Goetz, Adrien «La nouvelle vie d’Arsène Lupin» (2015)

Goetz, Adrien «La nouvelle vie d’Arsène Lupin» (2015)

Résumé : Arsène Lupin revient. Un héros des années 10, lui ? Oui : des années 2010 ! Le gentleman-cambrioleur, plus sportif, gouailleur, élégant et désinvolte que jamais, détrousse les réseaux sociaux, enlève les scénaristes de sa série télévisée favorite, s’attaque au changement climatique, s’envole vers les émirats, et va jusqu’à faire invalider les comptes de campagnes du nouveau président de la République…

Dans ce trépidant divertissement, Adrien Goetz, le père de Pénélope et de ses fameuses intrigues (Intrigue à Versailles, Intrigue à Giverny…), rajeunit le plus mythique des personnages français, ainsi que ses partenaires et adversaires, du ridicule détective Herlock Sholmès à la redoutable Joséphine Balsamo, convertie au féminisme militant. La traque d’Arsène Lupin commence !

Mon avis :

Un bel hommage de Goetz à Lupin. Lupin le retour… à l’époque du numérique et d’Internet, l’invisibilité est ailleurs et l’écran a remplacé la cape, mais l’inventivité, le génie et l’art de la pirouette sont toujours là- Eh oui.. Lupin est immortel, c’est un super héros et merci à l’auteur de nous le dépoussiérer … il arrive même à lui faire attraper le mal du siècle… la dépression… Surprenant et inventif… c’est drôle, fin, plein d’humour. Lupin épingle notre société moderne et je me réjouis de le retrouver pour une suite ( ?)

Extraits :

Tous les cent ans, je m’invente une nouvelle vie, avec enfance, jeunesse, maturité…
— Lupin est un personnage de roman.
— C’est comme les comètes : en 1915 j’étais Lupin déjà et je prenais la tête de 10 000 Berbères, pour la France, dans le désert du Sud marocain. En 1815 on m’appelait Vidocq et j’avais dans ma bande deux garnements de dix-sept ans qui s’appelaient Balzac et Michelet. En 1715 j’étais tour à tour Cartouche, le bandit au grand cœur, et Philippe d’Orléans, régent de France, j’ai donné à ce radin de John Law l’idée du papier-monnaie. (…. je vous laisse découvrir la suite 😉

Il évoqua son arrière-grand-père, cet Isidore Beautrelet que Maurice Leblanc avait transformé en héros de son roman L’Aiguille creuse, et qui avait défié Arsène Lupin au point de mettre en danger le célèbre gentleman-cambrioleur.

la consultation de la tablette iPad est la prière du matin de l’homme moderne. Les journaux n’apportent que les nouvelles de la veille ; sur Twitter, c’était de l’actualité fraîche comme de la crème.

Strasbourg est la capitale de l’occultisme depuis la Renaissance, c’est ici que viennent les mages, tous ceux qui parlent aux esprits.

Au Moyen Âge, une légende voulait que le diable, à toute vitesse, tourne ainsi certains jours autour de la maison de Dieu.

Mais le gouvernement américain n’a-t-il pas déjà accès, en douce, à tous les réseaux sociaux ? Le Pentagone affirme tellement que non…

… et quand le dernier ordinateur se sera éteint, aucun archéologue du futur ne pourra décrire les mentalités de ceux qui vivaient ainsi, les pieds dans le réel et la tête dans les réseaux. Facebook, qui sera bientôt fait de plus de morts que de vivants, sera la grande nécropole du XXIe siècle, que nul ne pourra jamais fouiller.

Sauf si Lupin n’est autre que le patron de Facebook, comme il avait été, cent ans plus tôt, M. Lenormand, chef de la sûreté, poste à peu près équivalent à l’ère de la mondialisation…

Tu es son homme idéal, ton côté sucré-salé.

Il me donna sa carte de visite, car dans la société contemporaine où tout passe par des écrans, des sites, des messages, la carte de visite, étrangement, n’a pas disparu.

“Lupin ne tue pas”, tous les journaux le répètent, mais tu fais pire, tu tortures, tu blesses, tu brises, tu casses tes adversaires, et surtout si ce sont des femmes. Tu ne tues pas parce que tu es lâche.

Il se répétait, en regardant le plafond, cette triste rengaine : « Je… néant… vide… rien… »

À la différence du Sancy ou du Hope, qui portent la poisse, le Régent a toujours été un peu caméléon, donnant sa chance à qui était heureux, et laissant le malheur à qui n’en était pas digne.

Lupin, qui ne tue jamais, est le champion des faux cadavres et des résurrections. Les acteurs de La Mort qui rôde lui plaisent, cette Wallis a du chien, les décors sont superbes, la construction du scénario irréprochable. Ces séries sont tellement mieux faites que les enquêtes et les aventures du monde réel…

Tu continues à lui faire croire que tu cherches. Mais tu ne chercherais pas si tu n’avais déjà trouvé ! C’est ta tapisserie de Pénélope ton affaire, ça ne trompe pas le père Lupin : avoue que tu détruis chaque soir les notes que tu prends pendant la journée pour que ça dure jusqu’à la fin de ta bourse…

Où est-il le grand Arsène, le monocle qui vole, le coureur de fond, l’alpiniste qui escaladait Big Ben ? Il est là où on trouve les monocles et les capes de magiciens, au marché aux puces !

Comme s’il avait cambriolé la part non écrite de ses recherches, ce dont il n’avait encore parlé à personne, comme si c’était cette fois l’intimité même de sa cavité crânienne qui avait été violée, comme si dans sa tête on avait creusé des passages secrets et vrillé des escaliers dérobés.

La question n’est plus du tout de savoir si on croit ou pas en un autre monde, en une vie après la vie, en un ailleurs. Nous baignons dans des ailleurs, de tous côtés, des marmites où bouillonnent les autres vies et les vies des autres, les vies que les autres croient avoir, ce qu’ils nous montrent et ce que nous croyons qu’ils nous cachent, des écrans, des aquariums, des jeux vidéo qui ont remplacé tout ce à quoi on croyait il y a vingt ans. Alors, l’autre monde, l’enfer, le purgatoire, le paradis, les tartines de mon ami Dante, ça s’est un peu compliqué…

tous croient au monde virtuel, d’abord, à ce qu’ils font et voient sur Internet, ils pensent que le monde est dans leur téléphone, dans leur tablette, dans les messages reçus sur leur ordinateur portable, dans les puces qu’on leur glissera demain dans le crâne.

Nos coffres-forts sont virtuels, nos guerres sont souvent sans armes, nos trésors ne sont plus uniquement des œuvres d’art. Votre héros, lui, est immortel, et grâce à lui vous avez réussi à être le vrai successeur de ceux que vous admiriez dans votre jeunesse et qui vous ont donné envie d’écrire.

 

2 Replies to “Goetz, Adrien «La nouvelle vie d’Arsène Lupin» (2015)”

  1. Ah ! Adrien Goetz, que je connais sous un autre aspect littéraire, je pense te l’avoir déjà écrit, ne m’a pas vraiment convaincu quand j’ai lu, au cours de ces dernières vacances son petit roman à propos du coiffeur de Chateaubriand : je ne fus pas pas vraiment « décoiffé » par le vent d’une génie littéraire !!!

    Il faudra peut-être que je me tourne vers Pénélope.
    Quelle est la meilleure de ses enquêtes, à ton avis ?

    1. Peut-être « Intrigue à Versailles » …mais j’ai comme une appréhension à te suggérer de lire un petit policier.. même si il est documenté..

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