Garcia Sáenz de Urturi, Eva  «Le silence de la ville blanche» (2020) 624 pages Série Kraken tome 1

Garcia Sáenz de Urturi, Eva  «Le silence de la ville blanche» (2020) 624 pages Série Kraken tome 1

Autrice: Eva García Sáenz de Urturi (Vitoria-Gasteiz, Pays basque, 20 août 1972) est une romancière espagnole. 

Romans:
Série Kraken – La ville blanche : Le silence de la ville blanche (tome 1)  – Les rites de l’eau (tome 2) – Los señores del tiempo (tome 3) – El Ángel de la ciudad (tome 4) – El libro negro de las horas (tome 5)
Autres: Aquitania

Fleuve noir – 10.09.2020 – 558 pages / Pocket – 07.04.2022 – 624 pages    traduit par Judith Vernant

Résumé:  Dans la cathédrale de Santa Maria à Vitoria, un homme et une femme d’une vingtaine d’années sont retrouvés assassinés, dans une scénographie mystérieuse : entièrement nus, se touchant la joue dans un geste amoureux alors qu’ils ne se connaissaient pas. Détail encore plus perturbant : l’autopsie montrera que leur mort a été causée par des abeilles insérées dans leur bouche. La mise en scène rappelle une série de crimes qui a terrorisé la ville vingt ans auparavant. 

Sauf que l’auteur de ces actes, jadis membre apprécié de la communauté de Vitoria, est toujours derrière les barreaux. Sa libération conditionnelle étant imminente, qui est le responsable de ces nouveaux crimes et quel est son but ? Une seule certitude, l’inspecteur Unai Lopez de Ayala, surnommé Kraken, va découvrir au cours de l’enquête un tout autre visage de la ville.

Mon avis:

Ceux et celles qui me connaissent un peu savent que j’aime énormément les romans – thrillers ou pas – d’auteurs de la péninsule ibérique (Espagne, Pays basque, Catalogne, Portugal). Et cette autrice basque ne déroge pas à la tendance.
J’ai fait la connaissance de Unai Lopez de Ayala, alias Kraken, profiteur dans la police de Vitoria (Pays basque)  de l’inspectrice Estíbaliz Ruiz de Gauna, qui est spécialisée en victimologie et de la sous-commissaire Alba Díaz de Salvatierra. Et avant tout, je me réjouis – à peine le livre terminé – de les retrouver pour la suite de la série.
Les corps de deux jeunes de vingt ans sont retrouvés, les mains posées sur les joues l’un de l’autre… Il n’en faut pas moins pour que le fantôme de crimes commis il y a une vingtaine d’année ressurgissent… Le problème est que la personne qui a été arrêtée pour ces crimes est sous les verrous et est à priori innocente de ces deux meurtres… Et si elle était innocente des 8 meurtres pour lesquelles elle a été incarcérée. L’inspecteur Unai Lopez de Ayala va reprendre contact avec le prisonnier…
L’intrigue se déroule à Vitoria et dans les villages environnants. Outre les personnages, c’est un plaisir de découvrir l’histoire et les légendes qui se rattachent à la ville, comme c’était déjà le cas avec la trilogie la trilogie du Batzan de Dolores Redondo Meira. Les deux autrices basques ont su créer une ambiance particulière.
Quant aux personnages, qu’il s’agisse des policiers et leur famille ou des jumeaux Tasio et Ignacio Ortiz de Zárate, qui se retrouvent dans le collimateur de la police, ils ont des caractères et des destins qui nous cachent bien des choses.
Je vous recommande vivement de partager le présent et le passé de tous les protagonistes de cette enquête, qui est pleine de rebondissements, qui nous entraine au bout de suspense ; un superbe thriller psycho-psychiatrique, des réflexions sur la violence, sur l’enfance, sur la gémellité, sur l’amour, la confiance, la trahison… tout y est pour vous faire passer un excellent moment et avoir envie de retrouver Unai, Estí et Alba pour de nouvelles aventures..

Extraits: 

Eguzki-lorea : « la fleur-Soleil » en basque. Il s’agit de la Carline acaule, la fleur du chardon sylvestre. Elle est considérée comme un symbole solaire protégeant la maison des orages et des esprits malins. On l’accroche au linteau de la porte principale ou à l’entrée de la maison basque afin qu’elle ne soit pas frappée par la foudre.

À Vitoria, la toponymie des rues se chargeait de nous rappeler quels étaient les métiers de nos ancêtres : la Herrería, la Zapatería, la Correría, la Pintorería… Le tracé original de l’Almendra, l’« amande » médiévale, demeurait intact, malgré le passage des siècles.

Je me fiais aux impressions d’Estíbaliz comme la roue arrière d’un tandem se fie à la roue avant. C’était notre façon de fonctionner, de pédaler ensemble.

dans cette région, le paraître compte autant que la réalité. Rappelez-vous ce que disait Jules César à propos de son épouse : « Il ne suffit pas que la femme de César soit honnête, elle doit aussi en avoir l’apparence. »

Les abeilles détectent l’adrénaline que les humains sécrètent en situation de stress. Elles se sentent attaquées et piquent. C’est pour ça que les apiculteurs doivent être des personnes calmes, ou capables de contrôler leur nervosité quand elles s’approchent des ruches. 

Moi aussi, j’ai essayé de trouver des liens entre les victimes, et ça m’a pris un temps précieux qui aurait pu permettre d’éviter les derniers meurtres. (Il prononça ces mots comme s’il mordait dans un citron, comme s’ils lui faisaient mal.) C’étaient des meurtres rituels. Les eguzkilores, le poison ancestral, les corps orientés vers le nord-ouest, comme le faisaient les hommes préhistoriques…

Nos mères nous apprennent à prier le chapelet pour la paix, autrement dit, à regarder ailleurs et à la boucler comme des lâches. C’est ce que nous faisons, sans nous poser de questions.

Je parlais trop. Je parlais trop et je le savais. Dans une conversation, celui qui s’exprime le moins prend les commandes. C’était ma règle pour conduire les interrogatoires, et à présent je tombais, je chutais consciemment.

Il y a tout un éventail de profils chez les admirateurs des tueurs en série. Il y en a qui cherchent juste à se faire peur, d’autres qui te font part de leur admiration d’avoir le courage de mettre à exécution leurs fantasmes, un tas de femmes qui veulent coucher avec toi… Certaines ont le complexe de l’infirmière : elles veulent réparer des individus bousillés, c’est leur déclencheur émotionnel. Elles ont tout un historique de relations avec des alcoolos, des toxicos, des malades incurables ou au stade terminal… Et parfois, elles s’intéressent à des prisonniers accusés de crimes de sang. Enfin il y a un dernier type d’admirateurs, heureusement plutôt rare, qui est aussi le plus dangereux. Ce sont les vrais, ceux qui auraient vraiment voulu être l’assassin et pour qui entrer en contact avec lui constitue un premier pas vers le passage à l’acte.

Les gens m’appelaient, s’inquiétaient de savoir comment nous allions, mon frère et moi, me consolaient. Ça me donnait la chair de poule, parce que je comprenais que la douleur unissait aussi les personnes, peut-être plus que la joie, que les ingrats que nous sommes oublient aussitôt.

Je suis convaincue que quelqu’un qui contrôle une rédaction a le pouvoir de transformer en saint la pire des crapules et de faire tomber qui il veut, même le plus honnête des hommes. Et en la matière, les directeurs de nos vénérables journaux ne sont pas précisément des novices.

Parfois, il suffit de tendre l’oreille et d’écouter. Souvent, les témoins – même indirects – d’un crime ont beaucoup à nous dire et nous, les enquêteurs, nous ne savons pas les écouter. Nous nous prenons pour des experts, mais nous ne connaissons ni les agresseurs ni les victimes. Leur entourage, si.

Mythologie basque:  (sources :  Wikipedia et mythlegendes)
Déesse Mari: déesse mère de la mythologie basque, divinité polymorphe représentant la nature1 et se présentant généralement sous l’apparence d’une femme vêtue avec élégance.
On assure qu’elle est la reine des restes des génies, étant rattachée avec Manu (également identifié comme étant Herensuge ou Sugaar (le serpent mâle) qui est son compagnon et générant des tempêtes lorsqu’ils se rencontrent. Selon les légendes , Mari est implacable avec les menteurs, les orgueilleux, les voleurs et avec ceux qui ne pratiquent pas l’entraide et la solidarité entre les humains, les punissant avec diverses formules.

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