Penny, Louise « le loup gris » (2024) 504 pages – Série Armand Gamache enquête tome 19

Autrice : née le 1er juillet 1958 à Toronto, est une femme de lettres canadienne surtout connue pour ses romans policiers. Elle demeure à Knowlton au Québec où se situe le décor des enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache de la Sûreté du Québec. Les livres de cette série lui ont valu quatre fois de suite (2007–2010) le prix Agatha pour le roman policier qui se conforme au genre du whodunit dans le style d’Agatha Christie.

Série: Armand Gamache enquête

Romans indépendants : 

« État de terreur », (State of Terror, 2021), trad. Lori Saint-Martin et Paul Gagné Coécrit avec Hillary Rodham Clinton. Réédition, Actes Sud, coll. « Actes noirs », 2022

Voir article global sur la Série : La série des enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache

Tome 19 : « Le loup gris  » (paru au Canada en novembre 2024)

Flammarion Québec –  04.11.2024 – 504 pages – Traduit de l’anglais par Paul Gagné ( The grey wolf )  (Canada)

Résumé:
Des appels téléphoniques incessants perturbent la tranquillité d’une chaude matinée d’août à Three Pines. Armand Gamache s’obstine à ne pas répondre, bien qu’il sache qui est à l’autre bout du fil. Et lorsqu’il répond enfin, sa colère gâche pour de bon l’ambiance de ce dimanche matin. Ce n’est que le premier d’une série d’événements insolites qui mènent le chef des homicides de la Sûreté et son équipe vers une terrifiante évidence : quelque chose de bien plus tragique que n’importe quel meurtre se prépare. Pour dénouer l’imbroglio, Armand Gamache, Jean-Guy Beauvoir, son gendre et second, et l’inspectrice Isabelle Lacoste ne peuvent que se fier l’un à l’autre.
De vieux amis agissent comme des ennemis, tandis que des ennemis de longue date apportent leur aide. Déterminés à débusquer la menace, ils parcourent le Québec et traversent même les frontières. Leur chasse est de plus en plus désespérée, voire frénétique, à mesure que le danger devient imminent. S’ils échouent, les conséquences dévastatrices se feront sentir dans les plus grandes cités comme dans les plus petits villages.
Y compris à Three Pines.

Mon avis:
Quel joie de retrouver mon Inspecteur préféré, Armand Gamache. Un roman au suspense incroyable qui va durer jusqu’au bout du bout ( et se prolonger l’an prochain)
Le trio Armand Gamache – Jean-Guy Beauvoir – Isabelle Lacoste va nous faire voir du pays, entre le Canada, l’Italie, la France et nous en faire voir de toutes les couleurs…
Une enquête qui mèle les personnages du passé, qui fait soupçonner tout le monde – en dehors des habitants la petite communauté deThree Pines –  et où les amis sont dans le collimateur au même titre que les ennemis.
Les trois enquêteurs vont être plusieurs fois sur le point de se faire tuer, que ce soit par les éléments déchainés ou par des personnes mal intentionnées. 

On va aussi se frotter aux ordres religieux tels que les dominicains, les gilbertins et les cartusiens, et respirer des relents d’Inquisition.
Gamache va suspecter un complot susceptible d’entrainer des milliers de morts à Montreal et environs et se retrouver à enquêter en marge car il suspecte les hautes autorités – tant politiques que de la sureté – d’être impliquées. Serait-ce une action de la mafia? Des terroristes? Des éco-terroristes ? Des règlements de comptes ? Je vous laisse découvrir et vous y retrouver avec tous les intervenants… Car c’est parfois complexe, mais tellement addictif!
Le roman est palpitant et l’enquête va dans tous les sens… Qui du loup gris ou du loup noir ????
Un thriller que tient ses promesses ! Le meilleur de la série à mon avis… 

Extraits:

La vie, après tout, est faite de choix minuscules. Telle une peinture pointilliste, elle ne se définit ni par un point particulier ni par un choix. Mais ensemble ? Un tableau. Une vie.

En hiver, lorsqu’il neigeait, il leur arrivait de s’asseoir près du poêle à bois et d’échanger des confidences en buvant du thé fort.

