Legardinier Gilles « Et soudain tout change » (2013)
Auteur : Né en 1965, Gilles Legardinier travaille sur les plateaux de cinéma américains et anglais, notamment comme pyrotechnicien. Il réalise également des films publicitaires, des bandes-annonces et des documentaires sur plusieurs blockbusters. Il se consacre aujourd’hui à la communication pour le cinéma pour de grandes sociétés de production, ainsi qu’à l’écriture de scénarios de bandes dessinées et de romans. Alternant des genres très variés, il s’illustre en livres pour les enfants et la jeunesse avec, notamment, Le Sceau des Maîtres (2002), mais aussi dans le thriller avec L’Exil des Anges (Prix SNCF du polar 2010) et Nous étions les hommes (2011), et, plus récemment, dans le roman humoristique, ce qui lui vaut un succès international avec Demain j’arrête ! (2011), Complètement cramé ! (2012), Et soudain tout change (2013) , Ca peut pas rater! (2014) , Quelqu’un pour qui trembler (2015). Le Premier miracle (2016) est un thriller.
Résumé de l’editeur : Pour sa dernière année de lycée, Camille a enfin la chance d’avoir ses meilleurs amis dans sa classe. Avec sa complice de toujours, Léa, avec Axel, Léo, Marie et leur joyeuse bande, la jeune fille découvre ce qui fait la vie.
À quelques mois du bac, tous se demandent encore quel chemin ils vont prendre. Ils ignorent qu’avant l’été, le destin va leur en faire vivre plus que dans toute une vie… Du meilleur au pire, avec l’énergie délirante et l’intensité de leur âge, entre espoirs démesurés, convictions et doutes, ils vont expérimenter, partager et se battre. Il faut souvent traverser le pire pour vivre le meilleur…
Avec cette nouvelle aventure, Gilles signe un roman comme il en a le secret et qui, entre éclats de rire et émotions, nous ramène là ou tout commence vraiment. Cette histoire est aussi la nôtre. Bienvenue dans ce que nous partageons de plus beau et qui ne meurt jamais.
Mon avis : très joli livre sur l’adolescence et la découverte de la vie, de l’amitié et de la mort. Alors oui on peut se dire que j’ai passé l’âge de lire des histoires d’ados, mais c’est charmant, sans prétention mais aussi drôle et piquant. Alors à moi les années de lycée… Une échappée vers la jeunesse, en tendresse et sourires. Un ton léger pour un sujet pas si léger que ça !
Extraits :
Ce jour-là, j’ai appris une chose essentielle : dans un combat, ce n’est pas le plus fort qui l’emporte, mais le plus convaincu.
Vous savez, j’ai toujours cru qu’il existait un âge pour conjuguer les verbes : marcher, grandir, aimer, perdre, souffrir, mentir, baisser les yeux, apprendre, se battre, avouer, espérer, partir ou laisser partir. Maintenant, je sais que c’est faux. Il n’y a pas d’âge pour conjuguer les verbes, il faut juste les circonstances
Si les doutes et les angoisses se vendaient, je serais milliardaire
Tout n’est quand même pas si noir, parce que je dois bien admettre que si les espoirs et les envies se vendaient eux aussi, alors je serais là encore super riche
Je ne suis pas de celles qui savent, mais je pense être de celles qui sont prêtes à apprendre.
Ce matin, je pense qu’elle s’est en plus maquillée dans un train qui déraillait. Pour venir, elle est passée par la Cordillère des Andes, et la voie s’est effondrée
À toujours vouloir ressembler aux autres pour se sentir intégré, on finit par sacrifier beaucoup trop de soi.
Qu’est-ce qu’on a gagné en grandissant ? Qu’avons-nous perdu ? De plus en plus de choses à faire, d’obligations, pour une liberté souvent illusoire. Pourquoi change-t-on autant en si peu d’années ? Quelle est la différence entre grandir et vieillir ?
Elle est capable de déprimer un clown shooté au gaz hilarant
Les rares fois où l’on arrive à tout oublier, à se laisser aller dans l’instant, personne ne devrait avoir le droit de vous agresser
Exister, c’est savoir ce que l’on donne et ce que l’on prend
Quand on a une mission, on est payé pour, objecte Théo. — Faux. Tes parents ne sont pas payés pour t’élever, et c’est pourtant une vraie mission. Celui qui t’aide à trouver ton chemin dans la rue, l’ami qui te console, la femme qui te supporte, tout ce qu’il y a de plus important dans la vie n’est jamais rémunéré. Elle est triste, cette logique de contrepartie. Vous n’avez rien payé pour être vivants, et vous l’êtes pourtant
Il y a quelque chose de magique à voir ces gens normaux devenir plus qu’eux-mêmes à travers la musique
Les oiseaux doivent savoir quelque chose que nous ignorons. Ce matin, avant même l’apparition des tout premiers rayons du soleil, ils chantaient déjà comme des malades en voletant partout. Ils sentent probablement le printemps arriver
Je ne veux pas voir ses yeux, sinon je vais me mettre à pleurer avec lui et on finira tous les deux dans un roman de Dickens
À force de trop réfléchir, à force de ne pas oser, d’autres me passent toujours devant et je vais finir toute seule. Un jour, je serai comme le petit monsieur de ce matin, avec mes souvenirs, mes regrets, et ma vie tombera en poussière comme son immeuble
Mon père dit que « problématique » est un mot inventé assez récemment pour donner des airs ronflants à de faux problèmes qui, de toute façon, ne seront pas résolus
Parfois, on va tellement mal qu’on refuse même de voir les gens qu’on aime le plus au monde.
