Bardon, Catherine « Almah une jeunesse viennoise – 1911-1932 » (2024 ) – 185 pages

Bardon, Catherine « Almah une jeunesse viennoise – 1911-1932 » (2024 ) – 185 pages

Autrice : Autrice française née en 1955 – Passionnée de voyages et de cultures étrangères, elle a sillonné le monde pendant plus de 25 ans pour le compte d’éditeurs de guides touristiques et de beaux livres tels Michelin, Le Petit Futé, Natural Guide…

Amoureuse de la République dominicaine, pays que Catherine Bardon a découvert il y a trente ans, à l’occasion de vacances, elle a écrit des guides de voyage et un livre de photographies sur ce pays, où elle a passé de nombreuses années.

Romans: 

Série « Les déracinés » : « Les déracinés » (tome 1) – « L’Américaine » (tome 2) – « Et la vie reprit son cours » (tome 3) – « Un invincible été » (tome 4) –
Préquel :  « Almah  – Une jeunesse viennoise» – 1911-1932

Autres : « la fille de l’ogre » (prix La Boétie) – « Une femme debout » (2025)   

Les Escales – 10.10.2024 – 185 pages
Il s’agit d’un ouvrage, rédigé APRÈS une série de référence et racontant ce qui se passe AVANT. C’est un anglicisme qu’on traduirait en français par «antépisode».
Un préquel né grâce au public : ce préquel, qui n’était pas prévu pour cette saga, a vu le jour grâce à l’engouement du public.  On y découvre la jeunesse de l’inoubliable héroïne des Déracinés.

Résumé: 

Catherine Bardon propose avec Almah, une jeunesse viennoise de découvrir la prime jeunesse de ce personnage qui la passionne toujours autant. « Almah m’habite moi aussi depuis qu’elle est née sous ma plume, et je n’ai jamais, malgré l’écriture d’autres romans, pu tout à fait lâcher sa main », confie-t-elle à la fin de l’ouvrage. Les lecteurs y retrouveront également ses parents Julius et Hannah, chirurgien et pianiste membres de la grande bourgeoisie, encore tout jeunes dans les années 10 !

Plus d’un million de lecteurs conquis par la saga Les Déracinés. Découvrez la jeunesse viennoise de son inoubliable héroïne, Almah.
Vienne, 1911 – Almah Kahn, inoubliable héroïne de la saga des Déracinés, naît au sein d’une famille de la grande bourgeoisie juive. Son père, chirurgien réputé et grand amateur d’art, est aussi un mécène qui côtoie les plus grands artistes de l’époque. Sa mère, Hannah, pianiste de talent, soigne son spleen auprès du Dr. Freud dont elle est l’une des premières patientes. Au cœur de ce bouillonnement culturel, Almah chemine vers l’âge adulte. Elle grandit dans une Autriche terriblement meurtrie par la guerre et marquée par la chute de la maison Habsbourg, tandis que se profile le spectre du nazisme.

À travers l’enfance et la jeunesse insouciante d’Almah, ses amitiés et ses premiers émois sentimentaux, Catherine Bardon dresse le tableau d’une Vienne qui jette ses derniers feux dans une Autriche au bord du gouffre, livrée aux soubresauts de l’Histoire. Almah est le portrait puissant et ciselé d’une enfant puis d’une jeune femme vive, effrontée, indépendante et habitée par une soif d’absolu qui ne la quittera jamais.

Mon avis:

Cela fait longtemps que je voulais me lancer dans la lecture de la sage « Les déracinés ».
J’ai saisi l’occasion quand j’ai pu emprunter cette préquel, même si je ne sais pas si c’était une bonne idée de commencer par ce tome de la série. 

Mais ce que je sais c’est que je vais maintenant lire la suite. 

