Penny, Louise « Un monde de curiosités » (2023) 464 pages Série Armand Gamache enquête tome 18

Autrice : née le 1er juillet 1958 à Toronto, est une femme de lettres canadienne surtout connue pour ses romans policiers. Elle demeure à Knowlton au Québec où se situe le décor des enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache de la Sûreté du Québec. Les livres de cette série lui ont valu quatre fois de suite (2007–2010) le prix Agatha pour le roman policier qui se conforme au genre du whodunit dans le style d’Agatha Christie.

Série: Armand Gamache enquête

Romans indépendants : 

« État de terreur », (State of Terror, 2021), trad. Lori Saint-Martin et Paul Gagné Coécrit avec Hillary Rodham Clinton. Réédition, Actes Sud, coll. « Actes noirs », 2022

Voir article global sur la Série : La série des enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache

Tome 18 : « Un monde de curiosités  » (paru au Canada en septembre 2023)

Flammarion Québec –  07.09.2023 – 464 pages – Traduit de l’anglais par Paul Gagné– A world of Curiosités –  (Canada)

Résumé :
Après un rude hiver, Three Pines se prépare à renaître, mais tout ce qui était en dormance ne devrait peut-être pas revivre… L’arrivée de deux jeunes gens inquiète Armand Gamache et son second Jean-Guy Beauvoir. En effet, la présence de Fiona et Samuel réveille le souvenir troublant de la première affaire qui a réuni les enquêteurs : l’assassinat de Clotilde Arsenault, mère de deux enfants laissés brisés par ce drame. Pourquoi le frère et la soeur surgissent-ils après tant d’années ? Alors que Gamache s’efforce de répondre à cette question, une lettre vieille de cent cinquante ans ravive ses appréhensions.

Ce qu’en dit l’éditeur:
«Le récit des débuts de la relation entre Gamache et Beauvoir est ce qui en fait l’un des meilleurs Louise Penny.» Kirkus Après un rude hiver, Three Pines se prépare à renaître, mais tout ce qui était en dormance ne devrait peut-être pas revivre… L’arrivée de deux jeunes gens inquiète Armand Gamache et son second Jean-Guy Beauvoir. En effet, la présence de Fiona et Samuel réveille le souvenir troublant de la première affaire qui a réuni les enquêteurs : l’assassinat de Clotilde Arsenault, mère de deux enfants laissés brisés par ce drame. Pourquoi le frère et la sœur surgissent-ils après tant d’années ? Alors que Gamache s’efforce de répondre à cette question, une lettre vieille de cent cinquante ans ravive ses appréhensions. Le document, rédigé par un maçon, décrit dans des mots terrifiants comment une mansarde fut murée dans une maison du village. Brique par brique, c’est un monde de curiosités et de menaces qui apparaît au grand jour. La chambre secrète recèle des énigmes qui s’imbriquent dans d’autres énigmes, laissant planer plusieurs messages à saveur de vengeance.

Mon avis:

Une fois encore je suis époustouflée par les romans thrillers de cette autrice. Tout y est : le contexte, l’humanité, l’ambiance, l’atmosphère, les personnages récurrents et les autres, les sujets de société, le suspense, la psychologie, la bonté, une imagination débordante, tout quoi… 

On retrouve Gamache et Beauvoir à deux époques de leur vie: à l’heure actuelle et le jour où ils ont fait connaissance et où Gamache a décidé de lui donner sa chance. Je n’ai pas envie de vous en dire davantage…mais on va comprendre qu’au fil des ans, les deux hommes se sont énormément rapprochés mais que certaines de leurs intuitions ou convictions n’ont pas bougé d’un iota… Va-t-on découvrir qui avait raison après toutes ces années? Le passé rejoint le présent et…
Ce roman est a fleur de peau, et Gamache va même sortir de ses gonds! Et pour que ses limites soient sur le point d’exploser.. il en faut!
Bien évidemment on retrouve les personnages de la série qui nous accompagnent depuis longtemps et c’est un tel bonheur de ses retrouver. Et c’est là que l’on se rend compte qu’il est important de lire la série dans l’ordre, même si on peut lire le roman sans avoir lu les précédents. Mais ce serait dommage de s’en priver! 

