Perry, Anne «Marée funèbre» (RL2018)

Perry, Anne «Marée funèbre» (RL2018)

24ème enquête de William Monk

Résumé : Quand une demande de rançon tourne au meurtre, William Monk fait face à l’impensable : la trahison de l’un de ses propres hommes…
L’île Jacob est une zone insalubre sur les berges de la Tamise, un quartier glauque où le danger peut aussi bien venir de la fange et des marées que des criminels qui se tapissent dans l’ombre. Les kidnappeurs ont justement choisi ce dédale de taudis et de ruelles obscures pour rendre Kate Exeter à son riche mari contre une grosse somme d’argent. Harry Exeter demande alors à la police de superviser secrètement l’échange. Mais, la nuit du rendez-vous, le plan tourne mal.
Le commandant Monk et ses meilleurs hommes sont pris à partie, une échauffourée éclate, semant la mort et la désolation. Qui a bien pu les trahir ? Et quand un de ses informateurs confie à Monk que l’argent de la rançon provenait de fonds détournés impliquant Harry Exeter, l’affaire prend un nouveau tournant…

Mon avis : Ah ! Je ne sais pas si ce n’est pas le meilleur avec le tout premier… Je l’ai adoré. Une fois encore on a l’impression de s’aventurer dans les bas-fonds de la Londres de l’époque victorienne. Crapahuter du coté de l’Ile Jacob n’est pas une partie de plaisir ! Dans cette aventure la police fluviale de Monk et la police métropolitaine vont être amenées à collaborer. Monk va se mouiller (au propre et au figuré). Une enquête passionnante sur l’enlèvement de Kate, jeune femme mariée à un homme riche, Harry Exeter.

Mais ce que j’ai beaucoup apprécié est la remise en question de Monk et de son équipe. Comment faire quand on soupçonne des personnes en qui on a à priori toute confiance ? Comment réagirait-on quand la personne qui compte le plus au monde pour vous est en danger ? On prend conscience du poids du passé pour un homme qui a peur d’aimer et d’entrainer les gens qu’il pourrait aimer dans la tourmente.

Pour ceux qui suivent Monk depuis des années, ils retrouveront avec plaisir sa complicité avec sa femme Hester, et bien entendu Sir Oliver Rathbone, celui qui amène l’enquête à Monk sur un plateau et qui va se retrouver partie prenante dans l’affaire. Un excellent Monk.

Extraits :

C’était le prix à payer pour l’amour, et l’amour était le moteur de l’existence. Il avait découvert cela lentement, pas à pas, depuis que sa vie avait pris un nouveau départ, lorsqu’il s’était réveillé après son accident, privé de passé hormis dans les souvenirs d’autrui.

Il fallait penser comme un voleur pour avoir la meilleure chance de ressembler à l’un d’eux.

Il savait d’expérience que les modifications de dernière minute pouvaient déboucher sur des erreurs, surtout lorsque la pression était à son comble.

Tout était étrangement immobile, comme si les bateaux étaient peints sur l’obscurité, avec la cité en toile de fond.

Ils ne manquaient pas de sujets de conversation, et leurs silences étaient confortables aussi. Un regard, un sourire, ou même une caresse suffisait pour communiquer tant de choses.

Cependant, c’était son calme intérieur qu’on remarquait avant tout. Ce qu’on percevait en elle, c’était non pas l’absence ni le mépris de la souffrance, mais le fait qu’elle l’avait surmontée.

Un fou furieux se reconnaît facilement. Celui qui constitue le vrai danger, c’est celui qui est au centre de son propre univers et qui pense que, si tout le monde comprenait son point de vue, il n’y aurait pas de problème.

Le temps guérira peut-être la blessure, du moins en surface, sinon à l’intérieur. Mais même à l’extérieur, les cicatrices ne disparaissent pas toujours.

Les mots et les caresses ne le guériraient pas. Ils lui diraient combien elle l’aimait, combien elle était sensible à sa détresse, mais cela ne suffirait pas. Ce serait comme de mettre un pansement sur une plaie. Et les blessures du cœur, à l’instar de celles de la chair, exigeaient parfois qu’on excise la partie infectée, qu’on retire la balle ou la pointe cassée du couteau.

L’important, c’était de partager leurs rêves.

Oui, l’important, n’était-ce pas justement tout ce qu’on partageait ? C’était d’avoir quelqu’un avec qui s’amuser du quotidien, de ses songeries et parfois de ses peurs ou de ses déconvenues. Quelqu’un qui ne portait jamais un regard critique sur vous, qui riait avec vous et non de vous.

Il dormit d’un sommeil haché et se réveilla tard, la tête lourde, comme s’il avait porté un chapeau trop petit pour lui.

Rêver offre une sorte de sécurité… la plupart du temps.

Avoir peur d’aimer revenait à nier la vie elle-même.

Cette pensée était semblable à une plaie infectée qui suppurait et répandait son poison dans toutes les autres parties du corps.

L’ambition est positive. Ce sont nos rêves qui nous poussent à tenter notre chance. Souvent, nous n’obtenons pas ce que nous voulions, mais nous obtenons autre chose, et cela peut avoir du bon aussi.

Le doute raisonnable n’est pas suffisant pour sauver la réputation d’un homme, mais il peut lui sauver la vie.

Image : Crazy wooden galleries (1855) du site mentionné ci-dessous

Infos sur : l’Ile Jacob au XIXème siècle (en anglais) :

 

Article : La série des enquêtes de William Monk

2 Replies to “Perry, Anne «Marée funèbre» (RL2018)”

  1. Pour moi aussi, ce fut une lecture très intéressante ! Une nouvelle enquête qui relance vraiment les aventures de Monk , rencontrer ses doutes et mieux connaitre ses hommes.
    On en apprend plus également sur Monk et ses faiblesses. Dans cet opus, il doute et c’est intéressant de voir la manière dont il envisage les choses. Et j’ai apprécié retrouver Runcorn ainsi que moins de scènes de tribunal comme dans certains livres mais plus de ballades dans Londres et ses bas-fonds.

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