de Muriel, Oscar «  Mort au couvent »(2023) 346 pages ( Série Les mystères de Soeur Juana – tome 1)


de Muriel, Oscar «  Mort au couvent »(2023) 346 pages ( Série Les mystères de Soeur Juana – tome 1)


Auteur: Oscar de Muriel est né à Mexico City en 1983. Il est chimiste, violoniste, traducteur et écrivain. Il a obtenu son doctorat (Ph.D.) en chimie en Angleterre où il a travaillé également comme traducteur. il vit aujourd’hui entre le Mexique et le nord de l’Angleterre.

Série Les mystères de Soeur Juana (trilogie) : « Mort au couvent » – « Sang d’encre » – « Effroyables remèdes » –

« Mort au couvent » (« Muerte en San Jerónimo », 2019), le premier volume de sa série de polars historiques mettant en scène sœur Juana Inés de la Cruz, est son premier livre publié en France. 

Presses de la Cité – 02.02.2023 – 352 pages/ Points poche – 19.01.2024 -346 pages ( traduit par Vanessa Canavesi) 

Résumé
Notre Père qui êtes aux cieux, délivrez-nous du mal… Mexico, Nouvelle-Espagne, XVIIe siècle. Quelqu’un – ou quelque chose – a pris possession du couvent de San Jerónimo. Religieuses et servantes sont retrouvées sacrifiées sur l’autel selon des rituels précolombiens sanguinaires, et la suspicion règne. Nulle n’y échappe. Car dans cette enceinte retirée du monde, entre fornication, autoflagellation et cauchemars blasphématoires, le péché est partout…
Alina, jeune novice insolente et rebelle, vient de prendre le voile. Au côté de Matea, sa fidèle domestique indigène, la voilà qui s’allie à soeur Juana, excentrique femme de lettres, pour trouver le coupable. Entre prières, lectures, leçons de cuisine et chocolats chauds, le trio mène l’enquête. Mais dehors, l’Inquisition est déjà en chemin et compte bien couper le mal à la racine… Dans une atmosphère digne du Nom de la rose, le premier volume d’une nouvelle série de polars historiques, exotiques et mystiques.

Mon avis:

Octobre 1689 au Mexique.
Quand sa grand-mère décide de ne pas dépenser de l’argent pour une dot pour sa petite fille Alina, cette dernière se retrouve envoyée au couvent. Et pas n’importe lequel : le Couvent de San Jerónimo, près de Mexico. San Jerónimo est un lieu connu pour des apparitions et des disparitions, des meurtres.  C’est le lieu où l’on envoie des jeunes filles que l’on ne souhaite pas garder à la maison, que l’on ne désire pas marier, pour différentes raisons.
Mais la grand-mère d’Alina l’y envoie quand même avec une seule instruction qui prouve qu’elle est parfaitement consciente de l’endroit où elle l’expédie.
Tu vas faire des cauchemars.
Si tu ne veux pas finir sur le bûcher, n’en parle à personne, pas même à ton confesseur.
Ce couvent n’est rien moins qu’un repaire de démons, un lieu de terreur! Et pour l’Inquisition, c’est effectivement un nid de démons. En effet quelque chose ou quelqu’un hante le couvent depuis des années.
Alina ne part pas seule; elle est accompagnée de sa servante, Matea, une jeune indienne.
A peine arrivée, elles vont être terrifiées par des manifestations étranges et surtout par des meurtres qui semblent rituels. Comme les portes des cellules sont fermées la nuit et que le couvent est une enceinte fermée également, les crimes ne peuvent être commis que de l’intérieur… et les personnes ne peuvent pas disparaitre…C’est pour ainsi dire un huis-clos. 
De plus toutes les personnes qui habitent le couvert, les responsables comme les domestiques sont plus étranges les unes que les autres et ont des secrets…

Anita et Matea vont aider la Soeur Juana Inés de la Cruz à enquêter sur les meurtres rituels qui ont lieu au couvent. Matea peut sortir du couvent et cela lui permettra d’enquêter en dehors des murs.
Le mystère est au rendez-vous mais pas que. On plonge dans l’ambiance du Mexique du XVIIème siècle, on en apprend aussi beaucoup sur les coutumes, les rituels, les traditions. Sans oublier l’ombre de l’Inquisition qui plane à l’époque.
Et grâce au personnage de
soeur Juana, on pénètre dans la monde des lettres, de la science et de la connaissance. Elle imprime un coté poétique au récit.

En plus de l’histoire, l’auteur insiste sur les différentes classes sociales et les différentes origines. Le racisme est bien présent (les indiens, les créoles, les métis, les noirs, les espagnols, ceux qui ont un peu de sang espagnol…) ; on y fréquente les marchés, on en apprend sur la cuisine de l’époque, sur les sacrifices humains, sur les religions qui ont été écrasées par l’arrivée des espagnols mais qui continuent de survivre en secret.
Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est que j’ai bien ressenti l’atmosphère dans laquelle les soeurs et les autres personnages évoluaient. Il ne faut pas oublier de se repérer dans les lieux (voir le plan du couvent)
Quant à Soeur Juana : Pour le personnage de Sœur Juana, Oscar de Muriel s’est inspiré de sœur Juana Inés de la Cruz, une grande lettrée mexicaine née en 1651 (1648 selon certaines sources) et morte en 1695. Son œuvre poétique figure parmi les plus emblématiques de la langue espagnole.).  Il s’agit qu’une légende de son époque qui avait des connaissances scientifiques en plus du reste et avait donc le profil d’une personne curieuse, susceptible de devenir une formidable enquêtrice. 

Je lâche le tome 1 pour plonger immédiatement dans le deux. C’est vous dire si j’ai été happée par le récit, l’atmosphère, les personnages…

Extraits:

Quand les choses changent pour toujours, mieux vaut s’y faire rapidement.

— Comment une chose qu’on a jamais connue pourrait-elle nous manquer ?

Le système des castes était inflexible : au premier rang, les Espagnols jouissaient de tous les privilèges des gens aisés, et eux seuls étaient éligibles aux postes les plus élevés. Venaient ensuite les criollos, les créoles, comme Alina et Demián, inférieurs par le simple fait d’être nés en Nouvelle-Espagne2 ; puis les métis et les mulâtres, dont le sang européen, quoique mêlé à celui des Indiens ou des Noirs, leur conférait des droits basiques. Très, très en dessous, les Indiens avaient beau être légalement libres, ils ne pouvaient qu’aspirer au métier de domestique ou de laboureur. Un degré plus bas se trouvaient les esclaves noirs, vendus pour moins cher qu’un cheval ou un chien de chasse ; et au pied de l’échelle, les zambos, à la fois Indiens et Noirs, dénigrés, aussi étrange que cela puisse paraître, par les Indigènes et les Africains eux-mêmes.

Les tlamacazqui utilisaient des poignards en obsidienne pour retirer le cœur des prisonniers. Ils les offraient à Tláloc et à Huitzilopochtli dans le temple de Cholula, dans des bols à l’or.

La bibliothèque de San Jerónimo était le lieu idéal ; d’ailleurs, il y faisait frais et l’air était parfumé d’un arôme de cannelle caractéristique des vieux manuscrits.

Image : Couvent de San Jerónimo ( Soeur Juana Inés de la Cruz y habita pendant 27 années)

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