Mi-Ae, Seo « Chut, c’est un secret » (2021) 267 pages (Série Ha-young tome 02)

Autrice: Seo Mi-ae est née à Yeongju en 1965 avant d’emménager à Séoul avec sa famille lorsqu’elle à 8 ans. Seo Mi-Ae est une star du polar en Corée. Comme toute autrice coréenne, elle a débuté avec des poèmes parus dans la presse. En 1994, elle publie son premier roman policier qui connaît immédiatement un immense succès: Les 30 meilleures façons d’assassiner son mari. Son deuxième, Le Jardin des poupées, a reçu le premier prix du Polar coréen en 2009. Depuis elle a publié d’autres romans et nouvelles et plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma ou à la télévision. Elle est également scénariste pour la télévision et le cinéma.
Trilogie Ha-young : Elle s’inspire de sa propre histoire et d’une histoire vraie s’étant déroulée aux États-Unis pour sa trilogie suivant une jeune criminologue, un tueur en série et une jeune adolescente perturbée. Pour elle, plus que l’intrigue, ce qui compte, ce sont les personnages et la façon dont elle peut faire ressortir le mal en eux.
Bonne nuit Maman (Tome 01) – Chut, c’est un secret (Tome 2)
Matin Calme – 07.10.2021 – 267 pages /. Le livre de poche /thriller – 21.09.2022 – 315 pages Traduit par Jihyun Kwon et Rémi Delmas
Résumé:
Ne vous fiez jamais aux apparences. L’histoire : Quatre ans après les événements de » Bonne nuit maman « , Ha-yeong vit toujours avec son père et avec Seon-gyeong (laquelle n’a donc pas été mortellement empoisonnée à la fin du tome1, même si un doute subsiste sur les intentions de Ha-yeong).
Quand commence ce second opus, Jun Jae-seong, père de la petite et époux de Seon-gyeong, précipite le déménagement de toute la famille à Sokcho. C’est pour Ha-yeong la découverte d’un nouveau collège. Or récemment une jeune fille a été tuée. Un gang de harceleuses du collège pourrait être mêlé à cette mort et Ha-yeong va devoir leur faire face – et faire face à ses propres démons.
Mais au fil du roman une ombre ne cesse de croître jusqu’à recouvrir tout le récit, l’ombre du père, un homme peut-être plus complexe qu’il ne paraissait, avec un passé qui est loin d’être simple…
Un deuxième opus qui fait basculer la trilogie vers une autre personnalité, peut-être au centre de tout, à savoir Jun Jae-seong, pervers narcissique et manipulateur, tandis que l’état psychique de sa fille laisse voir des nuances plus humaines
Mon avis:
Alors j’ai repris la liste des personnages principaux avec leurs noms pour ne pas me perdre ( moi et les noms asiatiques… ça fait deux!)
– Seon-gyeong, femme, criminologue
– Jun Jae-seong, mari de Seon-gyeong et père de la fillette
– Ha-yeong , la fille ( qui a maintenant 16 ans)
– Hui-ju : la psychologue ( et amie de Seon-gyeong)
– Yu-ri : jeune fugueuse disparue
Au début du tome 2, Seon-gyeong découvre qu’elle est enceinte. Au même moment son mari lui annonce que pour son bien et celui de l’enfant à naitre ils vont quitter Séoul et aller s’installer dans une maison au bord de la mer ( elle apprend par la même occasion qu’il avait une maison!). Il lui impose cet état de fait plutôt qu’il ne propose. Cela ne l’enchante pas mais cela déplaît encore plus à sa fille qui n’apprécie pas du tout le fait de se retrouver au milieu de nulle part, de devoir changer d’école…
Mais qui dit petite ville ne dit pas endroit tranquille… La jeune fille va s’en rendre compte…
La famille va donc emménager : la femme Seon-gyeong est nettement moins alerte que dans le tome précédent: effet combiné de ce qu’elle a vécu et de sa grossesse. De plus elle se sent très seule. Son mari n’est jamais là et les relations avec sa belle-fille sont très difficiles. Pas toujours facile d’être belle-mère et de ne pas savoir comment se comporter. Ne pas se montrer trop distante et en même temps ne pas essayer de prendre la place de la mère décédée.
La jeune fille quant à elle est perturbée, mal dans sa peau et on sent que son passé qu’elle a oublié la tracasse et la bouffe de l’intérieur.
En plus elle découvre que les gens de l’endroit lui cachent un élément qui a trait au vécu de sa mère et que récemment une jeune fille de son futur collège a fugué dans des circonstances pas nettes. Quant aux élèves de son collège, ils sembles plus mauvais les uns que les autres. Ceux qui ne sont pas agressifs sont terrorisés…
Je vous laisse plonger dans cet univers fait de non-dits, de secrets, de mystère, de mensonges …
Les relations sociales et familiales sont au coeur du roman et c’est malaisant au possible… mais la résilience est aussi au programme… Les relations entre les personnages sont nettement plus importantes que l’intrigue dans cette série, comme annoncé dans le descriptif de la série.
Plus qu’à attendre la suite vu que l’autrice nous promet une trilogie…
Extraits:
Yu-ri sentit brusquement les larmes lui monter aux yeux. C’était elle qui avait décidé de fuguer, pourtant elle avait l’impression que c’était sa mère qui l’abandonnait. Elle secoua la tête, comme pour chasser ces pensées
Elle habitait sous le même toit que son père et sa belle-mère, pourtant c’était comme si chacun vivait sur une île différente. Ils étaient proches au point de pouvoir se toucher mais leurs cœurs étaient éloignés les uns des autres, comme des atolls perdus au milieu de l’océan.
— Vous ne dites jamais ce que vous avez sur le cœur, comment veux-tu faire une bonne thérapie dans ces conditions ? Si vous ne parlez pas franchement, vous ne vous rapprocherez jamais.
— Les enfants comme elle, sujets à l’angoisse, sont très émotifs. Ils font du mieux qu’ils peuvent pour répondre aux attentes de leurs parents. Si tu ignores leurs efforts, les tensions commencent. Ils cherchent le conflit pour avoir de l’attention.
Les conseils les plus bienveillants sont parfois difficiles à recevoir, surtout quand on se sent totalement épuisé. Ils piquent comme des épines.
Son mari n’avait pas tellement tort : son cerveau ressemblait à cette étagère.
Elle n’avait aucune envie de cultiver les épines de la colère dans ce jeune cœur.
À moins d’effacer nos souvenirs, ils nous poursuivront pour toujours !
Quelques nuages, tutoyant l’horizon, flottaient dans le ciel bleu et rouge. Le soleil, qui sortait sa tête de l’eau, dardait des rayons éclatants comme pour affirmer son existence.
Pour elle, les journaux intimes étaient une ruse des adultes pour mettre la main sur les secrets de leurs enfants. Si ces derniers étaient trop jeunes pour écrire, ils les faisaient dessiner. Ils leur faisaient croire que c’était une bonne habitude. Ce lavage de cerveau durait plusieurs années. Les parents lisaient les secrets de leurs enfants pendant qu’ils étaient à l’école. Ces derniers avaient beau le savoir, ils écrivaient quand même. Ils n’écrivaient donc que ce qui pouvait plaire à leurs parents.
Une balle ne rebondit jamais toute seule. Il faut un stimulus pour entraîner une réaction.
C’était une des choses qu’elle avait apprises dans ces livres sur les adolescents. Attendre… Si on les approche trop brutalement, ils se réfugient dans leur coquille et n’en ressortent jamais. Mais si on attend, si on respecte leur zone de confort, ils sortent d’eux-mêmes et viennent spontanément vous parler. Les adultes ne doivent jamais les juger, ni prendre des décisions à leur place. Ils doivent simplement leur prêter une oreille attentive.
Une blessure physique peut être vue par tous ; une plaie au cœur n’est connue que par celui qui en souffre. Et si la famille en est la cause, cette blessure se double de désespoir.
Du gaslighting. Selon elle, c’était la stratégie typique des maris manipulateurs. Cette forme d’abus mental visait à faire douter la victime d’elle-même.