Petrosky, Stanislas « L’affaire de l’île Barbe »(2022) 230 pages (série Surin d’Apache Tome 1)

Petrosky, Stanislas « L’affaire de l’île Barbe »(2022) 230 pages (série Surin d’Apache Tome 1)

Auteur : Stanislas Petrosky, de son vrai nom Sébastien Mousse, est un écrivain qui vit en Normandie. C’est après une première vie de thanatopracteur qu’il rentre en écriture.

série Surin d’Apache : « L’affaire de l’île Barbe » suivi de « Face au Crime (Tome 1)(2022)  – « L’affaire Echallier » suivi de « Face au Crime (2023)  (tome 2)

Editeur AFITT – 08.09. 2022 – 230 pages 

Illustrations : Michel Montheillet –  Amos Frappa (Postfacier), Bernard Marc (Préfacier)

Résumé : 

Janvier 1881, on découvre sur les bords de la Saône, le cadavre d’une femme mutilée. Les restes sont transportés sur la morgue flottante de Lyon, où ils seront autopsiés. C’est pour Ange-Clément Huin le début d’une grande aventure aux côtés de son maître, le professeur Alexandre Lacassagne. Comment cette mauvaise graine, cet Apache, est devenu le fidèle auxiliaire d’un des plus grands pontes de la médecine légale, c’est ce que vous découvrirez dans ce premier carnet secret…
Le professeur Alexandre Lacassagne est l’un des fondateurs de la médecine légale moderne, précurseur de la police scientifique.
De manière romancée, Stanislas Petrosky raconte ses plus grandes affaires et l’évolution de la médecine judiciaire.

Mon avis:

Il y a quelques années j’avais beaucoup apprécié la lecture de la série de Sophie Bouhier qui parlait des débuts de la médecine légale à Lyon (Les enquêtes du commissaire Kolvair et du Professeur Salacan  dans le Lyon des années 20…) 

Avec Petrosky on est encore avant, à la fin des années 1800 : la médecine légale, Lyon, le XIXème siècle, la morgue flottante

La médecine légale en est à son début. Pour le Professeur Lacassagne elle va permettre de résoudre des crimes mais aussi d’identifier les corps (en faisant usage de la photographie, des moulages, des empreintes digitales) et aussi de permettre aux familles de retrouver leurs morts, de faire leur deuil et de régler des successions.

Tout détail a son importance, un tatouage, une vieille blessure…

Le cas qui nous occupe dans ce roman est le premier cas de dépeçage à Lyon. Il met aussi en lumière l’étroite connexion entre la police et les bas-fonds, la corruption des fonctionnaires, le manque de moyens quand on pense que la morgue est encore en 1881 une simple barge flottante  

Petrosky mélange les vrais acteurs de l’époque (Lacassagne, les policiers Morin et Jacob) à des intervenants inventés comme Ange-Clément Huin. Le roman est basé sur un fait réel : un cadavre sans jambes repêché dans la Saône. 

J’ai aimé le coté historique, les personnages, le lien entre le Professeur Lacassagne et son protégé, la description de la vie à l’époque, les explications relatives à la progression de la médecine légale et la préface et la post-face qui sont très instructives, les illustrations intéressantes. 

Je passe au tome deux des enquêtes lyonnaises de Surin d’Apache, « L’affaire Echallier » pour retrouver le duo Lacassagne-Ange-Clément dans de nouvelles aventures.  

Extraits :

Mon maître pensait, à juste escient, que vu l’état du cadavre et ses diverses plaies, nous ne pourrions le conserver bien longtemps. Alors il avait décidé de faire venir son ami pour « immortaliser » la dépouille.

Ce qui allait permettre de continuer de tenter une identification, même après l’inhumation.

Il tira des épreuves des sections amputées des membres inférieurs, du visage, bien entendu, de face et de profil, des bras et du buste.

Mais comme vous le savez, il faut chercher à penser de la même façon que le meurtrier, et toujours commencer par émettre l’hypothèse la plus simple. 

Chaque dessin, chaque phrase représente une partie de la vie de ces gens. Je dirais même que parfois, c’est l’autobiographie de ceux qui ne savent pas écrire. La première femme aimée, la mère adorée, l’arme de prédilection, le gang auquel on appartient. On le marque en son derme pour ne pas l’oublier jusqu’à sa mort. 

Dans une discussion, il fallait faire attention à chaque mot que l’on prononçait. Ils étaient aussi importants que n’importe quelle trace sur un cadavre. Il analysait tout, comprenait beaucoup et essayait sans cesse de trouver de nouvelles façons de faire avancer sa science.

En médecine judiciaire, comme partout, il ne faut point avoir de certitudes. La certitude vous conforte dans des idées établies et vous empêche de réfléchir à d’autres solutions, elle freine toute évolution.

Le Code pénal napoléonien de 1810 cantonne en effet la police au rôle de simple auxiliaire de la justice. 

L’affaire de l’île Barbe correspond donc à un moment charnière dans l’histoire lyonnaise du crime. Si le vent du renouveau commence à se faire ressentir, le paysage reste malgré tout semblable à ce qu’il avait été tout au long du xixe siècle. La professionnalisation de la police reste ainsi largement incomplète.

Ce n’est qu’en 1879 que la Sûreté générale – c’est-à-dire le ministère de l’Intérieur – instaure un examen à destination des commissaires et inspecteurs de police.

un rapide survol de l’histoire des services de Sûreté laisse entrevoir, chez ses agents, une certaine appétence pour le crime, à commencer par le premier d’entre eux : Vidocq. Le fondateur de la Sûreté parisienne sous la Restauration n’est autre qu’un ancien bagnard ayant décidé de changer de camp. Avec l’accord du préfet de police de Paris, il forme une petite brigade composée exclusivement d’anciens malfaiteurs.

La « Rousse », puisque tel est le surnom de cette fine équipe, n’est dissoute qu’en 1832 pour être remplacée par un service plus officiel. Ce péché originel semble marquer à jamais l’histoire de la Sûreté. 

 

Image : la morgue flottante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *