Lebreton, Stephanie « Champollion à la plage – Les écritures du monde dans un transat » (2025) 208 pages

Autrice : Chargée des collections et des publics, Musée Champollion
Diplômée en histoire, histoire de l’art, et mise en valeur du patrimoine, Stéphanie Lebreton s’occupe depuis près de 20 ans des collections du musée Champollion – Les Ecritures du Monde situé à Figeac, dans la maison natale de Champollion. Médiatrice et autrice d’ouvrages pour la jeunesse, elle s’attache à rendre intelligible pour tous les publics l’histoire des écritures et de leur déchiffrement.
Editions Dunod – Collection A la plage – 14. 05.2025 – 208 pages (Préface de Laurent Coulon – Professeur au Collège de France, Chaire Civilisation de l’Egypte Pharaonique)
La série « À la plage » des éditions Dunod, une collection de livres courts et ludiques qui vous permettent de plonger simplement et de manière accessible dans la vie et les œuvres de philosophes, personnages historiques, figures politiques, scientifiques, techniciens et artistes.
Résumé:
Où et quand les écritures sont-elles nées ? Comment sont-elles parvenues jusqu’à nous ?
En 1822, Jean-François Champollion déchiffrait les hiéroglyphes égyptiens, une des premières écritures au monde, rendant ainsi possible l’étude de toute une civilisation.
Cet ouvrage offre un panorama de l’univers des écritures, antiques ou actuelles, des rives du Tigre et de l’Euphrate aux confins de la Chine, en passant par la Phénicie et la Mésoamérique.
Installez-vous confortablement dans votre transat et laissez-vous conter par Stéphanie Lebreton l’histoire des écritures et de leur déchiffrement.
Sommaire : Prologue : Une histoire des écritures. Chapitre 1 : Champollion, premier égyptologue. Chapitre 2 : L’écriture est née en Mésopotamie. Chapitre 3 : Les hiéroglyphes égyptiens. Chapitre 4 : L’écriture chinoise. Chapitre 5 : La révolution des alphabets. Chapitre 6 : Le maya et les écritures indéchiffrées.
Mon avis :
Quand j’ai vu « Champollion » j’ai bien évidemment tilté … Ceux qui savent que j’adore l’Egypte ancienne comprendront.
Attention : Champollion oui mais pas que. C’est l’histoire des écritures, des grands déchiffreurs dans le monde. J’ai trouvé passionnant.
« Autant de clés fondamentales pour ouvrir les portes des histoires du monde entier ! » et c’est magique.
J’ai découvert cette série qui permet de découvrir bien des sujets de manière abordable. (Mon mari a trouvé que le « Einstein » est davantage l’histoire de la cosmologie qu’une biographie d’Einstein qui est bien évidemment un élément central du livre)
Même si mon commentaire est long, il ne saurait en aucun cas résumer le livre… Il fourmille de détails, d’informations, de références historiques et devrait passionner tous les amoureux de la lecture et de l’écriture.
Le livre parle de la « naissance multiple » des écritures, dans plusieurs endroits du monde, plus ou moins au même moment : Mésopotamie, Egypte, Vallée de l’Indus, Asie (Chine) et Mésoamérique.
Le livre nous éclaire sur les pictogrammes, les idéogrammes, les phonogrammes les hiéroglyphes bien évidemment ,le hiératique, le démotique, l’écriture cunéiforme, l’écriture méroïtique (Pays de Kouch – Nubie) et aussi de la disparition des hiéroglyphes …
L’autrice nous parle de l’assyriologie, du déchiffrage des langues cunéiformes, du sumérien, de l’élamite linéaire (le plus ancien système d’écriture de l’Iran, contemporaine du cunéiforme et des hiéroglyphes) . Coté « technique » on y trouve la recette de fabrication du papyrus, les outils de l’écriture…
C’est en Mésopotamie que nait l’écriture. Deux peuples y vivent, les Sumériens et les Akkadiens.
L’écriture nait principalement de besoins comptables et commerciaux; elle sert d’intermédiaire entre les Dieux et les hommes, elle conserve la mémoire du passé.
L’écriture a permis de transmettre le passé, les lois, les textes littéraires, des textes sur la religion, la divination, l’astronomie, l’astrologie, la botanique, la médecine. Sans l’écriture aurions-nous entendu parler de l’épopée de Gilgamesh ?
Le livre parlent des principaux déchiffreurs, Champollion bien sûr mais bien d’autres comme l’abbé Jean-Jacques Barthélémy, Gardiner, et bien d’autres.. Champollion ( comme le titre du livre l’indique) est à la base du roman : on nous y raconte sa vie, sa famille, ses études, ses découvertes…
La naissance de l’écriture en Asie et principalement en Chine est passionnante également. Ce qui est intéressant est que quarante siècles plus tard, elle est toujours utilisée. Elle nous expose les grandes lignes de cette écriture : les trigrammes , leur système idéographique toujours en évolution, la symbolique.
