May, Peter « Tempête sur Kinlochleven » (2024) 344 pages

May, Peter « Tempête sur Kinlochleven » (2024) 344 pages

Auteur :  Né le 20 décembre 1951 à Glasgow, Peter May a été journaliste, puis brillant et prolifique scénariste de la télévision écossaise. Il vit depuis une dizaine d’années dans le Lot où il se consacre à l’écriture. Sa trilogie écossaise – L’Île des chasseurs d’oiseaux, L’Homme de Lewis et Le Braconnier du lac perdu –, initialement publiée en français par les Éditions du Rouergue, a conquis le monde entier. Saluée par de nombreux prix littéraires, toute son œuvre est disponible aux Éditions du Rouergue.

Pour mes commentaires de ses livres : voir dans la liste des auteurs (M-Q)
Séries : La Trilogie écossaise – Série chinoise – Série Assassins sans visage –
Autres: Scène de crime virtuelle – L’Île du serment – Les Fugueurs de Glasgow (pas lu)-
– Les Disparus du phare – Je te protégerai  La Petite Fille qui en savait trop – Rendez-vous à Gibraltar (pas lu) – Quarantaine -Un chemin sans pardon (pas lu)— Tempête sur Kinlochleven –

Rouergue noir – 27.03.2024 – 344 pages ( « A winter Grave » traduit de l’anglais par Ariane Bataille)

Résumé :
Cameron Brodie est un flic de Glasgow. Un veuf solitaire qui, comme tout le monde, endure les effets du changement climatique ? : avec la perturbation des courants océaniques, l’Ecosse est devenue en ce milieu du vingt et unième siècle une terre quasi polaire. Quand son chef lui demande de se rendre dans les Highlands où le corps d’un journaliste d’investigation a été retrouvé dans un tunnel de glace, Brodie décide d’accepter cette improbable mission.
C’est que son médecin vient de lui annoncer qu’il ne lui reste que six mois à vivre et qu’aller à Kinlochleven est son unique chance de revoir Addie, sa fille unique, avec laquelle il n’a plus aucun contact depuis dix ans. Et c’est justement Addie qui a découvert la dépouille de Charles Younger. Dans ce passionnant roman qui dépeint un futur proche terriblement vraisemblable, Peter May nous immerge dans des paysages aussi grandioses qu’inquiétants.
Quels dangereux secrets recèlent ces montagnes lointaines et inhospitalières, qui ont conduit au meurtre d’un homme atteint d’étranges lésions pulmonaires ? Quel dialogue un père et une fille séparés par des années d’incompréhension vont-ils parvenir à nouer ? Avec maestria, Peter May emporte son lecteur dans un maelstrom de rebondissements et d’émotions.

Mon avis:
Une fois de plus un excellent Peter May qui se déroule principalement en Novembre 2051. Mais je ne vais pas trop developper ma chronique pour vous laisser découvrir… Difficile d’en parler sans divulgâcher mais sachez qu’il y a des meurtres, des rapports familiaux difficiles, des secrets du passé, de l’action, du suspense, une véritable course contre la montre pour la survie … Une fois encore Peter May a le chic pour dépeindre l’Ecosse, même si elle semble particulièrement hostile dans cette partie du pays.
Un reporter du Scottish Herald a disparu dans les West Highlands . Son corps est retrouvé quelques mois plus tard par une jeune femme qui n’est autre que la fille de l’Inspecteur qui va se rendre sur place. Seul petit souci, les relations père-fille sont totalement rompues depuis la mort de sa mère..
Le changement climatique a entrainé la disparition de nombreux villages, engloutis sous l’inondation initiale, et l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés climatiques et par voie de conséquence l’augmentation du racisme. On se déplace maintenant en bateau-taxi dans les villes, on a droit à des tempêtes de glace et les conditions climatiques sont apocalyptiques dans les montagnes où le corps a été retrouvé. 

