Manzor, René « Du fond des âges » (2022) – 393 pages

Auteur: René Lalanne, dit René Manzor, né le 4 août 1959 à Mont-de-Marsan, est un réalisateur, scénariste et romancier français. Il est le frère de Francis et de Jean-Félix Lalanne. Les plus grands ont fait appel à son imaginaire, de Delon à Spielberg. 

Romans: En cinq romans seulement, il s’est imposé comme une des références du thriller français
« Le âmes rivales »(2012) – « Celui dont le nom n’est plus » (2014)  Prix Cognac du polar Francophone. « Dans les brumes du mal » (2016) . « Apocryphe » (2018)  Prix Polar « Les Petits Mots des Libraires ».« À Vif », (2021) Grand Prix Iris Noir Bruxelles 2021 et le Prix de l’Embouchure 2022 – « Du fond des âges » (2022)

Calmann-Lévy – 19.10.2022 – 393 pages

Résumé : Nouvelle-Zélande. Un petit garçon court à perdre haleine dans les rues de Christchurch, poursuivi par un homme armé. Des coups de feu éclatent. A l’hôpital, on découvre que l’enfant a été porté disparu il y a trois ans. Il s’appelle Nateo, c’est le fils du célèbre explorateur Marcus Taylor. Pourquoi le retrouve-t-on maintenant ? Etait-il séquestré ? S’est-il enfui ? Et qui peut vouloir tuer un enfant de huit ans ? Un an auparavant, le glaciologue Marcus Taylor dirige une mission de scientifiques envoyés dans une base implantée en plein milieu de l’Antarctique.
Quand ils arrivent sur place, ils découvrent des bâtiments saccagés et déserts. L’équipe précédente a disparu sans laisser de trace. Quel lien y a-t-il entre la réapparition de l’enfant et cette expédition qui tourne au cauchemar ? Une chose est sûre. Il est trop tard pour avoir peur… .

Mon avis:

C’est le premier livre de cet auteur que je lis et j’ai beaucoup aimé. Beaucoup d’action, du suspense, une atmosphère angoissante, des personnages attachants.

C’est un mélange de thriller scientifique, horrifique et de science fiction qui se déroule sur deux lieux : la ville de Christchurch et une station scientifique en Antarctique. Des relents de guerre froide, une compétition scientifique entre les russe set les américains, des coutumes maori, une ancienne secte russe – les khlysts – qui semble refaire  surface, des humains qui se métamorphosent en êtres surnaturels suite à l’action d’une bactérie qui date de trente-quatre millions d’années.. 
Huit survivants au crash de l’avion qui les emmenait rejoindre la base en Antarctique…
Un jeune enfant de huit ans qui a une maturité stupéfiante et un savoir et une manière de s’exprimer d’un adulte.

Et une course contre la montre qui se déroule sur deux plans : survivre au milieu des glaces et sauver un jeune garçon qui fait sa réapparition après une absence de plusieurs années et semble souffrir d’amnésie. L’amour de ses parents parviendra-t-il à le sauver? 

Extraits:

Son observance du deuil maori avait été jusqu’à garder un pagne roulé en turban autour de la tête pour s’enfermer dans le chagrin.

Il faisait de son mieux pour avoir l’air d’un homme normal, notamment à l’université où il enseignait. Cela voulait dire, tous les matins, mobiliser ses ressources intérieures pour effacer les cauchemars de la nuit et conserver, intact, le vernis qu’il présenterait aux autres durant la journée.

c’est en Antarctique que se joue le sort de l’humanité. Si sa calotte glaciaire fondait, le niveau de la mer augmenterait de soixante mètres.

Le défunt était le témoin le plus proche de la vérité. Et celle-ci s’affichait sur lui pour qui se montrait prêt à la recevoir ; un livre ouvert dont les pages resteraient lisibles pendant trois jours et trois nuits. C’était le sens primitif de la veillée funèbre. On parlait avec les morts, autrefois. On les écoutait, surtout.

L’argument était plein de bon sens, mais être humain consiste souvent à refuser d’en avoir.

— Il y a des tremblements de terre en Antarctique ?
— Des tremblements de glace, fit Marcus sans quitter le plan des yeux. Avec des magnitudes de sept sur l’échelle de Richter. À chaque secousse, la calotte glaciaire avance d’une quarantaine de centimètres vers la mer.

— Les morts ne donnent pas de seconde chance, Yuri. Ils te volent la première.
— Pourquoi je te voudrais du mal ? demanda Abby.
— Parce que je suis différent. Les gens veulent détruire ce qui est différent. Ça leur fait peur. Peur d’être remplacés, parce que tellement banals.

— Qu’est-ce qui te fait peur, dans ta mémoire ?
— Les sentiments qui y sont stockés. Je ne suis pas encore à l’aise avec.
— Quel genre de sentiments ?
— Tous. L’amour, la haine… c’est difficile de faire la différence entre les deux. La mémoire complique tout. Elle nous force à comparer en permanence le présent et le passé.

— Ce qui est passionnant chez les sceptiques, poursuivit le vieux Maori, c’est qu’ils sont toujours à la recherche de preuves. Mais seraient-ils capables de croire s’ils en trouvaient ? Ou douteraient-ils de leur propre jugement?

Information: Les khlysts  : les adeptes d’une secte russe active de la fin du xviie siècle au début du xxe siècle.