Il lui racontait alors ses incursions dans des esprits malades, des cavernes de plus en plus profondes. Jusqu’à ce qu’il trouve réponse à ses questions. Jusqu’à ce qu’il tienne un meurtrier.

Il avait toujours eu l’intention de répondre. Il avait besoin de savoir.

Car savoir, c’est pouvoir. Certains policiers voyaient leur revolver comme une arme ; l’inspecteur-chef Gamache, lui, savait que seule la connaissance constituait à la fois une arme et un bouclier.

L’interlocuteur de Gamache s’exprimait en joual. Le vieux et presque ancien patois que Jacques Cartier et Samuel de Champlain avaient apporté à bord de leurs bateaux en bois. Transplanté depuis les faubourgs insalubres de Paris, il avait pris racine dans le Nouveau Monde.

La section des homicides, composée d’agents dont personne ne voulait, était la plus accomplie de tout le pays. Parce qu’Armand Gamache savait une chose que ses collègues ignoraient. Que les gens, pour peu qu’on les guide, qu’on leur explique clairement ce qu’on attend d’eux, les encourage et leur donne une seconde chance, peuvent s’épanouir.

Tel un papillon de nuit, il se cognait à l’ampoule, conscient que c’était sans espoir. Et craignant que la lumière soit une flamme.

— Je vais bien.
— Bien comme dans bête, inquiet, emmerdeur, névrosé.

Littéralement, « vêpres » se traduit par « ombres ». Elles marquaient la fin de la journée. Le moment où la lumière se changeait en ombre, et l’ombre en nuit.

Mais quand on est un « chien du Seigneur »…
Le moine leva une fois de plus la main.
— C’est-à-dire ? demanda Jean-Guy.
— Le surnom des dominicains, expliqua Simon. Domini canis. Ils ont pris part à l’Inquisition.

La section des homicides de la Sûreté avait quelque chose en commun avec les moines. Elle aussi savait garder ses secrets.

Mais vous pouvez interroger le gardien des clés à ce sujet.
— Celui qui ouvre la porte ?
— Son travail consiste plutôt à la verrouiller, fit le frère Simon.

Il comprit qu’il était en voie de se métamorphoser en mythomane. Capable d’imaginer des événements qui ne se sont jamais produits. De voir des connexions et des liens là où il n’y en a pas. Et de perdre du temps à les étudier sous toutes les coutures.
Pour un enquêteur, c’était l’un des plus grands dangers. Traiter de simples suppositions comme des faits. Interpréter de minces preuves pour qu’elles s’arriment à une théorie commode.

Dans cette affaire, la connaissance n’est pas gage de pouvoir. C’est un arrêt de mort.

Bien que compréhensible, sa fureur risquait de les détruire, lui et la nouvelle vie qu’ils s’employaient à créer. Aucun lieu fondé sur la haine n’est sûr.

Depuis un certain temps. Il se nourrit de rage et de soif de pouvoir. Répand la peur et la haine. Infecte ceux qui ont peur et sont vulnérables. Et les convainc de faire l’impensable.

— Veuillez excuser le désordre. Quand tout est bien rangé, je suis incapable de penser. Soit dit entre nous, je trouve l’ordre intimidant.

Ici, les murs étaient du même vert pâle que ceux de son école. Chartreuse délavé. La couleur de la peur et de l’impuissance. De la honte, de la culpabilité et du péché indéfini mais indéniable.

Dans une enquête, il s’agit parfois moins de découvrir les éléments importants que d’éliminer le superflu.

— C’est le but des terroristes. Rien à voir avec la mort de centaines et même de milliers de personnes. Ce qu’ils veulent, c’est nous monter les uns contre les autres. Nous pousser à nous faire ce dont ils sont incapables. Ils souhaitent l’anarchie.

Martin Luther King : « À la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais les silences de nos amis. »

Information:
Les Cris sont un peuple autochtone qui vient des plaines de l’Ouest canadien, l’un des peuples algonquiens d’Amérique du Nord.. Ils vivent dans la région de la baie James depuis environ 5 000 ans. De nos jours, les Cris représentent la nation autochtone la plus nombreuse, autant au Canada qu’au Québec.