Springsteen, Bruce «Born to run» (RL2016)

Springsteen, Bruce «Born to run» (RL2016)

Résumé : En 2009, Bruce Springsteen et le E Street Band jouent à la mi-temps du Super Bowl. L’expérience est tellement grisante que Bruce décide d’écrire à ce sujet. C’est ainsi qu’a commencé cette extraordinaire autobiographie.

Au cours des sept années écoulées, Bruce Springsteen s’est, en secret, consacré à l’écriture de l’histoire de sa vie, apportant à ces pages l’honnêteté, l’humour et l’originalité qu’on retrouve dans ses chansons.

Il décrit son enfance, dans l’atmosphère catholique de Freehold, New Jersey, la poésie, le danger et les forces sombres qui alimentaient son imagination, jusqu’au moment qu’il appelle le Big Bang : la première fois qu’Elvis Presley passe à la télévision, au Ed Sullivan Show. Il raconte d’une manière saisissante l’énergie implacable qu’il a déployée pour devenir musicien, ses débuts dans des groupes de bars à Asbury Park et la naissance du E Street Band. Avec une sincérité désarmante, il raconte aussi pour la première fois les luttes personnelles qui ont inspiré le meilleur de son œuvre et nous montre que la chanson Born to Run dévoile bien plus que ce qu’on croyait.

Comme le dit l’éditeur sur sa page : Born to Run sera une révélation pour qui apprécie Bruce Springsteen, mais ce n’est pas seulement le témoignage d’une rock star légendaire. C’est un livre pour les travailleurs et les rêveurs, les parents et les enfants, les amoureux et les solitaires, les artistes, les dingues et tous ceux qui ont un jour voulu être baptisés dans les eaux bénies du rock’n’roll.

http://www.albin-michel.fr/auteurs/bruce-springsteen-51731 ( il y a des vidéos aussi de l’auteur en train de lire son texte)

et la bande son qui va avec … « Chapter and Verse » (avec 5 titres inédits)

Mon avis : Avant toutes choses je vous dis que j’adore Bruce Springsteen et que le top des tops de ses chansons est pour moi la chanson « The River ». A part ça—que la taille du livre ne vous fasse pas peur. C’est passionnant. C’est comme ces textes de chansons… en direct du cœur et de l’âme. C’est l’histoire du chanteur mais c’est surtout (comme ses disques) l’histoire de l’Amérique. C’est aussi la volonté de réussir, l’histoire des amitiés, de sa famille, des tournées, de ses peurs et de ses angoisses… C’est juste comme s’il nous donnait les clés de ses pensées… Ceux qui l’aiment l’aimeront encore davantage et ceux qui ne le connaissent que peu ou pas peuvent sans aucun souci se plonger dans l’histoire de l’Amérique vue par un homme qui est le reflet de son époque.

Extraits :

Un monde où les hommes se métamorphosent en dieux et les dieux en diables – pour de vrai. J’avais vu des dieux se transformer en diables à la maison, j’avais vu le visage possessif de Satan. Quand mon pauvre paternel, dans une furie alimentée par l’alcool, cassait tout à la maison au milieu de la nuit, nous collant à tous une trouille bleue, j’avais senti cette force ultime des ténèbres nous rendre visite sous la forme d’un père aux abois… menace physique, chaos affectif et pouvoir de ne pas aimer.

 J’en suis arrivé à comprendre avec regret et perplexité qu’à partir du moment où l’on a été catholique, on le restera toujours. Alors j’ai cessé de me faire des illusions. Je pratique rarement, mais je sais que quelque part – au fond de moi – je fais encore partie de l’équipe.

Dans le catholicisme existaient la poésie, le danger et les ténèbres qui reflétaient mon imagination et mon moi intérieur.

Ma grand-mère, dans sa confusion mentale, ne se rendait pas compte que son amour brut exclusif détruisait les hommes qu’elle élevait. 

Ma mère et ses deux sœurs ont gardé une foi totale dans l’humanité ; ce sont des créatures sociables qui seraient capables de tenir une joyeuse conversation avec un manche à balai. 

 « Mesdames-messieurs… Elvis Presley. » Soixante-dix millions d’Américains ce soir-là ont été exposés à ce tremblement de terre humain qui se déhanchait.

 Le monde adolescent c’était celui des 45 tours. Une galette de cire avec au milieu un trou d’un demi-dollar de diamètre qui nécessitait un adaptateur en plastique spécial que l’on enfilait sur l’axe central des 33 tours.

 J’ai rencontré des mômes racistes, des mômes qui avaient appris ça chez eux, près de chez moi, mais il a fallu que je fraye avec la classe moyenne et la classe moyenne supérieure pour rencontrer des gamins qui refusaient de jouer avec des Noirs. 

Entre Steve et moi, dès le début, ça a été cœur à cœur et âme à âme.

Steve et moi, on a vu Neil Young faire la promotion de son premier album solo, sa fameuse Gibson noire branchée sur un minuscule ampli Fender à faire trembler les murs du Bitter End.

Un soir, un gamin qui en connaissait un rayon question guitares m’a fait comprendre le « miracle » de ma Gibson. Il s’est approché, et m’a félicité d’avoir eu l’idée géniale de mettre des cordes de guitare sur une basse six cordes pour m’en servir comme d’un instrument solo. J’ai hoché la tête avec un air entendu tout en me disant : « Eh merde… c’est une basse six cordes ! » Je faisais des solos de dingue depuis des mois sur une basse ! Pas étonnant que le son soit si épais et les frettes si dures à atteindre. N’empêche, ça marchait !

Si vous êtes meilleur que moi, vous avez droit à mon respect et mon admiration et vous me donnez envie de me dépasser.

En pionnier, Dylan a planté un drapeau, il a écrit des chansons et chanté les paroles qui ont été essentielles, à l’époque, à la survie affective et spirituelle de tant de jeunes Américains.

 Je voulais être une voix qui soit le reflet de mon expérience et du monde dans lequel je vivais.

J’étais un enfant de l’Amérique à l’ère de la guerre du Vietnam, des assassinats de Kennedy, Martin Luther King et Malcolm X

Keith Moon, Janis Joplin, Kurt Cobain et tous ceux qui sont morts trop tôt, tous ceux-là ont volé quelque chose à la musique que j’adore ; j’aurais voulu qu’ils vivent, qu’ils profitent du talent qui était le leur et du respect de leur public.

Les gens ne vont pas voir des concerts de rock pour apprendre quelque chose, ils y vont pour qu’on leur rappelle ce qu’ils savent déjà, ce qu’ils sentent au fond d’eux. 

La plupart de mes textes sont des autobiographies émotionnelles.

On a du mal à atteindre une cible mouvante, on n’attrape pas l’éclair. L’éclair frappe, laisse une cicatrice, puis disparaît, gone, baby, gone. Pour ça la route était idéale ; l’éphémère, le détachement, c’était la règle du jeu. 

Mes disques font toujours entendre un personnage qui s’efforce de comprendre où placer son esprit et son cœur. J’imagine une vie, je la teste, puis je vois comment ça se passe. Je me mets à la place de quelqu’un, j’emprunte les chemins de lumière et d’ombre que je suis forcé de prendre avec lui mais que je n’aurais peut-être pas envie de suivre jusqu’au bout. Un pied dans la lumière, un pied dans les ténèbres, en route vers demain.

son visage était une carte attendrie de toutes nos peines et de nos épreuves.

j’ai levé la tête et chanté « Promised Land » pour ceux à qui la chanson était destinée : les jeunes, les vieux, les Blacks, les Blancs, les basanés, de toutes religions et de toutes classes sociales. Je chante pour eux aujourd’hui.

« We Are Alive ». Écoutons les âmes et les esprits qui nous ont précédés et entendons ce qu’ils ont à nous apprendre.

Comme dit Clint Eastwood : « Un homme doit connaître ses limites. » Ensuite, il faut les oublier et avancer.

 

Photo : prise par moi le 3 juillet 2013 – Stade de Genève.

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