Abel, Barbara « Les fêlures » (2022) 480 pages
Autrice: Barbara Abel, née le 3 décembre 1969 à Bruxelles, est une auteure belge de romans policiers et scénariste de séries
Ses romans : L’Instinct maternel, 2002 – Un bel âge pour mourir, 2003 – Duelle, 2005 – La Mort en écho, 2006 – Illustre Inconnu, 2007 – Le Bonheur sur ordonnance, 2009 – La Brûlure du chocolat, 2010 – Derrière la haine, 2012 – Après la fin, 2013 – L’Innocence des bourreaux, 2015 – Je sais pas, 2016 – Je t’aime, 2018 – Et les vivants auteur, 2020 – Les fêlures, 2022 – Comme si de rien n’était , 2024
Plon – 31.03.2022 – 420 pages / Pocket – 12.01.2023 – 480 pages
Résumé:
Quand les fêlures se révèlent, il est déjà trop tard !
Qui est le véritable meurtrier d’un être qui se suicide ? Lui, sans doute. Et puis tous les autres, aussi. Quand Roxane ouvre les yeux, elle sait que les choses ne se sont pas passées comme prévu. Martin et elle formaient un couple fusionnel. Et puis, un matin, on les a retrouvés dans leur lit, suicidés. Si Roxane s’est réveillée, Martin, lui, n’a pas eu sa chance… ou sa malchance. Comment expliquer la folie de leur geste ? Comment justifier la terrible décision qu’ils ont prise ? Roxane va devoir s’expliquer devant ses proches, ceux de Martin, et bientôt devant la police, car ce suicide en partie raté ne serait-il pas en réalité un meurtre parfait ? Que savons-nous réellement de ce qui se passe au sein d’un couple ? Au sein d’une famille ? Que savons-nous des fêlures de chacun ?
Mon avis:
Ce n’est pas le coup de foudre et loin de là mais j’ai bien apprécié cette réflexion sur le suicide. Toutefois c’est ma deuxième lecture de cette autrice et je ne peux pas dire- une fois encore – que je suis emballée. Je trouve long à démarrer…… une enquête psychologique dont j’ai bien apprécié la fin. Je peux recopier mon avis sur le précédent «Derrière la haine» .. « je n’ai pas aimé sa façon d’écrire et pour moi, il n’y a pas que l’intrigue qui compte. J’ai toutefois pris la décision de poursuivre ma lecture, en privilégiant le fond à la forme. Il faut reconnaitre que c’est juste machiavélique. »
L’autrice aborde les problèmes de la différence de classe sociale, des traumatismes de l’enfance, la sonorité, les problèmes de couple, l’alcool, mais je n’accroche pas… Je ne ressens pas d’émotion… cela m’intéresse mais ne m’émeut pas…
Extraits:
Parler est une reprise de contact avec ce monde. Se taire, c’est une manière pour elle de refuser ce contact.
Alors que Roxane brille de mille feux et attire tous les regards, Garance se déplace dans l’existence avec la discrétion d’une confidence.
J’ai très vite compris que, pour échapper à son influence toxique, je devais ne m’attacher à rien, ni à personne. Elle se servait toujours de nos faiblesses pour nous atteindre.
Parce qu’un suicide est un aveu d’incurie. En dépit du malheur qui les frappe, les proches du suicidé deviennent complices, presque responsables d’une si tragique issue : ils n’ont pas été capables d’empêcher le pire, ils n’étaient pas là, ils n’ont rien vu. Ils sont coupables de négligence dans le meilleur des cas, d’incompétence dans le pire. À la fois victimes et bourreaux, ils portent en eux la marque de l’infamie.
On les plaint à grands cris autant qu’on les accuse en silence.
Le problème, avec les suicidés, c’est que le bourreau et la victime ne sont qu’une seule et même personne. Impossible de condamner l’un pour pouvoir pleurer l’autre. Pire, la propre responsabilité des proches est engagée, et les questions viennent hanter les consciences, elles s’imposent et s’installent, elles grignotent jusqu’à la plus petite parcelle de sérénité. Les émotions se mélangent, entre reproches et culpabilité, colère et tristesse, amour et haine.
Cette sensation d’absence absolue, un trou noir qui dévore tout autour de lui, le vide partout et surtout en moi, impossible à combler… Plus rien n’a de sens, plus rien n’a de forme, de lumière, d’odeur. Tout est tellement lisse, et plat. Tout est gris.
Il observe ces gens qu’il côtoie chaque jour, étranges et ambigus, dont le seul point commun est un complet gris.
Quand il l’évoque, ce complet gris, il l’appelle le linceul.
Son stylo marque le papier de ses doutes, elle ne cesse d’hésiter, elle passe d’un terme à un autre, le détermine par d’autres mots, rature, griffonne, trace les paroles qui érigent ses souvenirs. Elle ne comprend pas bien comment, armée de si maigres outils, vingt-six lettres à assembler selon un ordre défini, elle peut rendre la puissance du feu qui la consume.
Dans un suicide, où est la victime, où est le bourreau ? En vérité, le criminel est ailleurs.
Dans un suicide, où est la victime, où est le bourreau ?
Qui est le véritable meurtrier d’un être qui se suicide ?
Lui, sans doute.
Et puis tous les autres, aussi.
Leur histoire sera pareille à une image sépia, lumière tamisée, on n’y distinguera ni les accrocs ni les défauts, à peine les ombres. Le reste n’aura pas d’importance,