George, Elizabeth « Une chose à cacher » (2022) Lynley (tome 21) 656 pages

George, Elizabeth « Une chose à cacher » (2022) Lynley (tome 21) 656 pages

Autrice : Elizabeth George, née Susan Elizabeth George le 26 février 1949 à Warren, dans l’État de l’Ohio, est une romancière américaine, auteur de romans policiers.

Série Inspecteur Lynley : Enquête dans le brouillard(1988) – Le Lieu du crime, Presses de la Cité, (1991) – Cérémonies barbares (1993) – Une douce vengeance, (1993) – Pour solde de tout compte( 1994) – Mal d’enfant (1994) – Un goût de cendres (1995) – Le Visage de l’ennemi( 1996) – Le Meurtre de la falaise, (1997) – Une patience d’ange (1999) – Mémoire infidèle  (2001) – Un nid de mensonges, (2003) – Sans l’ombre d’un témoin, (2005) – Anatomie d’un crime (2007) – Le Rouge du péché (2008) – Le Cortège de la mort ( 2010) – La Ronde des mensonges (2012) – Juste une mauvaise action (2014) – Une avalanche de conséquences (2016) La punition qu’elle mérite ( 2019) – Une chose à cacher (2022)

– George, Elizabeth « les enquêtes de Lynley » (Page sur la série)
– Série Inspecteur Lynley – 21me enquête (j’ai lu tous les précédents mais pas tous commentés car je n’avais pas encore de blog)

Presses de la Cité Collection Sang d’encre –  06.10.2022- 656 pages / traduit par Nathalie Serval

Résumé :

Teo Bontempi, membre d’une brigade luttant contre les violences faites aux femmes, succombe à l’hôpital après avoir été retrouvée inconsciente dans son appartement londonien. Thomas Lynley et ses adjoints, Barbara Havers et Winston Nkata, découvrent bientôt lors de leur enquête que la policière, d’origine nigériane, avait été excisée dans son enfance. Teo s’intéressait d’ailleurs à une clinique qu’elle soupçonnait de mutilations génitales médicalisées, une pratique qui suscitait l’hostilité des exciseuses locales. 

Mais peut-être faut-il plutôt chercher les raisons de la mort de Teo dans sa vie privée ? Tandis que la canicule échauffe les esprits, Lynley, Havers et Nkata devront s’aventurer sur un terrain miné par les tensions interraciales, et surmonter leurs propres préjugés pour découvrir la vérité.
En témoin privilégiée de son temps, la plus british des romancières américaines revient en force avec cette  » affaire de femmes  » qui brise le silence sur un sujet aussi tabou que complexe.

Mon avis:

Ah quel plaisir de retrouver Deborah Saint-James! Je trouve en effet que les personnages secondaires participent au charme de cette série et c’est toujours un plaisir de les revoir… Et cette fois Deborah a un vrai rôle à jouer dans l’enquête. Bien sûr les autres personnages sont présents : le couple Lynley / Daidre n’est pas au bout de ses peines, Dee veut toujours caser Barbara et imagine des plans pour lui trouver un partenaire… et le Sergent Nkata devient de plus en plus présent. Même sa famille est mise à contribution lors de l’enquête. 

Alors ? Prêts pour une plongée dans la communauté nigériane de Londres, qui partage avec la communauté somalienne les traditions et coutumes ancestrales telles que mutilations génitales, infibulation, excision, mariages arrangés, pouvoir absolu de l’Homme sur la femme et les enfants. On va aussi aborder la chirurgie reconstructrice des organes génitaux, la révolte des jeunes d’aujourd’hui face à ces pratiques barbares, les structures qui existent pour protéger les femmes et les jeunes filles mais malheureusement celles-ci sont bien souvent terrifiées de désobéir aux hommes. Vous aurez compris que le sujet de fond est extrêmement sensible et bien documenté.
Et bien entendu il y a l’enquête qui est très bien ficelée, avec des fausses pistes et du suspense.
Bref, vous aurez compris, les enquêtes de Lynley et Havers… j’adore. 

Extraits:

Le plus compliqué pour un photographe, expliqua-t-elle, c’est de faire oublier la présence de l’appareil. Les gens se raidissent face à l’objectif, c’est un réflexe. Ils prennent la pose et cessent d’être eux-mêmes. Il faut appuyer sur le déclencheur à l’instant… disons, où ils révèlent leur vraie nature. C’est assez facile quand on les photographie à leur insu. Mais pour un livre ou un portrait officiel, il faut ruser. C’est pour ça que la plupart des photographes parlent à leurs modèles pendant qu’ils les prennent en photo.

Selon moi, le seul moyen de vaincre la peur, c’est de l’affronter.

— De toute façon, je parle déjà italien, ajouta-t-elle.
— Ah oui ?
— Ciao, grazie, pizza et prego. Mais ne me demandez pas ce que ça veut dire. Sauf pizza, bien sûr.

— Je l’aimais trop.
— Trop ?
— C’est possible, oui. C’est comme… trop arroser une plante. On croit bien faire mais elle ne le supporte pas, et elle meurt.

Peut-être ne comprenait-il simplement rien à la psychologie féminine. Peut-être le Charles Bingley qui sommeillait en lui, conscient qu’une Elizabeth lui causerait trop de problèmes, cherchait-il sa Jane Bennet ? Une ingénue rougissante, qui parlerait uniquement quand il l’y inviterait, saurait se comporter en société, exprimer ses opinions sans jamais le contredire, n’occuper ses pensées que dans les moments où elle jouerait du piano et n’exister qu’en tant qu’objet décoratif à posséder et admirer ? Cela semblait difficile à croire. À moins que… ? Non, impossible !

Tout ce que je peux te dire, c’est que parfois il faut admettre qu’une personne est trop abîmée intérieurement pour qu’on puisse la réparer, et qu’on doit l’accepter comme elle est.
— Je ne peux me résoudre à croire que… Ce que je crois, c’est que nous incarnons la somme de toutes nos parties, et que notre passé n’est qu’une de ces parties. Il est gravé en nous, bien sûr, mais il ne doit pas nous empêcher d’avancer.

Le rôle d’une femme était de servir les hommes auxquels la liaient sa naissance ou son mariage. Sa propre mère vivait ainsi, tout comme sa belle-mère, sa grand-mère, son arrière-grand-mère, et ainsi de suite jusqu’à l’origine de leur peuple. L’excision purifiait la femme. Une femme pure trouvait plus facilement un mari.

— La vérité est parfois aussi gênante à avouer que désagréable à entendre.

— Je serai aussi brève qu’un été anglais, répondit-elle sur un ton enjoué.
Sauf que, vu le temps qu’il faisait depuis deux mois, leur entretien risquait de durer une éternité.

— Nous avons tous tendance à rechercher ce qui nous est familier. L’habitude nous procure un certain confort et un sentiment de sécurité. 

Un défaut par-ci par-là, ça rend les gens un peu plus humains. Comme les erreurs.
— Depuis le temps, je pense que vous pourriez dresser le catalogue de mes défauts et de mes erreurs.
— Je pourrais en dire autant.
— C’est vrai.
Il observa les murs gris du parking souterrain, puis reprit.
— Mais nos défauts et nos erreurs ne sont qu’une partie de nous-mêmes, non ? C’est la globalité de notre être qui nous permet de tisser des liens, même si, en toute franchise, ce serait plus facile si nous pouvions construire des relations uniquement à partir de ce qui nous plaît chez nous.

2 Replies to “George, Elizabeth « Une chose à cacher » (2022) Lynley (tome 21) 656 pages”

  1. J’ajoute le commentaire que j’avais laissé sur notre blog commun :
    Il a fallu attendre un peu mais alors l’attente en valait vraiment la peine !!!
    Sous couvert de cette enquête pour le meurtre de Teo, on entre de plain-pied dans un sujet brûlant mais si souvent ignoré ou passé sous silence et on est ébahi de voir à quel point les mutilations génétiques sont une réalité horrible toujours aujourd’hui… Et pas seulement dans certains pays africains mais au cœur de nos cités modernes, ici à Londres…
    La plupart des petites filles sont même excisées avant leurs 5 ans… sans oublier les mariages arrangés (forcés même) entre mineurs avec aussi les dots comme enjeu
    Terrible constat.
    En marge de ce terrible sujet et de l’enquête, on retrouve avec plaisir Thomas, Barbara, Winston et aussi Dee ou Daidre et on suit leurs histoires personnelles avec curiosité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *