Goddard Robert « L’inconnue de Vienne » (1998 – traduit en 2022) – 544 pages

Goddard Robert « L’inconnue de Vienne » (1998 – traduit en 2022) – 544 pages

Auteur: né le 13 novembre 1954 à Fareham dans le comté d’Hampshire en Angleterre, est un romancier anglais, auteur de romans policiers et de romans à énigme.
Goddard a été élève à la Price’s School de Fareham avant d’étudier l’histoire à l’université de Cambridge. Après s’être essayé au journalisme et à l’enseignement, il a travaillé dans l’administration scolaire puis est devenu auteur professionnel. Il vit actuellement à Truro dans les Cornouailles.
Ses récits policiers font habituellement appel à des éléments historiques. Ses personnages évoluent pour la plupart entre les évènements marquants du xxe siècle et sont souvent situés dans des villes et bourgades de province en Angleterre. 

Romans (Traduits) :
– Sur les chemins du monde (The ways of the World 2013)  – 18 Barfield Hill (The Fine Art of Invisible Detection  – 2021) – Les Voies du bonheur /réédition sous le titre Le Secret d’Edwin Strafford (Past Caring (1986) – Par un matin d’automne (In Pale Battalions 1988) – L’Héritage Davenall (Painting the Darkness  1989) – Les Ombres du passé – réédition sous le titre Heather Mallender a disparu (Into the Blue 1990) – Sans même un adieu – réédition sous le titre Au revoir (Take No Farewell 1991) – Le Monde des Abberley (Hand in Glove 1992) – Le Cercle de la trahison  – réédition sous le titre La Croisière Charnwood (Closed Circle 1993) – Le Temps d’un autre (Borrowed Time 1995) – Le Retour (Beyond Recall 1997) – L’Inconnue de Vienne (Caught in the Light 1998) – Les Mystères d’Avebury (Sight Unseen 2005) – L’Énigme des Foster  (Fault Line 2012) – Les Dernières Pages (This is the Night They Come For You 2022) – 

Sonatine – 25.08.2022 – 512 pages / Le Livre de poche – 30.08.2023 – 544 pages (Caught in the Light 1998)  traduction de Laurent Boscq) 

Résumé:
Prisonnier d’un mariage malheureux, lan Jarrett est persuadé que plus jamais il ne connaîtra l’amour. Et pourtant… Lorsqu’il rencontre Marian Esguard à Vienne, où il est venu prendre des photos pour un magazine, le coup de foudre est immédiat. De retour à Londres, lan n’a plus qu’une idée en : se séparer de sa femme et rejoindre comme promis l’élue de son coeur. Mais, quand il arrive enfin au rendez-vous tant attendu, dans la campagne anglaise, Marian n’est pas là. 

Obsédé par cet amour qui a bouleversé sa vie, lan décide alors de retrouver sa trace. Ce qu’il apprend le déconcerte davantage. Qui est vraiment cette femme insaisissable ? Une manipulatrice ou la victime d’un passé que quelqu’un souhaite garder secret, à n’importe quel prix ? 

Trahisons, manipulations, fausses pistes, paranoïa, duperies. Robert Goddard est un maître anglais des intrigues alambiquées, des illusions et des conspirations.

Mon avis:

Petit matin d’hiver sous la neige à Vienne. Alors que le photographe lan Jarrett prend des photos pour un beau livre sur Vienne, une dame avec un manteau rouge passe devant son objectif. Il n’en faut pas davantage pour provoquer une rencontre entre lui et cette mystérieuse inconnue. Et pour que cela déclenche un coup de foudre… Mais la belle inconnue s’évanouit dans la nature sitôt l’escapade autrichienne terminée. Pourtant elle lui avait fixé rendez-vous à leur retour en Angleterre… Jarrett, totalement obnubilé par cette femme va divorcer de sa femme et partir sur les traces de cette femme fantomatique. Une passion romantique et dévastatrice, une enquête qui nous fera découvrir l’histoire des débuts de la photographie (la partie que j’ai personnellement trouvé la plus intéressante du roman). William Fox Talbot est-il le pionnier de la photographie, lui qui, en 1840, invente le calotype ? (Il s’agit d’une image négative sur papier. Son tirage est possible, ce qui en fait le premier procédé photographique reproductible.: le calotype )
Dans ce roman on navigue entre vrai et faux, vérité et réalité, les années1820 et XXème siècle.

Pour retrouver son amour disparu, Jarrett va se lancer dans des recherches généalogiques et historiques en matière de l’invention de la photographie. Il va faire équipe avec une psychothérapeute, explorer l’idée de la réincarnation, approfondir l’histoire de la photographie alors qu’il la connait déjà bien , lui même étant photographe.
Bien vite sa quête va le mettre en danger et son passé va refaire surface.
On va aller de surprises en surprises, et je dois dire que Jarrett n’est pas le seul à être machiavéliquement manipulé dans ce roman. Moi aussi ! L’auteur m’a bien perdue par moments.
L’intrigue est extrêmement bien construite et j’ai beaucoup apprécié cette lecture sans que ce soit un coup de coeur pour autant.

Extraits: 

Rien qu’un coup de chance, en vérité. Mais on dit qu’on se crée sa propre chance – la bonne et la mauvaise.

Il y a toujours eu une part de magie dans la photographie.

Être poli signifie malhonnête. Et c’est compliqué d’être honnête.

Après tout, j’étais photographe. L’éphémère faisait partie de mon métier.

Je devins un fantôme pourchassant un fantôme, hanté à la fois par un passé que j’étais incapable d’oublier, et par un futur auquel je refusais de renoncer.

Et il ne se comportera pas forcément en gentleman. L’honneur, il l’enfile et l’enlève comme un gant, selon le temps qu’il fait.

Les poètes avaient tout faux quand ils parlaient d’amour non-réciproque. C’est tout aussi dur à supporter pour l’être aimé que pour celui qui aime. 

Ce que vous croyez ou pas m’importe peu. Mais c’est la vérité. Vous m’avez tout pris, comme vous le souhaitiez. Mais ça veut dire aussi que vous m’avez ôté toute peur, tout instinct de conservation et toute conscience chrétienne. 

Il y a forcément une réponse. La sienne, ou la mienne. Et il doit y avoir un moyen de faire face à tout ça. C’est tout ce que je vise, désormais. Un moyen de tenir le coup. Un futur. La survie. Vivre ma propre vie et celle de personne d’autre. La liberté. Mais quel en est le prix ? C’est la question. 

Ma mémoire n’est plus aussi vive qu’autrefois. J’oublie. Sauf les choses que je voudrais oublier. Elles, en revanche, ne s’effacent jamais.

Je veux dire, est-ce que l’intention atténue les conséquences ?

Mais la seule chose qui nous sépare du passé, ou qui sépare le passé de nous, c’est le temps, d’accord ?

Le temps est la seule chose qui demeure dans une existence vide de sens.

Tout, dans ce projet, m’était étranger. Ce qui le rendait attirant. C’était plus une fuite qu’un défi.

Les photographies ne font pas la distinction entre les vivants et les morts. Aujourd’hui, je le sais. Dans les fragments de temps et de lumière qui les composent, tout le monde est égal.

Peu importe qu’on ait l’œil dans le viseur et qu’on appuie sur le déclencheur. Peu importe qu’on ouvre les yeux ou qu’on les ferme. Les images demeurent. Tout comme les gens qui y figurent.

Image : camera obscura

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