McCoy, Sarah «Un parfum d’encre et de liberté» (2016)

McCoy, Sarah «Un parfum d’encre et de liberté» (2016)

Auteur : Fille de militaire, Sarah McCoy a déménagé toute son enfance au gré des affectations de son père. Elle a ainsi vécu en Allemagne, où elle a souvent séjourné depuis. Résidant actuellement à El Paso au Texas, elle y donne des cours d’écriture à l’université tout en se consacrant à la rédaction de ses romans.

« Un goût de cannelle et d’espoir » (Les Escales, 2014) est son premier ouvrage publié en France (Aussi publié sous le nom : La bonne étoile d’Elsie) . En 2016 a paru « Un parfum d’encre et de liberté«  (Michel Lafon). Ils sont aussi disponibles en poche chez Pocket. En 2017 elle publie « Le souffle des feuilles et des promesses » (Michel Lafon) et en 2019 « Le bruissement du papier et des désirs ».

Résumé : 1859. La jeune et impétueuse Sarah apprend qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant. Mais comment trouver un sens à sa vie dans ce monde régi par les hommes ? Comment trouver sa place quand on est la fille de John Brown, célèbre abolitionniste qui aide des esclaves à fuir ?
« 2014 »Eden et son mari emménagent dans la banlieue de Washington dans l’espoir de sauver leur mariage et fonder enfin une famille. En explorant sa nouvelle demeure, la jeune femme découvre une tête de poupée ancienne. Que signifient les mystérieuses lignes qui la recouvrent ?
Plus de cent cinquante ans séparent Eden de Sarah, mais sur la grande carte du monde et de l’Histoire, les destins de ces deux femmes se rejoignent en plus d’un point.
Un voyage exaltant, à la redécouverte du courage, de la famille, de l’amour et de l’héritage.

Mon avis : Deux héroïnes principales, Sarah en 1859 et Eden en 2014 : leur point commun : elles ne pourront pas avoir d’enfant. Le lien… une histoire de poupée… Mais je vous laisse le découvrir. Comme dans le précédent roman « Un goût de cannelle et d’espoir », la romancière va nous raconter en parallèle la vie de ces deux femmes dont les destins se ressemblent et se rejoignent. Sarah est Sarah Brown, fille du célèbre abolitionniste John Brown ( mais ici c’est une héroïne de roman) et nous baignions ici dans l’Histoire avec un grand H et le livre est bien documenté . On vit avec elle et toutes les personnes qui se sont engagées dans le combat pour aider les esclaves ou les noirs non esclaves à fuir et à gagner le droit de vivre libres. J’ai beaucoup aimé ce personnage et la suivre dans sa lutte/vie fut palpitant et émouvant. Sa relation avec Freddy est juste magnifique et poignante… Et la jeune Alice est aussi un personnage qui m’a beaucoup touché. Tous les personnages secondaires ont une vie propre et cela donne du corps au roman.

J’ai moins aimé Eden, qui ne m’a pas touché au cœur, même si elle est devenue plus sympathique à la fin. Par contre j’ai bien aimé le personnage de la fillette Cléo et la relation avec Criquet, le petit chien. Les deux femmes nous offrent une jolie leçon de vie : mettons le bonheur d’aimer et d’être aimés au-dessus de tout. Même si mon vrai coup de cœur fut pour le précédent j’ai beaucoup aimé celui-ci. Romantisme et Histoire… Lecture agréable ; j’aime ces écrivains qui donnent vie aux objets et aux maisons.. J’ai aussi beaucoup aimé les rapports avec la nature, la peinture. Une fois encore un roman qui met en valeur des femmes.

( Je pense que Marie devrait aimer cette romancière)

Extraits :

C’est une vieille bâtisse magnifique ! protesta la femme en posant sa main nue sur la rampe de l’escalier.

Sa voix et son contact réchauffèrent les os de la maison, qui frémit sous sa caresse.

L’atmosphère autour d’eux se craquela.

La maison percevait les palpitations de son cœur, tels les sabots des chevaux qui autrefois galopaient jusqu’à son seuil. Les colombes dans le grenier enfouirent leurs têtes sous leurs ailes.

Seuls les murs en étaient témoins, incapables de raconter son histoire à sa place.

Petit à petit, le lieu apparut sur la feuille blanche tel un mirage. Elle ne s’était jamais imaginée artiste avant cela. Elle n’avait jamais eu l’occasion ou l’envie d’essayer. À présent, le dessin lui venait aussi aisément qu’un sourire et lui procurait deux fois plus de plaisir.

La douleur était trop vive, sa compassion lui faisait le même effet que de l’alcool à brûler sur une plaie ouverte. Elle ne la supportait pas, même si cela aurait pu favoriser la cicatrisation.

Elle se comportait en adolescente, plus encore que pendant son adolescence même : des éclats incontrôlés, des coups. Irrationnelle, hystérique… Les choses devaient être faites à sa façon, sinon rien. Elle détestait cela. Elle se détestait, et pourtant elle n’arrivait pas à empêcher son cœur de s’emballer.

À son agence de communication, elle pouvait convaincre un buisson d’acheter une robe verte ; mais quand il s’agissait d’émotions sincères, elle était perdue.

Elle n’aimait pas l’idée d’être une roue. Tourner sur soi-même sans jamais aller nulle part.

Elle avait investi du temps dans ses enfants. Et d’une certaine façon, c’était de l’amour.

– Un arc-en-ciel, c’est beau, mais si on essaye de l’attraper, on comprend vite qu’c’est que d’la buée dans les mains.

Les secrets unissent les gens bien plus que les liens du sang, l’amour ou la foi.

« Si la vie t’offre des citrons, au moins t’as des citrons ! »

On dit que Dieu a envoyé à Adam et Ève des perce-neige pour les consoler après les avoir chassés du Paradis. Elles symbolisent l’espoir et le réconfort,

Les histoires de fantômes ne sont que des mystères irrésolus.

Mais la vengeance ressemble à une plante grimpante de Virginie : impossible à déraciner.

Voir cette réalité se jouer sous ses yeux lui fit l’effet d’une pierre qui se libérait de la digue de son cœur. La rivière menaçait de déborder.

Le meilleur moyen de transmettre un message est une question aussi subjective que le meilleur moyen de manger un œuf, je suppose. Mais sur un point, nous ne pouvons que nous entendre : le message doit passer.

L’art, c’est un conte de fées pour les yeux.

Une recette n’est rien de plus qu’une formule à suivre. Ce qui compte, c’est comment toi, tu la fais. Le produit fini ne sera pas exactement le même pour tout le monde, et pas toujours pareil à chaque fois,

L’âge est pareil à une plante grimpante qui étend peu à peu ses feuilles dans toutes les directions.

Dans la clandestinité, la retenue était tout aussi importante que l’action.

Les fantômes n’existent pas. C’est juste de mauvais souvenirs qu’on ferait mieux d’enterrer dans le passé.

Ce que les légendes et l’histoire ont en commun, c’est que tout le monde court vers son avenir, quel qu’il puisse être.

Elle s’était laissée dévorer par le chagrin, avait passé bien trop de temps à s’apitoyer sur son sort. Cela avait assez duré. Comme dans l’histoire de Jonas et de la baleine, il était temps de sortir du ventre de la bête.

Leurs doigts s’entrelacèrent, et ils continuèrent leur route main dans la main, comme ils le faisaient à l’époque où ils flirtaient. Un geste d’adolescents amoureux, pas de gens de leur âge. Mais elle aimait ça, la sécurité de leurs paumes jointes.

La peur est un amant trompeur, et elle en avait assez de partager son lit avec.

Les mots sur sa langue sonnaient plus lourd que des balles de plomb, mais ils ne frappèrent pas de la même façon.

Mais mon cœur s’est glacé, plus dur à présent que les pierres des rivières. Il pèse comme un poids mort dans ma poitrine. Plus aucune chaleur, plus de rythme.

 Sa voix s’éteignit telle une flamme qu’on souffle, et elle pleura en silence dans le noir.

On ne peut pas forcer la vie à faire ce qu’on veut quand on le veut. On ne peut pas changer le passé, ni contrôler l’avenir. On peut juste vivre le présent le mieux possible. Et avec un peu de chance, il nous sourit.

– Aucune peinture ne peut vous rassasier. Ce n’est pas réel, juste l’empreinte d’un instant. Un souvenir pour quand ce ne sera plus la saison des pêches.

Infos :

John Brown : https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Brown

Sarah Brown : (en anglais) : http://www.saratogahistory.com/History/sarah_brown.htm

Photo : John Brown (daguerrotype )

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