Dos Santos, José Rodrigues « Le Manuscrit de Birkenau (2021) 552 pages

Dos Santos, José Rodrigues « Le Manuscrit de Birkenau (2021) 552 pages

L’auteur : José António Afonso Rodrigues dos Santos, né le 1er avril 1964 à Beira au Mozambique, est un journaliste et écrivain portugais. Il est actuellement le présentateur phare du journal télévisé de 20 h de la chaîne publique RTP1. Journaliste, reporter de guerre, présentateur vedette du journal de 20h au Portugal, José Rodrigues dos Santos est l’un des plus grands auteurs européens de thrillers historiques, plusieurs fois primé. En 2000, il obtient son doctorat en sciences de la communication avec une thèse portant sur les reportages de guerre, « Crónicas de Guerra », à l’Université nouvelle de Lisbonne, il y est également professeur.

Série Tomás Noronha :   La Formule de Dieu (2012), traduit dans plus de 17 langues et en cours d’adaptation au cinéma, L’Ultime Secret du Christ (2013), La Clé de Salomon (2014) – suite de La Formule de Dieu –, Codex 632 (2015) ,  Furie divine (2016), Vaticanum (2017), Signe de vie (2018), Immortel (RL2020), Ames animales  (2022)  , La Femme au dragon rouge (2023)

Série Calouste Gulbenkian « L’homme de Constantinople » (2019)  suivi de « Un millionnaire à Lisbonne» (2020) .

Série Francisco Latino : Le Magicien d’Auschwitz (2021) – Le Manuscrit de Birkenau (2021)

Autres: Spinoza, l’homme qui a tué Dieu, (2023) – Oubliés (2024)

HC Editions Hervé Chopin – 21.10.2021 – 445 pages  / Pocket – 06.10.2022 – 552 pages (Traduit du portugais par Adelino Pereira.)

Série Francisco Latino : Le Magicien d’Auschwitz (2021) – Le Manuscrit de Birkenau (2021)

Résumé: Tome 2

Le dernier écho des manuscrits perdus de Birkenau. Herbert Levin n’est plus que l’ombre du Grand Nivelli, brillant et célèbre magicien qu’il était avant la guerre. Séparé de sa femme et de son fils, il tente de garder un semblant d’espoir et de survivre dans l’enfer d’Auschwitz. C’est dans ce même camp que Francisco Latino a réussi à se faire engager ; caché derrière son uniforme SS il fait tout pour protéger sa fiancée russe, prisonnière elle aussi. 

Rien ne lie ces deux hommes, si ce n’est un instinct de survie inébranlable et le besoin de voir la lumière gagner. Ils vont se retrouver au coeur d’un événement historique : la révolte d’Auschwitz.

Mon avis:

C’est la suite directe du premier. Il est indispensable de lire « Le Magicien d’Auschwitz » avant car on y retrouve les personnages là où on les avait laissés. Et l’enfer des camps prend de l’ampleur… Même si certains de nos personnages semblent s’en tirer mieux physiquement, psychologiquement c’est dantesque. Fondé sur la découverte des manuscrits enfouis par les personnes employés dans les crématoires, j’ai lu ce qui semblait être juste impossible à oser imaginer dans le pire des films d’horreur. Quand on dit que la réalité dépasse la fiction… Certaines scènes sont hallucinantes de cruauté et de souffrance … 

Même si c’est cauchemardesque, certains SS ne sont pas totalement blindés… et il y a une petite étincelle d’espoir et d’humanité qui se cache parfois dans cet univers hallucinant…

On y croise des  personnages fictifs et d’autres bien réels
– Herbert Levin, Gerda et leur fils Peter ,

– Mengele, presque tous les SS du roman…

Dans ce tome, on va beaucoup vivre avec les Sonderkommando, l’unité spéciale chargée des crématoires. On va aussi voir le pouvoir de la magie, se rendre compte de l’importance de l’occultisme et de l’ésotérisme pour les nazis. Et on va assister à la révolte des juifs, à la création d’un spectacle de magie, être témoins de la volonté de survie qui force l’admiration et le respect. 

C’est une duologie qu’il faudrait faire lire à tout le monde pour que « plus jamais ça » !

Dans la dernière partie du roman « la note finale » il y a des phrases qui marquent ( et qui étaient déjà dans la note finale du précédent tome) et  des informations importantes
– Sans témoin, il n’y a pas d’histoire puisque les morts ne parlent pas.

Il existe un type de témoignages des Sonderkommandos qui remonte à la période où les événements se sont produits. Il s’agit d’un ensemble de manuscrits rédigés par des membres de l’unité spéciale au moment des gazages, qui ont été enterrés à proximité des crématoires afin qu’on les découvre plus tard, une fois les camps libérés. (…) Ils constituent les récits les plus terrifiants de ce qu’il s’est réellement passé dans les chambres à gaz.

L’épilogue du roman, relatif au gazage du camp des familles, constitue presque une copie d’une partie de l’un des manuscrits de Zalman Gradowski.

Comme le dit l’auteur dans l’épilogue :
« Le but de la littérature n’est pas seulement de nous divertir, de faire des expériences sur le langage ou de présenter des exercices d’habileté stylistique, même si de telles options sont évidemment légitimes, pertinentes et de grande valeur. La littérature existe principalement pour nous dire des choses, ouvrir des fenêtres et renverser des barrières. Du moins, c’est ainsi que je la considère. « Je pense que nous ne devrions lire que les livres qui nous mordent et qui nous transpercent, a écrit Franz Kafka. Si le livre que nous lisons ne nous secoue pas, ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? […] Un livre doit être une hache qui brise la mer gelée qui est en nous. » C’est à ça que servent les romans, c’est pour ça que j’en écris, et c’est pour ça que j’ai écrit celui-ci, et que je l’ai fait de cette façon. »

Extraits:

— Des trucs, il n’y a que ça dans la vie ! lui dit-il. La seule chose magique dans la vie, c’est la vie elle-même… et même elle, je la soupçonne de cacher un truc. 

Il sembla soudain perplexe. – Quand on mange du pain et des pommes de terre, on est pauvre ?

Les parents échangèrent un regard ; ça aurait presque été comique si ce n’était pas si grave. Le pain et les pommes de terre s’étaient transformés à Birkenau en symboles d’abondance. Seuls les privilégiés en mangeaient. 

– Vous avez vu où nous vivons ? Ça ne peut pas être pire que ça.
— Tu n’as pas encore compris qu’avec les nazis, quand ça change c’est en pire ? 

Ils avaient cessé d’être des hommes et étaient devenus non pas des bêtes, mais des machines. 

Mais avait-il vraiment choisi ? Ou bien son esprit s’était-il simplement bloqué, l’empêchant de faire quoi que ce soit ? Avait-il vraiment décidé de ne rien faire, ou était-ce la folie qui l’avait paralysé au milieu d’une folie plus grande encore ?

Tant que nous ne verrons que la boue et les barbelés et ne penserons qu’à mourir, les nazis gagneront. Mais regardez par-delà la boue et les barbelés, regardez par-delà la mort, regardez par-delà l’enfer et voyez le ciel profond, émerveillez-vous de la luminosité des étoiles, ressentez l’âme de la création. Ceci existe, mais cela existe aussi. Tout ça fait partie de la même réalité, mais il y en a une qui se situe au-dessus de l’autre. Si vous parvenez à voir les étoiles par-delà la boue, les étoiles qui sont en fait beaucoup plus importantes que la boue, alors les nazis perdront. Vous qui êtes magicien, laissez-vous saisir par la magie de l’univers. Élevez-vous vers les étoiles, ne laissez pas votre monde se réduire à la boue.

Surtout, il ne pensait pas. Il respirait, se déplaçait, exécutait. Mais penser, non. Jamais. C’était comme s’il débranchait son esprit. Il était là sans y être. Sa tête était absente et seul son corps était actif, une machine sans âme, un cerveau sans conscience. 

Je préfère dire que nous devons faire de la douleur notre raison de vivre, 

À Auschwitz, il avait appris à ne pas trop se soucier du futur, car le futur n’existait pas. 

Il se dit que si, un jour, une œuvre musicale était composée sur Birkenau, le sifflement désaccordé des barbelés devrait en être le leitmotiv.

Aujourd’hui, je suis un homme sans lendemain, qui vit le présent broyé par le passé.

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