genève et opte ensuite pour un poste dans les ressources humaines au sein d’une banque. C’est suite à un voyage autour du monde qu’il décide de se mettre à l’écriture, et trouve à son retour son inspiration dans le pittoresque village montagnard de Gryon. Grand amateur de films et de romans policiers, il se dirige tout naturellement vers le polar.

Série : Andreas Auer «Le Dragon du Muveran» est le 1er roman de cet auteur mettant en scène l’Inspecteur Andreas Auer. La 2ème enquête de Auer «Qui a tué Heidi ?»(septembre 2017).  « L’aigle de sang» (14 mars 2019),  «Les protégés de Sainte Kinga»(1 octobre 2020); «Cendres ardentes » (3 mars 2023)

Editions Slatkine & Cie – 02.03.2023 – 400 pages

Résumé:
Le corps atrocement mutilé d’une femme est découvert dans le lac Léman. Sans l’identité de la victime, le début de l’enquête patine. Andreas Auer, de la Brigade criminelle, dirige les investigations qui ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices et vont lui faire découvrir jusqu’à quelles monstruosités les déviances de l’être humain peuvent mener. Dans le même temps, Hubert, un sourd-muet, doué d’un sens de l’observation redoutable, est sans nouvelles de Sokol son ami albanais depuis plusieurs semaines. Avec sœur Laura, religieuse lucide et tenace, ils décident de mener leur propre enquête… sur fond de vendetta.
La cinquième aventure de l’inspecteur Auer, le retour attendu du numéro 1 des ventes en Suisse.

Mon avis:
Depuis le temps que je l’attendais celui-là! Et je n’ai pas été déçue! Un vrai coup de coeur pour ce livre complet! Tout y est : l’action, l’émotion, le suspense, les personnages, l’atmosphère, le coté découverte des lieux, des traditions, de l’Histoire.
Embarquement immédiat pour les bords du lac Léman et l’Albanie : qui a dit que la Suisse c’était tranquillou ???
J’ai retrouvé avec un plaisir infini Andreas et son adjointe Karine, sans oublier son compagnon Mikael. J’ai aussi fait la connaissance de deux personnes magnifiques : une jeune religieuse Laura et un sourd-muet qui lit sur les lèvres et qui ont tout deux un grand sens de l’amitié. Deux personnages pour qui j’ai eu le coup de coeur. Faut quand même avoir le coeur bien accroché par moments … (C’est bien si on connait déjà les personnages mais peut se lire sans avoir lu les précédents)

Tout commence par une découverte macabre : un tronc féminin a été balancé dans le Lac Léman. Juste le tronc, dans un sac poubelle. Pas de jambes, de bras, de tête…
Dans le même temps Mirjan, un homme de 63 ans, Albanais d’origine naturalisé suisse retourne en Albanie pour y faire enterrer le corps de sa femme, Janina, décédée d’un cancer. Il n’y était pas retourné depuis 30 ans et tous ses souvenirs remontent: l’atmosphère de ce pays totalitaire, les guerres de clans… Mirjan fait partie de la minorité catholique d’origine albanaise du Sud du Montenegro.

Les règlements de comptes sont au programme… et au niveau international :  Suisse-Albanie. Il faut dire que la communauté albanaise est importante en Suisse et l’auteur nous en apprend énormément sur cette communauté qui est bien intégrée en Suisse et sur l’Albanie, ses traditions, ses coutumes, ses clans, son histoire. Parmi les traditions, il faut retenir l’existence des vierges jurées dont je n’avais jamais entendu parler et qui est une tradition fascinante. Je vous laisse la découvrir. J’ai également été plongée dans le « Kanun », un code qui date du XVI siècle et qui régit la vie dans le pays. On y apprend entre autres choses que dans ce pays la liberté religieuse et l’hospitalité sont des règles de vie.

Dans le roman nous allons fréquenter des albanais qui sont venus en Suisse et se sont intégrés et « suissizés » et des albanais qui n’ont pas souhaité s’intégrer et qui, au contraire ont souhaité vivre en vase clos, qui sont restés albanais dans l’âme et dans leur manière de vivre, en suivant les préceptes du fameux Kanun, et entre autre la vendetta.. Le seul souci c’est que le codex en question comprend 59 chapitres et que les fanatiques n’en retiennent qu’un : celui de la vengeance… Mais c’est le cas de tous les fanatiques… une phrase hors de son contexte pour justifier à tort des actions. Et l’interprétation des textes est toujours un immense problème et le terrain de l’extrémisme. 

Comme toujours tout est remarquablement documenté. L’auteur fait la part belle aux légistes et aux observations… J’ai l’impression d’avoir tout appris sur les petites bébêtes qui éclosent dans les corps ; je savais bien qu’elles étaient utiles pour découvrir le laps de temps écoulé entre la mort et le moment de la découverte des corps mais là… c’est extrêmement détaillé. On approfondira aussi la question du démembrement, tant physique que psychologique… Et je vous informe que certaines scènes sont difficilement soutenables… mais j’y ai survécu et je vous engage à survivre à l’expérience…
Le monde des psychopathes est aussi mis à l’honneur … jusqu’où peut aller l’horreur ? On découvre des cas comme l’Ogre de Santa-Cruz ou la Cannibale de Milwaukee… l’inconscient collectif prend soudain une nouvelle dimension et le concept de la fusion se regarde autrement…
Marc Voltenauer aurait-il été légiste ou profiler dans une autre vie ?
Les moteurs psychologiques, les troubles psychiques, les dégâts de l’égo susmentionné, l’importance des relations mère/enfant dans le développement de la personnalité sont autant de thèmes abordés dans le roman.
Règlements de compte, vengeances, trafics en tous genres (drogue, êtres humains…), violence faites aux femmes, condition féminine, féminicides, matriarcat/patriarcat/chef de famille, possession, anthropophagie, meurtres, viols,  il y en a pour tous les gouts…

Alors oui, il y a des moments crus… mais le suspense est permanent et on ne s’ennuie pas une seconde. Il y a la famille, les amis, les crimes, les voyages, la gastronomie, l’adrénaline… et aussi l’amour…

Et coté culture, l’auteur m’a donné bien envie de me faire offrir « l’enfer de Dante » illustré par Sandro Botticelli..
Un très grand merci à l’auteur et aux Editions Slatkine et Cie de m’avoir permis de découvrir ce roman en avant-première. En plus, j’ai toujours un plaisir infini à lire ce qui se passe pas loin de chez moi…  Plongez la tête la première -peut-être pas dans le Lac – mais dans le livre oui ! 

Extraits:

Pour reconstruire son avenir, on ne pouvait pas rester otage du passé.

Le passé ne s’effaçait pas. Pour avancer et reconstruire sa vie, seul le pardon permettait de se libérer du poids du passé.

 

Image : Le drapeau de l’Albanie est constitué d’un fond rouge avec un aigle à deux têtes en son centre. Il provient du sceau similaire de Gjergj Kastriot Skanderbeg, un Albanais du XVᵉ siècle, meneur de la révolte contre l’Empire ottoman qui conduisit à une période d’indépendance.

One Reply to “Voltenauer, Marc «Cendres ardentes » (2023) Série : Andreas Auer (tome 5) 400 pages”

  1. Un bon moment de lecture pour moi aussi, même si le détail dans la mise en place du contexte a pu me paraître un peu lente. Merci pour ce partage d’impressions!

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