Besoin d’être seule et de remettre un semblant d’ordre dans ma tête, si possible. Mon esprit ressemble à une caisse de pétards qui aurait pris la foudre.
Il existe vraiment plusieurs mondes sur cette terre. Tous dans le même décor, mais chacun son scénario. Personne ne connaît l’histoire des autres avant d’être à son tour concerné
Faut-il attendre que la mort arrive pour se rendre compte de la place qu’occupent les gens ?
J’ai toujours aimé découvrir d’autres lieux. C’est comme déballer un cadeau.
Pour moi, la mort n’est qu’un concept assez flou. En fait, je la ressens plus comme une frontière. Avant, tout est possible. Après, ça va devenir nettement plus compliqué…
On vit, on meurt, les gens pleurent, et après ils se demandent ce qu’ils vont manger.
Il a miaulé. J’ai ouvert la fenêtre. Il m’a regardée, surpris que je lui cède, et il a vite sauté au cas où je changerais d’avis. Une fois arrivé sur sa branche, il s’est retourné. Je vous jure que même si ce n’est qu’un chat, ses yeux m’ont dit merci.
Vous ne savez pas qu’on soigne encore mieux par le moral que par les piqûres ? C’est un pénitencier ou un hôpital
Je ne sais pas si vous pouvez imaginer ce qui se passe en moi. Si j’étais un océan, ce serait la tempête du siècle suite à un séisme de magnitude 10. Si j’étais une expérience, je serais une explosion nucléaire souterraine. Si j’étais la plus belle des fleurs, j’aurais flétri en moins d’une fraction de seconde.
Si j’étais une horloge, je me mettrais à tourner en sens inverse. Si j’étais la pluie, je remonterais dans les nuages. Si j’étais une fleur fanée, je refleurirais comme jamais.
Je me fais l’impression d’être une substance chimique hyper réactive. La moindre molécule d’émotion que l’on m’envoie peut me détruire, me ranimer, me changer, me consumer ou me faire briller pour toujours
on couche parce qu’on a envie. On aime parce qu’on n’a pas le choix
Les drames sans responsable sont les pires de tous. Personne à qui en vouloir. La chance et la justice sont en dehors du coup
ce sont les problèmes qui nous forgent et les peurs qui nous rapprochent. On fait sa vie avec ceux qui comprennent nos soucis.
celui qui meurt emporte un bout de ceux qui l’aiment avec lui, et c’est à ceux qui restent d’empêcher que tout ne parte avec.
C’est peut-être le secret d’un vrai couple : chacun doit révéler ou réveiller quelque chose chez l’autre
Une éclaircie se glisse entre deux nuages. C’est fou comme le soleil peut paraître indécent lorsque l’on est brisé de chagrin
Vous n’avez jamais pensé à refaire votre vie ? — Il n’y a rien à refaire. On ne peut rien effacer, il faut juste essayer de continuer.
Le plus grand malheur, la pire des solitudes, c’est de n’être utile à personne
quand elle s’énerve, ses yeux tirent des missiles que même l’armée américaine n’a pas les moyens de se payer
Ne cherche pas à être quelqu’un d’autre que toi-même. Et n’attends pas que l’on décide pour toi. Donne ton avis, toujours sincèrement.
3 Replies to “Legardinier Gilles « Et soudain tout change » (2013)”
Un peu de douceur dans ce monde de brutes ! Même si j’ai préféré « Demain j’arrête ! » et « Complètement cramé », le dernier roman de Gilles Legardinier mérite lui aussi un joli succès. Que du bonheur !
On en oublie parfois que Legardinier a aussi publié quelques très bons thrillers. Si l’auteur maintient le rythme qu’il s’est fixé, il devrait d’ailleurs en sortir un nouveau pour l’été. C’est tout le mal que je lui souhaite.
Totalement d’accord avec ton premier paragraphe. Je ne demande qu’à découvrir les thrillers.. Tu en as un à me conseiller?
J’ai lu « Nous étions les hommes » et « L’exil des anges ». Difficile de choisir entre les deux. Le second, peut-être ?