Stefánsson, Jón Hallur «L’incendiaire» (2010)

Stefánsson, Jón Hallur «L’incendiaire» (2010)

Auteur : Jón Hallur Stefánsson (à ne pas confondre avec Jón Kalman Stefánsson) est né en 1959 en Islande. Dans les années 1990, il travaille comme animateur radio avant de se mettre à écrire et à traduire. Il est, notamment, le traducteur islandais de Julio Cortazar et J. K. Rowling. En 2004, il obtient le prix de l’association des auteurs policiers d’Islande pour une nouvelle intitulée Enginn engill (loin d’être un ange). Après « Brouillages », « L’incendiaire » est le deuxième titre traduit en français de cet auteur islandais, mettant en scène l’Inspecteur Valdimar Eggertsson

2èeme enquête de Valdimar Eggerstsson

Gaia oct 2010 / Babel noir oct 2012

Résumé : « Sur les hauteurs de la petite ville islandaise de Seyðisfjörður, un incendie a ravagé la maison d’un capitaine de chalutier, alors que celui-ci passait des vacances en Espagne avec sa famille. Un an plus tôt, la maison du pasteur avait elle aussi brûlé. Pour Smári Jósepsson, brigadier-chef en charge de l’enquête, l’intention criminelle ne fait aucun doute.

Règlement de comptes ? Lubie destructrice ? L’inspecteur Valdimar Eggertsson de la criminelle de Reykjavík est missionné sur place. Smári est doté d’une intime connaissance des protagonistes, tandis que Valdimar apporte un regard d’étranger, d’homme de la capitale. Malgré les averses de grêles et les tempêtes de neige qui ne facilitent pas le travail et coupent la région du reste de l’Islande, ils passent la ville au peigne fin.

Dans une ambiance sombre comme le soleil de minuit, Jón Hallur Stefánsson démasque les compromissions des uns, les hypocrisies des autres, et les vieilles haines exacerbées dans les petites communautés isolées. »

 

Mon avis : C’est long quatre jours … Une enquête psychologique ou l’on fait lentement connaissance avec les personnages… pas de violence… juste de l’observation et de l’écoute…

Pour enquêter sur ces incendies criminels on fait appel à un inspecteur de l’extérieur, Valdimar Eggertsson : il va s’intéresser aux familles qui habitent la petite ville et en particulier à trois familles : celle du capitaine de la Police locale, celle du Pasteur et celle du Patron d’une entreprise de parquet. Les trois familles sont parentes… Et plus il va creuser…

Un huis clos dans une petite bourgade islandaise qui vit en autarcie ou tout le monde se connait. Mais les liens entre les familles et les amis sont loin d’être forts, limpides et conviviaux. Tout le monde se connait… à voir… Car ce qui se cache derrière les visages des habitants est bien loin de la réalité… de fait, personne ne se connait… et qui dit petite communauté dit souvent secrets du passé…

Malgré la sensation de lenteur, le roman n’est pas dépourvu de charme, loin de là. Coupés du monde… et j’ai ressenti le poids de l’isolement et de la suspicion larvée… Tout le monde s’observe… malaise… Il aurait planté le décor plus rapidement que j’aurais préféré… car il faut s’accrocher avant que cela démarre…. Par contre je n’avais pas deviné le coupable…

Au final, je dois dire que je l’ai trouvé un peu (beaucoup) touffu… Beaucoup de personnages et des noms difficiles … Je me suis perdue, ne sachant plus trop bien qui était qui… de plus difficile de savoir si les noms sont pour des hommes ou des femmes… Au final pas trop emballée par cette lecture

 

Extraits :

Si cet incendiaire est envoyé par Dieu, presque personne n’est à l’abri.

le craquement de la neige sous ses pas soulignait la quiétude des lieux

En plus de la douceur des souvenirs qui se transformait en douleur, elle devait digérer ces espoirs déçus, ces vestiges cuisants d’un avenir effacé en un clin d’œil, comme ce rêve de vol qui habite encore le nid au moment où le prédateur vient en arracher les œufs.

Elle n’avait aucune envie de se rappeler son rêve. Pourquoi aller se lancer à la poursuite de cauchemars ?

Chaque petit filament qui nous relie les uns aux autres a son importance, sa nécessité, surtout dans les moments difficiles.

Si on essaie de porter la responsabilité du monde entier, on finit par s’épuiser. Je ne veux pas avancer dans la vie en portant toute ma famille sur les épaules. Chacun doit prendre ses propres responsabilités.

il était expert pour amener les autres à éprouver de la mauvaise conscience du simple fait qu’ils étaient eux-mêmes.

Si seulement il en était allé ainsi dans la vie, si seulement on avait pu se contenter de jouer sur partition au lieu de passer son temps à tâtonner, à résoudre une foule de problèmes, confronté à toutes sortes d’altérations du rythme, de la couleur des notes et à d’étranges syncopes dans les lignes mélodiques tandis qu’on s’efforçait de faire bonne figure en feignant que tout allait pour le mieux.

Quand je me retrouve seule, j’ai l’impression de n’être personne. Je n’ai aucune personnalité. J’ai l’impression de m’évaporer et de disparaître. Si je reste seule quelques instants, je ne me sens plus exister. Tout ce que je crois être s’est évaporé.

J’ignore ce que je dois ressentir, j’ai l’impression de devoir décider de l’humeur que je dois adopter. Ou peut-être qu’il me faut quelqu’un d’autre pour en décider à ma place.

Non, en réalité, affronter les forces naturelles était un jeu d’enfant – survivre à tous les temps, escalader des montagnes – tout cela était bien plus facile que d’être héroïque en tant que frère, fils… ami, pour peu qu’on en ait, des amis.

Elle avait espéré pouvoir enfin laisser pénétrer la lumière en son âme, ce qui aurait pour effet de dissiper les ombres dès l’époque où les jours commenceraient à rallonger.

J’ai construit ma vie et je n’ai aucune envie qu’on m’impose un rôle que je n’ai pas envie de jouer.

Il pouvait en tout cas être certain qu’elle ne se moquait pas, c’était l’un des avantages qu’il y avait à avoir épousé une femme au sens de l’humour peu développé.

il avait établi le contact avec cet homme, qu’il avait percé le bouclier glacé dont celui-ci s’était armé afin d’imposer le silence à l’inquisiteur qu’il avait dans la tête.

Certes, on ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas deux oreilles, mais c’était une autre histoire de savoir s’il y avait un cerveau au milieu.

Si on laisse entrer la haine en son cœur et qu’on lui permet de s’y installer, elle finit par régir toutes les émotions. Les actions les plus platement quotidiennes se voient recouvertes d’un voile grisâtre et inquiétant.

Vous êtes lâche, voilà ce qui ressort de vos paroles. Il est facile de s’ôter la vie. C’est une solution de facilité. Un destin tout tracé. Le reste est nettement plus compliqué, il est nettement plus difficile d’affronter les gens en face.

J’ai regardé le village en plissant mes yeux, alors j’ai eu cette extraordinaire vision : toutes les maisons étaient grises et sombres, plongées dans la nuit spirituelle de ceux qui les habitent. Elles étaient constituées de brume.

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