On y parle aussi des deepfake, de l’intelligence artificielle, des effets spéciaux numériques, de l’énergie, des déchets radioactifs, du futur .. un polar dystopique (pas dans si longtemps) qui fait froid partout !!!!

Extraits: 

Le chagrin, un état naturel interrompu par de rares instants de plaisir imprévus.

Kin est le mot gaélique pour tête, extrémité. D’où le nom du village : Kinlochleven. Le village au bout du loch Leven.

Elle ne parvient pas à empêcher ses pensées de se focaliser de nouveau sur toutes ces choses qui la perturbent depuis quelques mois. Elle ferme les yeux, comme si cela pouvait les chasser, mais elle porte sur elle sa dépression comme le sac sur son dos. Si seulement elle pouvait l’enlever aussi facilement de ses épaules quand elle rentre à la maison.

Le métro, surnommé le Clockwork Orange à cause de sa ligne circulaire et de la couleur de ses trains, n’avait jamais rouvert après avoir été submergé par les premières ondes de tempête. Dès le début de l’inondation initiale, magasins et appartements des environs avaient été sauvagement mis à sac. 

On ne voyait le monde qu’à travers des rideaux de pluie qui le déformaient constamment.

Il nous a expliqué que lorsqu’il pratiquait une autopsie sur des victimes de meurtre, il se sentait en quelque sorte leur dernier représentant sur cette terre. La seule personne capable de raconter leur histoire, d’expliquer comment elles étaient mortes, et même d’attraper leur meurtrier. (Elle sourit.) Et c’est là que j’ai décidé de devenir médecin légiste. (Elle laissa échapper un petit rire d’autodérision.) J’aurais peut-être réagi différemment à l’époque si j’avais pris conscience que ça impliquait quatre ans d’études supplémentaires.
Brodie n’en revenait pas.
— Neuf ans d’études pour ouvrir des cadavres. Et seulement cinq pour soigner les gens ?

Ces choses dont il n’avait jamais parlé à personne. Et, avec le sentiment de la proximité croissante de sa propre mort, il éprouvait l’envie presque irrépressible de les crier sur les toits.

Quand tu montes sur ces pics, c’est comme si tu te trouvais sur le toit du monde. Ça remet tout en perspective et tes problèmes te paraissent tout petits en comparaison.

C’était un peu comme, quoi, un chat qui se cache la tête sous un coussin en pensant que s’il ne voit rien on ne le voit pas non plus. On faisait semblant de mener une vie commune. Si on ne parlait pas du reste, le reste n’existait pas.

Mais, comme aimait le répéter son vieux professeur d’histoire, la seule chose que nous enseigne l’Histoire c’est qu’on ne tire jamais aucune leçon de l’Histoire.

Rien ne venait combler ce vide. Pas même des regrets. Il se demandait comment un tel néant plein de rien pouvait peser si lourd.

Tu crois toujours avoir le temps. D’arranger les choses, de te rattraper plus tard. Mais non. Tu gâches ta vie à faire des trucs qui ne servent à rien. Tu veux des choses que tu ne peux pas avoir, tu rêves de trucs impossibles. Et pendant tout ce temps, la vie te glisse entre les doigts, comme autant de grains de sable au nombre limité, gaspillés… pour rien. Puis, soudain, tu te rends compte que tu arrives au bout de ta vie, et que tout ce qui t’en reste, ce sont des regrets. Les choses que tu as dites, ou pas. Les choses que tu as faites, ou pas. Et tout t’apparaît comme un putain d’exercice inutile.

Elle contourna la barrière de sécurité et pénétra sur la petite place, plutôt un rond-point pavé aménagé autour d’une vieille fontaine en pierre surmontée par une licorne dressée sur une colonne. La licorne : l’animal mythique, symbole national de l’Écosse. Image de pureté et d’innocence.

Photo : Kinlochleven Community Trust 

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