L’autrice nous révèle que le thème principal du roman est « le pardon »… Oui… mais moi, je vous le dis de suite, jamais je n’aurais imaginé pardonner !!! 

Des faits réels sont cités dans le roman, comme la tuerie de masse de Polytechnique;  Anne Lamarque est aussi un personnage qui a bien existé. Pour ce qui est du tableau, je dois dire que c’est effectivement digne des cabinets de curiosités! Il est juste incroyable… j’en voudrais pas chez moi… mais c’est une mosaïque d’objets incroyable!

Extraits:

— Derrière chaque histoire, il y a toujours une autre histoire. Il y a toujours plus que ce que l’œil peut voir.

Il est facile de se souvenir des actes de cruauté parce qu’ils laissent une cicatrice, une croûte qui dissimule le reste. Voile le bien. Mais les actes épouvantables, les personnes épouvantables, sont l’exception.

Il avait décidé de consacrer sa vie à la traque des assassins, à l’étude de la psyché des fous. À l’exploration des cavernes et des fissures sombres où les meurtres prenaient naissance et grandissaient, étaient nourris et protégés avant de faire leur entrée dans le monde.

Les paroles avaient pour effet de broyer ces gens. De les tuer. Ils ne seraient plus jamais les mêmes. Ils habitaient désormais un enfer où s’était produit l’impensable. Où se dresserait, désormais et pour toujours, une frontière entre l’«avant» et l’«après».

Il est tellement aigri qu’il ferait tourner le vinaigre.

Il devait les tirer de cette souffrance et les plonger dans la suivante. Une perte si lourde se compose d’une succession de douleurs semblable à un passage à gué. Jusqu’au jour où ils atteindraient l’autre rive. Le nouveau continent. Où existait la terrible réalité et où le soleil ne se levait jamais vraiment. Mais où, avec du temps et de l’aide, ils finiraient peut-être par accepter les faits et trouver la paix.

Il savait que, chez les êtres chers, la culpabilité s’ajoute souvent au poids du chagrin. Qui devient encore plus écrasant. Parce que, malgré toutes les preuves contraires, ils se demandent ce qu’ils auraient pu ou dû faire autrement. Pour prévenir la tragédie.

— Une maison change. Des objets se perdent ou se brisent. Mais l’amour que tu gardes en toi est en sécurité, pour toujours. Il ne risque rien.

Se demander sans cesse ce qui se passe vraiment dans toutes ces rues sans histoire. Dans toutes ces maisons. Dans toutes ces têtes. Et si, même en ouvrant grand les yeux et les oreilles, on ne risque pas de manquer quelque chose.

Il s’agit d’une sorte de fusion. J’ai observé le phénomène chez des enfants profondément traumatisés. Ils se perdent dans quelqu’un d’autre. Restent cachés jusqu’au jour où ils vont mieux.

En raison de son extrême compassion envers ces enfants, Armand Gamache était vulnérable. Sam s’était infiltré en lui par le cœur.

Il baissa les yeux sur la table où sa femme et lui avaient pris de si nombreux repas. Dont plusieurs en silence. Après trente années de mariage, on n’a plus grand-chose à se dire. Ce silence n’est ni hostile ni chargé de regrets. Il reflète plutôt une paisible quiétude.

«Enjôleurs» est le mot qui me vient à l’esprit.
— Joli mot.
— Pour un amoureux, peut-être. Mais pas pour un psychopathe. Dans ce cas, c’est l’horreur. On a beau résister, on se sent céder à leur emprise. Ils s’immiscent dans votre tête.

— Je pense que vous avez été témoin du phénomène. Le psychopathe réagit comme un enfant en colère. Un enfant furieux et frustré lance des jouets et de la vaisselle, casse tout ce qui lui tombe sous la main. Un psychopathe furieux et frustré casse des gens.

Vocabulaire  quebécois:
– Guidoune: Femme facile, qui a une vie sexuelle très libre, généralement une prostituée
– Tabarnak: Juron manifestant la colère, l’indignation, la surprise ou l’étonnement s’il est situé en début de phrase
– Maudite marde: interjection exprimant la colère, la contrariété, la déception, la douleur, l’impatience, etc. Bref, n’importe quelle émotion négative finalement!