Bamberger, Vanessa «Alto Braco» (2019)

Bamberger, Vanessa «Alto Braco» (2019)

Auteur : Vanessa Bamberger est née en 1972 à Paris où elle habite. Après «Principe de suspension» (Liana Levi, 2017), elle a souhaité pour ce deuxième roman «Alto Braco» rendre hommage à l’Aubrac natal de sa grand-mère et de sa grand-tante.

Liana Levi – 10. 01.2019 – 250 pages

Résumé : Brune a grandi au-dessus du Catulle, le café parisien de ses  » grands-mères « , Douce et Granita, qui l’ont élevée après la mort de Rose, sa mère. A l’époque, les soeurs Rigal – deux sacrées bonnes femmes – servaient jusqu’à deux cents repas par jour. Comme chez la plupart des limonadiers aveyronnais de Paris, les mots  » vacances  » et  » loisirs  » y étaient bannis. L’été, elles envoyaient la petite Brune dans leur Aubrac natal, une terre à la fois chérie et détestée. Brune n’y est pas retournée depuis plus de vingt ans. Mais juste avant de mourir, Douce lui a demandé d’être inhumée sur le plateau, au pays des forêts d’épicéas et des lacs argentés, des steppes brûlées et des vaches caramel, dans l’infini brumeux balayé par l’écir, ce vent de tempête qui souffle comme un mauvais sort… Accompagnée de Granita, Brune découvre un monde à part où se mêlent tradition et modernité. Et peu à peu, les secrets de la famille Rigal surgissent des tourbières, les  » hautes boues  » de l’Aubrac, Alto Braco en occitan.

La Presse :
«Un talent fou.» Télématin
«Alto Braco dépayse, emporte et séduit.» Elle
«C’est passionnant.» Le Figaro littéraire
«Un très beau texte.» Avantages
«Un roman sensible qui sonde le lien à la terre et au passé.» Le Parisien weekend
«Une écriture tendre et persillée comme un steak d’Aubrac.» Le Berry Républicain
«Un bel hymne à la terre et aux paysans qui la font vivre.» Notre Temps
«Un roman initiatique, à lire absolument.» Parutions
«Un saut dans un passé trop longtemps tu.» Zibeline

Mon avis : Dépaysant… un peu mitigée tout de même.

Ce qui m’a le plus intéressé est la discussion sur les racines.. Sommes-nous attachées à la terre sur laquelle nous sommes nées, à l’endroit ou se rattachent nos souvenirs ou sommes nous dépendants de nos gènes et de nos racines profondes et ancestrales ?

Je ne regrette pas d’avoir lu le livre que m’a passé mon amie qui a des origines familiales par là-haut mais je dois être trop citadine pour apprécier à sa juste valeur. Autant j’ai bien aimé les deux grand-mères, autant la ruralité et le coté terroir des autres personnages ne m’a pas trop conquise. Le coté nature et description de la région m’a bien plu mais tout le coté élevage et agriculture (l’abattage, les races, les filières de vente, tout le coté terre à terre) qui me fait rentrer la tête la première dasn le réel et l’économie m’a un peu gonflée. Il faut dire que je lis pour m’évader et non pas pour suivre la xième émission sur les problèmes du monde agricole (la génétique, viande halal, élevage bio, le veau bio) …

Pour pimenter la vie il y a les secrets familiaux bien enfouis mais que tout le monde connait qui ont un certain charme. Il y a le respect des anciens, mais aussi la communauté aveyronnaise et cantaloue qui a envahi Paris, les accords entre les bistrots de la capitale et les producteurs locaux, et la différence ville/campagne et les vieux/les jeunes

Alors moitié-moitié… Mais alors comme plaquette touristique, oui… (la croix des Trois-Évêques, le Gévaudan, le Rouergue, l’Auvergne, la Lozère, l’Aveyron et le Cantal, L’Aubrac noir, Laguiole, …) Elle vante super bien le charme de ce plateau désertique qui est en France mais pourrait être dans une multitude de pays et qui souligne la possibilité de trouver le dépaysement pas loin de chez soi.

