Lenormand, Frédéric : «Confessions d’un masque vénitien» (2010)

Lenormand, Frédéric : «Confessions d’un masque vénitien» (2010)

Les mystères de Venise – Tome 3 « Confessions d’un masque vénitien » (2010)

Résumé : Les reflets étincelants des canaux de la Sérénissime dissimulent une vérité boueuse. Les Vénitiens le savent et l’acceptent. Pas Leonora.

Enfermée par ses parents dans un de ces couvents libertins dont Venise a le secret, la jeune fille n’en sortira que grâce à une action d’éclat. Sa seule chance est de découvrir l’identité du tueur masqué qui s’en prend aux magistrats du Palais ducal. Et son unique piste : l’assassin ne peut s’empêcher d’aller se confesser avant chacun de ses meurtres.

En ce XVIIIème siècle baroque, les Vénitiens s’étourdissent de musique, de jeux et de banquets pour oublier la décadence de leurs institutions. Dans ce climat propice aux faux-semblants et aux intrigues, le crime est de toutes les fêtes, le sordide se cache derrière les plus beaux masques.

Mon avis : Une phrase du livre le résume parfaitement : « Qu’y avait-il de commun entre une main dans un baril, un latiniste masqué, le plus grand hangar à bateaux du monde, des enlèvements de gamins et des attentats politiques ? »

Une fois encore l’intrigue est menée sur un rythme haletant, beaucoup d’informations sur la vie de la cité, des aventures, et des personnages auxquels je m’attache de plus en plus.. A quand la série télé ? …  J’adore l’immoralité qui règne dans ces histoires, reflet de celle de l’Histoire. Et comme le dit l’auteur, tout arrive « Par le juste et l’injuste », c’est-à-dire : tous les moyens sont bons » . J’aime le sens de la formule, le ton facétieux et ironique qui vous envoie des vérités bien senties avec humour, les images qui rendent la lecture « visuelle » , le soin du détail historique qui éclaire sans alourdir. Venise c’est la fête partout et tout le temps ; les couvents sont nettement moins « sages » que ce à quoi on peut s’attendre, la police secrète et les espions rôdent, avec pour accompagnateurs la corruption et la magouille…

J’y ai appris qu’il avait des courses de taureaux dans Venise, chose que j’ignorais. J’en ai appris également sur l’élevage des anguilles et sur l’importance du gibier d’eau. C’est de plus un magnifique guide pour qui désire se focaliser sur les quartiers de Venise. J’ai apprécié la visite du quartier de l’Arsenal, et la mise en lumière de l’épisode de la vie vénitienne qui conduisit à l’enlèvement des enfants de pécheurs pour pallier au manque de moussaillons.

Extraits :

– Les masques sont interdits en dehors du carnaval, mon fils.
– Mon père, je ne suis pas venu entendre la loi des hommes, mais celle de Dieu.

Curieuse rencontre de ceux qui se levaient tôt par nécessité et de ceux qui ne s’étaient pas couchés. Pour une fois, le peuple allait en barque et la noblesse à pied, parce qu’elle trouvait tout à coup plaisant de marcher, tandis que les maraîchers venaient de loin avec leurs légumes frais. Et ce choc avait lieu dans la bonne humeur de part et d’autre. Les pauvres convenaient de ce que les riches avaient des occupations de riches ; ceux-ci jugeaient les pauvres distrayants et les enviaient de n’avoir pas le temps de s’ennuyer. Les uns étaient emportés par le labeur, les autres par la course aux plaisirs. Les uns fuyaient la misère, les autres le vague à l’âme, et ces deux fuites les conduisaient au même endroit. Comment ne se seraient-ils pas compris ? Cela durait depuis des siècles.

– J’ai prévu de vous inclure dans un petit trafic de la plus parfaite impiété. Cela ne vous dérange pas, j’espère ?
– Nullement, pourquoi ? répondit Flaminio avec l’innocence de la murène devant un nid de crevettes

– Nous allons changer ce garçon manqué en garçon réussi !

Il comprenait pourquoi ses concitoyens maintenaient, en dépit des foudres vaticanes, l’une de leurs institutions les plus originales : le divorce.

– Ce n’est pas l’eau qui est dangereuse, à Venise, c’est le ridicule

Tout l’art de la haute administration consistait à ouvrir la bonne porte à la bonne personne sans que quiconque pût prouver que vous aviez tourné la poignée.

– Ma chérie, la personne avec qui l’on passe sa vie est celle à qui l’on ment le plus, lui rappela son père.

Le scrupule était, à Venise, la maladie la plus dangereuse. On pouvait réchapper de la peste, de la vérole, mais, du scrupule, non.

 

 

Série Les mystères de Venise : voir la présentation

 

 

 

One Reply to “Lenormand, Frédéric : «Confessions d’un masque vénitien» (2010)”

  1. Alors là, ton commentaire m’en apprend énormément déjà sur le fond de la vie de Venise à cette époque ! Enlèvement d’enfants pour en faire des moussaillons ?? Mon dieu, quelle horreur pour les parents…oui, je sais, on est en 2016 mais bon, quand même hein !! Bon allez, je file voir le résumé du suivant….

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