Les premiers caractères chinois datent du XIV ème siècle. Elle parle aussi de la calligraphie, art bien connu, et coté technique de la fabrication du papier, du principe de l’estampage, du procédé xylographique, de l’invention de l’imprimerie à caractères mobile au XI ème siècle ( bien des siècles avant Gutenberg donc…).
Il y a également des informations sur la Corée avec la création en 1443 d’un alphabet et les techniques coréennes, les idéogrammes « Kanjis » au Japon, et une écriture spécifique aux femmes dans le Sud de la province chinoise du Huhan, le « nüshu » .
Concernant les alphabets, et donc le début de la démocratisation du savoir, il faut attendre le deuxième millénaire avant notre ère. Elles ont été trouvées dans le désert Sinaï.
On découvre la première écriture alphabétique organisée connue, créée au XII ème siècle par les scribes d’Ougarit, l’alphabet carthaginois ou punique, l’alphabet sud-arabique, l’écriture araméenne (dérivée du phénicien). L’écriture arabe est la plus répandue après l’alphabet latin et la calligraphie arabe est extrêmement présente, à tel point qu’elle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. J’ai aussi appris que la minuscule n’apparait qu’au III ème siècle.
Les styles de la calligraphie sont aussi évoqués et l’autrice nous explique leurs usages à l’origine (La Rustica,, l’Onciale, la Caroline, la Gothique, l’Anglaise…
Elle aborde aussi les écritures libyco-berbères, l’Inde et ses 12 écritures pour 21 langues, les cinq systèmes d’écritures en Mésoamérique dans les époques précolombiennes, les premiers signes de l’écriture Maya datent du IV ème siècle avan notre ère et les différents supports d’écriture (pierre, argile, argile) . Comme évoqué précédemment, les Mayas tiennent les écritures de leurs Dieux et pour les Mayas, il s’agit du Dieu Itsamma (protecteur des prêtres). Elle évoque également les hiéroglyphes crétois, l’écriture de l’`le de Pâques (le rongorongo)..
Enfin elle nous parle des écritures non encore déchiffrées : le disque de Phaistos, le manuscrit de Voynich… Et la cryptographie pour coder ou rendre l’écriture indéchiffrable comme la « scytale spartiate »…
Dans l’Epilogue elle nous rappelle que la seule écriture inventée en France est le braille.
Elle parle aussi de l’avenir … la perte des cultures dont la langue et l’écriture disparaissent, la disparition progressive de l’écriture manuscrite et les problèmes que cela peut engendrer au niveau du cerveau , de la motricité, de l’apprentissage de la lecture… alors que les SMS démontrent l’importance de l’écrit dans nos vies quotidiennes . Elle mentionne le nouveau langage « émoji »… Paradoxalement les cours de calligraphie connaissent un nouvel engouement …
Même si mon commentaire est long, il ne saurait en aucun cas résumer le livre… Il fourmille de détails, d’informations, de références historiques et devrait passionner tous les amoureux de la lecture et de l’écriture.
Extraits:
Cet art ingénieux de peindre la parole et de parler aux yeux, et par des traits divers de figures tracées, donner de la couleur et du corps aux pensées.
L’écriture est née il y a cinq mille ans seulement. Les historiens considèrent son invention comme l’un des tournants fondamentaux de la civilisation ; le fait de pouvoir conserver la mémoire de son passé marque la fin de la préhistoire.
Selon l’état actuel des connaissances, les premières écritures sont apparues à partir de la fin du quatrième millénaire avant notre ère dans cinq foyers différents.
Le mot « copte » recouvre plusieurs significations : il désigne une population, une branche du christianisme, un art et, ce qui nous importe ici, une écriture et une langue.
Le copte est la langue liturgique des chrétiens d’Égypte, encore en usage aujourd’hui. Elle est héritée de la langue des pharaons, écrite dès le VIIe siècle avant notre ère en caractères démotiques.
Pour les Égyptiens, le dieu Thot est l’inventeur de l’écriture. Il est représenté sous la forme d’un ibis, d’un homme à tête d’ibis ou d’un babouin.
À Sumer, le Dieu Enki, maître de la sagesse et à l’origine de l’ensemble des faits de civilisation, serait l’inventeur de l’écriture, tandis que Nabu, généralement représenté avec son animal attribut, le dragon à corne, et tenant dans ses mains sa tablette et son calame, serait le scribe.
Le mot « hiéroglyphe » a été inventé par les Grecs. Il est formé de la combinaison des mots hieros, signifiant « sacré », et glyphein, qui veut dire « graver ».