Rampin, Julien « C’est pas marqué dans les livres » (2025) 251 pages

Auteur: Originaire de la région toulousaine, il vit à Paris depuis plusieurs années.
Romans: Grandir un peu – Emmenez-moi – Le Magasin des jouets cassés – La chanteuse de bal – C’est pas marqué dans les livres (2025)
Charleston Editions – 06.02.2025 – 251 pages
Résumé
Depuis que son mari l’a quittée, après quarante ans de mariage, Colette cherche par tous les moyens à combler sa solitude. Alors le jour où on lui propose de rejoindre un club de lecture dans la bibliothèque de son quartier, elle saute sur l’occasion. Dès la première réunion, elle constate que les membres sont plutôt… hétéroclites ! Parmi eux, il y a Lucie, l’étudiante introvertie, cachée derrière sa surprenante mèche rose.
Sacha, le trentenaire élégant, à l’optimisme trop débordant pour être complètement sincère. Pétronille et Caroline, les deux collègues qui n’arrêtent pas de se chamailler, et Mme Germaine, la vieille dame narcoleptique qui s’endort toujours avant la fin de la séance. De débats enflammés en révélations fracassantes, ces amateurs de littérature vont nouer des liens inattendus et, surtout, découvrir ce qui n’est pas marqué dans les livres…
A travers des personnages attachants et pleins d’humanité, le nouveau roman de Julien Rampin célèbre le pouvoir des livres sur nos vies.
Mon avis :
« C’est pas marqué dans les livres,
Que le plus important à vivre,
Est de vivre au jour le jour.
Le temps c’est de l’Amour… »
Lisez les paroles de la chanson »Lucie » d’Obispo et vous aurez le fil rouge du roman..
Un club de lecture dans la médiathèque de Toulouse avec 7 membres, tous membres fondateurs : Pauline – la bibliothécaire – Colette, Lucie, Mme Germaine – celle qui s’endort toujours -, Caroline et Pétronille – deux collègues de travail – et le seul homme, Sacha.
Ce club de lecture sera l’occasion de faire des rencontres, de nouer des liens forts entre trois personnes : Colette, septuagénaire q.i a été quittée par son mari et qui vit avec sa petite chienne, Lucie, qui se retrouve seule à Toulouse pour faire des études et qui fuit la compagnie des gens et Sacha qui ne sait pas trop pourquoi il a rejoint ace club de lectrices mais qui vit très mal sa situation personnelle qui se dévoilera petit à petit.
Chacun de ces trois personnages est une personne qui charrie un passé traumatisant et se sent mal avec sa famille (ou ce qu’il en reste)
Le roman parle de livres – un peu – mais aussi de l’importance du temps qui passe, des regrets, du refuge dans l’imaginaire, des rapports sociaux et familiaux, de la confiance qui se crée et qui invite aux confessions, de l’amitié, de l’amour, de la jalousie, du mal de vivre, de la résilience…
Des sujets de société, traités avec empathie et délicatesse et beaucoup de tendresse intergénérationnelle avec des personnages très attachants sans être mièvres, déboussolés sans être caricaturaux.
C’est un joli moment de lecture mais tout à fait dans la lignée feelgood, plein de bons sentiments, avec quand même pas mal de banalités, sans grand suspense… Je doute que je m’en souvienne longtemps…
Extraits:
L’espace de quelques instants, il s’imagine que tous ces livres lui appartiennent. Il s’improvise châtelain à la bibliothèque immense, détenteur de toutes les histoires du monde. Souverain d’un pays où les livres seraient ses sujets qu’il contemplerait avec bienveillance. Il bombe le torse et déambule, tête haute, parmi les allées, saluant son peuple.
Il y a les bavards, qui en deviennent lourds à force de trop de pages. Les prétentieux, bardés de prix tous plus prestigieux les uns que les autres, mais que personne n’a empruntés depuis des mois tant leur lecture est ardue. Les mal-aimés, qui ne gagnent qu’à être lus et dont personne ne parle.
Les livres sont comme les gens. Il faut creuser, parfois au-delà des apparences. Ce ne sont pas ceux qui font le plus de bruit qui trouveront un écho chez le lecteur. Beaucoup, dissimulés sous une couverture horrible, méritent d’être découverts. Le rôle du bibliothécaire est finalement d’aiguiller le lecteur insatiable vers le livre qui viendra peut-être lui éclairer le chemin et vers lequel il ne serait jamais allé au premier abord.
Le temps qui passe fait de nos mémoires des champs de bataille, des labyrinthes inextricables.
— Vous apprendrez, mademoiselle, que malgré toutes les idées reçues, le temps, c’est ce qu’on en fait qui compte. Pas le fait d’en gagner.
C’est drôle comme, avec le temps qui passe, les choses finissent par apparaître comme filtrées.
Elle a compris que l’amour n’a que peu à voir avec une véritable réciprocité. On peut aimer malgré l’autre. Malgré tout.
Putain de temps !
Il la terrifie, la soulage parfois. Il ne laisse personne indifférent. Il creuse une ride, de plus en plus profonde, au creux de nos jours, au fond de nos cœurs. Il se veut inexorable, implacable. Il lie et dénoue des liens qu’on croyait éternels. Il nous laisse un dernier sourire au coin des lèvres puisque, de guerre lasse, on finit par aimer ses propres erreurs, ses anciennes blessures. Il change les êtres et les choses, le bougre. Il vient donner à l’amour le goût de la haine. Il laisse partir de lointains compagnons qui ne reviendront pas, qui ne reviendront plus. Il nous joue des tours de Trafalgar et se joue de nos certitudes. Il nous jette au sol, puis nous ranime. Il nous donne l’illusion d’avoir le choix, de prendre une direction. Il nous ramène toujours en arrière, nous balance de l’avant. Il nous ballotte, sans ménagement.
Le temps qui passe fait de nos mémoires des champs de bataille, des labyrinthes inextricables.
Seuls les gens qu’on aime vraiment peuvent consoler. Les autres, ils ne font que rouvrir les blessures.
Il tient dans ce simple mot, le poison qui vient tout gâcher, tout salir et tout détruire.
Jalousie.
Elle arrive sans qu’on la sonne, comme ça, pour trois fois rien. Pour un message sur le téléphone. Pour un regard croisé dans la rue. Pour un air coupable. Pour un silence. Pour un mot de trop.
La jalousie est une traîtresse, qui porte la tête haute et fière malgré tout le fiel qui sort de sa bouche.
À force de lecture, les lieux imaginaires décrits dans les romans ont pris peu à peu plus de consistance que son propre intérieur. Elle habite, littéralement, dans son imaginaire.
L’amour, ça se dépense sans compter. À une seule personne ou à la multitude. On ne sait jamais quand il sera trop tard. Il faut aimer à s’en faire péter le cœur. On regrettera toujours de ne pas avoir assez dit. De ne pas avoir assez montré. De ne pas avoir assez donné.
Ce n’est pas en restant pour de mauvaises raisons avec quelqu’un qui ne lui correspond pas qu’il sera heureux.