Je vais partager la découverte de la Vienne des années 1920  avec Almah (prénommée ainsi en l’honneur d’Alma Mahler, artiste et figure féminine libre qu’elle admirait. Et avec un H final, comme le prénom de sa mère) et la suivre de sa naissance jusqu’à ses vingt ans, suivre ses pas au moment où la situation des juifs va devenir dangereuse et où ils sont écartés des places importantes, mis de coté, humiliés. Peu importe si on est autrichien depuis 5 générations, le seul fait d’être juif vous écarte de la bonne société.. Une époque ou nous allons croiser Freud, le peintre Max Kurzweil. C’est aussi la période de la grippe espagnole qui va faire des ravages. C’est la fin d’un empire, la fin de sept cents ans de règne des Habsbourg.

Almah est une petite fille qui se sent bien seule. Ses parents ne sont plus tout jeunes, sa Maman est malade, surtout dépressive et nostalgique, distante, et elle n’a que la gouvernante  et le jardinier pour compagnie. Son Papa aussi mais il travaille beaucoup et ensuite il va partir à la guerre. Par chance et du fait de son insistance, elle va réussir à adopter un chien car sa Maman ne veut pas lui donner un petit frère…
On va faire connaissance de son amie  Matilda avec qui elle va grandir et aller à l’Université, faire des études qui ne sont pas considérées comme des études pour les jeunes filles. Elle est aussi toujours (ou presque) accompagnée/chaperonnée par le jeune Heinrich. Pour lui l’avenir est tout tracé : il va épouser Almah et la façonner à son goût… Mais c’est sans compter avec le caractère et les envies de la jeune fille qui veut s’épanouir intellectuellement  et se marier par amour… 

Maintenant que j’ai vécu la naissance et la jeunesse d’Almah, je me réjouis de l’accompagner tout au long de sa vie…

Extraits:

une promesse c’est comme une béquille, quelque chose de solide dans la main, quelque chose à quoi se cramponner pour ne pas trébucher.

À quatre-vingt-six ans, le vieil empereur avait tiré sa révérence.
Son petit-neveu Charles Ier lui succédait.
Le tentaculaire empire austro-hongrois, douze nationalités, six langues, cinq religions, entamait sa lente désintégration.

Hannah, dont la solitude coulait dans ses veines comme un poison. Hannah, silencieuse, qui traversait les pièces de la maison, éthérée, comme une ombre inconsistante. Hannah hantée par le manque, par l’absence de Julius. Hannah que l’envie prenait parfois de saisir son cœur à pleines mains, son cœur meurtri, pour l’écraser en hurlant et déchirer le silence de ses nuits d’insomnie.

L’antisémitisme rampant avait toujours été présent en Autriche. Il était désormais alimenté et exacerbé par l’installation en masse des Juifs de Galicie dans le pays. Ils avaient fui les pogroms à la fin du siècle et l’invasion russe pendant la guerre. Aujourd’hui ils constituaient une population dans la population, conservant leurs us et coutumes, et pire, leur langue, le yiddish. 

notre monde est en train de s’éroder, pourvu qu’il ne s’écroule pas…

Pour moi, le sionisme est la pire épreuve imposée aux Juifs. C’est un projet utopique et obtus qui prétend rassembler les Juifs des quatre coins du monde pour les regrouper sur une terre étrangère, alors même qu’ils se sont enracinés et épanouis dans le pays d’accueil de leurs ancêtres.

Mais c’est vrai, les religions deviennent insupportables quand elles essaient d’imposer des dogmes

 Les cercles d’étudiants sont nationalistes et chrétiens, ils excluent les Juifs. Quant aux cercles juifs, ils excluent les femmes. 

Ce soir, elle renouait avec son habitude d’autrefois, quand, enfant, elle couchait par écrit ses réflexions du jour. Elle redécouvrait avec fascination l’apaisement qui naît de l’écriture. Il y avait comme une ivresse à déposer là ses sentiments et ses pensées. Un soulagement. Elle espérait même que cela lui permettrait d’y voir plus clair. Peut-être.

Fini d’espérer en un dieu, elle en avait terminé avec une quelconque piété. Désormais, elle ne se soucierait plus de religion. Se rangerait à la vision de Nietzsche, alimenterait sa force vitale en y intégrant le négatif dans le positif. 

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