Et ce cadre qui a vu se promener la Bête du Gévaudan cela m’a aussi fait penser au livre de Hermary-Vieille, Catherine «La bête» que j’avais bien aimé ( juste pour la région sauvage … )

 Extraits :

C’est à la mode de se préoccuper du bien-être de nos animaux, mais on devrait aussi se soucier du bien-être de nos vieux, avançait Granita d’une voix docte. Si on mettait des caméras dans les maisons de retraite, on ne verrait pas que des belles choses.

Les chambres exhalaient chacune le parfum de leur occupante. Narcisse Noir de Caron, dans celle de Douce, qui avait l’habitude d’en vaporiser un nuage devant elle et d’y plonger.

Les choses les plus étranges restent naturelles tant qu’on n’en a pas connu d’autres.

Lorsque je leur reprochais de ne jamais m’accompagner en vacances, elles se défendaient en arguant que le mot « congés » ne faisait pas partie de leur vocabulaire, pas plus que celui de « médecin ». Elles se prétendaient dures comme leur pays.

Je ne croyais ni aux gènes ni aux racines attachant l’être humain à une seule terre. Je me définissais comme parisienne parce que j’avais été élevée ici.

Je voulais bien croire à l’influence de l’environnement sur le corps et le mental, admettre que le pays de mes grands-mères les avait façonnées, faites dures comme le granit glacé, tranchantes comme le basalte, mais elles n’étaient pas nées ainsi.

Je ne croyais pas qu’on puisse appartenir à un pays, mais à une maison, si. Une maison ou un appartement, peu importe dès lors que ses murs s’étaient imprégnés de nos émotions, portaient nos paroles. Une odeur unique, un refuge.

L’Aubrac produisait immanquablement la même réaction chez ses visiteurs : on dirait la Mongolie ; on croirait la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Namibie, l’Islande, le Pérou, le Tibet, le Canada, l’Écosse…

Je connaissais le secret de la fabrication d’un souvenir : la première fois, on se rappelait l’événement ; la deuxième, le souvenir de l’événement ; la troisième, le souvenir du souvenir, et ainsi de suite. Il finissait par devenir la réécriture d’un passé lointain.

Est-ce grandir que prendre conscience qu’on s’est trompé sur ceux qu’on aime ?

les vaches avaient par ici davantage de valeur que les êtres humains. On y trouvait plus de vétérinaires que de médecins.

Et depuis qu’elle avait appris à se servir d’Internet, elle délivrait son savoir encyclopédique d’un ton péremptoire qui horripilait Douce, au point que celle-ci l’avait surnommée Wikipédante.

Le plateau de l’Aubrac ayant la particularité d’être, m’avait-elle appris, un pays de femmes, de maîtresses femmes.

Les enfants, bientôt on ne pourra même plus leur demander d’apprendre une table de multiplication de peur de les traumatiser, déploraient-elles.

Un pays ne se transmettait pas par les gènes, mais par l’histoire, la culture.

Il ne faut pas oublier dont l’on vient. Un avertissement que mes grands-mères s’étaient bien gardées de me donner. Je n’avais pas été élevée dans l’idée d’appartenance à un pays, d’un droit à la terre.

Alimentation, climat, altitude, polluants, langue, culture, croyances, éducation, modes de vie, sons, parfums, tout ce qui définissait un pays en somme, laissait une empreinte épigénétique dans nos cellules, que nous transmettions à nos enfants. Notre histoire personnelle laissait aussi sa marque.

Chaque bouchée me ramenait un peu plus en arrière. Le pouvoir magique de la nourriture ne cessait jamais de m’étonner.

 

2 Replies to “Bamberger, Vanessa «Alto Braco» (2019)”

  1. Un livre de terroir mais dans le bon sens du terme..Quand on lit cette histoire on imagine bien cet Aveyron où les habitants sont aussi rudes que les paysages de l’Aubrac..Une région de traditions, mais aussi de secrets de famille, distillés habilement tout au long de l’ouvrage..Je regrette le petit côté  » l’Aveyron et ses traditions en 10 leçons  » mais j’ai tout de même apprécié ce livre que j’ai lu d’une traite tant je voulais connaître l’issue de ce retour aux sources..Vanessa Bamberger est une
    conteuse qui démontre l’importance de connaître ses racines. Et elle le fait plutôt bien!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *