de Muriel, Oscar « Sang d’encre »(2023) 376 pages ( Série Les mystères de Soeur Juana – tome 2)
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Auteur: Oscar de Muriel est né à Mexico City en 1983. Il est chimiste, violoniste, traducteur et écrivain. Il a obtenu son doctorat (Ph.D.) en chimie en Angleterre où il a travaillé également comme traducteur. il vit aujourd’hui entre le Mexique et le nord de l’Angleterre.
Série Les mystères de Soeur Juana (trilogie) : « Mort au couvent » – « Sang d’encre » – « Effroyables remèdes » –
Presses de la Cité – 08.06.2023 – 378 pages/ Points poche – 21.06.2024 -376 pages ( traduit par Vanessa Canavesi)
Résumé:
Ma plume rouge est sang. Prends garde, impie… Le génial astronome Don Carlos Sigüenza y Góngora a disparu ! Il ne reste de lui qu’un chapeau couvert de sang retrouvé dans la cour du palais royal.
Sa disparition serait-elle liée a cette comète maléfique qui a causé une terreur sans nom aux Amériques ? Ou aux manuscrits hérétiques controversés que l’érudit était enfin parvenu à faire publier ? Aidée de la novice Alina et de Matea, sa fidèle servante, soeur Juana compte bien tirer l’affaire au clair.
Qui a dit que la vie cléricale manquait de piquant ?
Mon avis :
A peine le premier tome terminé j’ai enchainé sur la suite. Si j’avais aimé le premier j’ai encore plus apprécié celui-ci ! Quel plaisir de retrouver le trio soeur Juana, Alina et Matea. Les personnages importants du couvent sont toujours là mais les rôles ont un peu changé suite à l’élection d’Encarnación à la tête du couvent. Alina a maintenant la charge d’un potager qu’elle a crée et développe une petite herboristerie (on se souvient de l’herbier et du manuel d’herboristerie de son père) et va même jusqu’à distiller des préparations végétales. Elle s’est vite coulée dans la vie du couvent et semble s’y trouver de mieux en mieux. Son intérêt pour les cieux et les astres grandit et le passage de la comète de 1680 ne fait que raviver son intérêt; et il ne faut pas oublier que soeur Juana est également intéressée par le sujet. Les deux femmes font partie de ceux qui ne voient pas la commette comme un présage funeste.
Ça commence fort ! La disparition de Don Carlos Sigüenza y Góngora ! Soeur Juana est très inquiète car c’est l’un de ses amis de longue date. A ceci s’ajoute l’inquiétude d’Alina car son propre frère, Demián, disparait à son tour. Et les autorités, bien qu’alertées, semble ne porter aucun intérêt à ces disparitions.
Le personnage de Demetria prend de l’importance, au vu de son lignage maya et de ses connaissances de cette culture. Et elle nous en fait profiter. Elle nous parle des peuples et civilisations indexées, des différences entre les tribus Indiennes, des croyances des Toltèques et des Acolhuas, de l’écriture, des glyphes, des pictogrammes, des symboles, des rituels.
Le trio va passer par bien des aventures et va trembler pour sa vie. Les trois femmes vont enquêter, Matea va risquer sa vie plus d’une fois dans les démarches pour tenter de localiser les deux disparus. Elles vont devoir résoudre des énigmes, affronter le pouvoir – tant politique que religieux -, déjouer les pièges que l’administration, la police et les autorités religieuses vont leur tendre… et la grand-mère va intervenir car si la vie d’Alina lui importe peu, il n’en va pas de même pour celle de son petit-fils, qui est synonyme de grosse dot !
C’est un roman historique passionnant et fondé sur des éléments véridiques comme le mentionne la note de l’auteur en fin de volume ( La comète de décembre 1689 – Publication de Libra astronomica y philosophica par Carlos Sigüenza y Góngora – existence prouvée du livre Phénix de l’Occident – Fernando de Alva Cortés Ixtlilxóchitl a réellement existé – codex rédigés en langues amérindiennes – invasions vikings du nord de l’Espagne – tombolas de doña Elvira – etc..)
Ma conclusion : vivement le troisième tome !!!
Extraits:
Du bout des doigts, elle parcourut délicatement le vétuste parchemin et, l’espace d’un instant, elle s’imagina que les mots pouvaient transmettre la chaleur humaine.
Pas besoin de réfléchir ni de trouver réponse à tout ; des milliers d’esprits brillants avaient vécu avant elle, s’étaient confrontés aux mêmes problématiques et avaient mis au point les plus ingénieuses des solutions. Et même au-delà de la mort, ces voix lui parlaient à travers les pages et l’encre.
Elle contempla les volumes empilés sur le bureau, près de ses rouleaux de notes, de ses flacons de plantes et du gros manuel d’herboristerie hérité de son père. Que les mots étaient puissants, quand on savait les conserver.
les cieux étaient une fenêtre divine et infinie, avec suffisamment de mystères pour occuper l’humanité durant des siècles et des siècles.
Sa peau flasque ressemblait à celle d’un poulet en milieu de cuisson.
Elle conduisit ses jeunes amies à l’endroit du couvent où les religieuses n’allaient jamais, même par erreur : la bibliothèque.
C’est typique des aristocrates : ils versent tous dans le péché et la débauche, s’incitent même mutuellement au mal, mais ce sont toujours les femmes qui sont perfides et coupables…
Les pires crimes ont toujours été commis par des aristocrates. Ouvrez n’importe quel livre d’histoire, vous verrez.
— L’évangélisation fut la principale justification des conquistadors. Les Rois Catholiques arguèrent qu’il était de leur responsabilité d’évangéliser les Indiens et d’éradiquer leurs coutumes païennes, notamment parce que aucun apôtre ni disciple n’avait foulé le sol des Amériques avant eux. Si, soudain, on apprenait que cela n’est pas vrai, que, oui, les Indiens ont eu des évangélisateurs et des saints, une bonne partie de l’autorité morale des Espagnols et de l’Église serait mise à mal. Tu imagines ce qui se passerait si une telle vérité venait aux oreilles des milliers d’Indiens qui vivent dans la soumission : révoltes, révolutions, guerres civiles… lynchages de prélats…
— Il est toujours préférable de savoir que d’ignorer.
Informations:
Tikal : Tikal (ou Tik’al, selon l’orthographe maya moderne) est l’un des plus grands sites archéologiques et centres urbains de la civilisation maya précolombienne
Image : l’hôpital de l’Amour de Dieu, fondé exclusivement pour traiter la syphilis, et devenu aujourd’hui la très élégante Académie de San Carlos.
2 Replies to “de Muriel, Oscar « Sang d’encre »(2023) 376 pages ( Série Les mystères de Soeur Juana – tome 2)”
Oufti… 2 à la suite, et tu sembles prête à attaquer le 3e dans la foulée…
Re-tentant pour moi itou
ah oui je ne pense pas trop attendre pour lire le tome 3 …