Minni, Salvatore « Claustrations » (2015)
Auteur : Salvatore Minni, né le 13 février 1979 à Bruxelles, est attiré par toutes les formes d’écriture et ce dès son plus jeune âge. Pendant son adolescence, il commence à mettre sur papier différents écrits (textes lyriques, nouvelles…) et se passionne pour la rhétorique à travers la richesse de la langue française. Il hésite longuement entre des études de psychologie ou de linguistique. Étant fasciné par les langues en général, il entreprend finalement des études de traducteur avant d’exercer le métier de professeur qui lui permettra de transmettre sa passion aux étudiants qu’il croisera lors de ses cours. Après « Claustrations » sorti en 2015, il publie « Anamnèse » en 2019 aux Editions Slatkine & Cie.
En savoir plus : site de l’auteur : https://www.salvatoreminni.com/
Persée Editions – 10.09.2015 – 231 pages
Résumé : Alors que Monsieur Concerto tente de découvrir les raisons qui l’ont conduit dans une chambre d’isolement, Charles se cloître de son plein gré. Clara, que son amie Françoise recherche depuis plusieurs semaines, se réveille un matin étendue sur le sol d’une cellule obscure et infestée d’insectes. Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils portent le même tatouage sur le bras… Chacun d’entre eux se retrouvera face à son destin.
Mais, dans leur quête de la vérité, ils se rendront très vite compte que les apparences ne sont pas celles qu’ils croyaient…
Mon avis : Excellent ! Au fur et à mesure de la lecture, nous faisons connaissance de plusieurs personnages. Leur point commun : ils sont tous enfermés ; certains par nécessité, certains contre leur gré. Charles – mon personnage préféré – a choisi de vivre en reclus, avec pour conséquence de ne voir que sa femme Rose (et parfois son fils) ; Clara est retenue prisonnière… Concerto est interné dans un asile, à la demande de sa femme. Françoise, elle, est en liberté mais enfermée psychologiquement dans son monde à elle. De fait, ils sont tous emmurés d’une manière ou d’une autre.
Comme j’aime les romans psychologiques, j’ai beaucoup aimé. Ce livre m’a fait penser à un des premiers romans sur la folie et la psychologie que j’ai lu en … 1973, écrit par Flora Retha Schreiber. Mais je ne vis pas en dire davantage pour ne pas divulgâcher et vous laisser le suspense jusqu’à la fin.
Je me réjouis de lire tout prochainement son prochain roman.
Extraits :
Elles étaient là, tout autour de lui, il les entendait matin, midi et soir. Sans relâche. Elles étaient partout… mais surtout en lui. Elles résonnaient, riaient, criaient ou pleuraient. Il ne comprenait pas ce qu’elles disaient, il voulait simplement ne plus rien entendre. Le silence, il en rêvait. C’est tout ce qu’il recherchait.
Il était simplement différent : il ne possédait ni vêtements de marque, ni de baladeur dernier cri. Bref, tout ce qui engendrait les boutades des petits monstres composant sa classe.
Mais si un ordre n’est pas donné explicitement, on n’y désobéit pas !
Elle avait l’impression d’avoir la tête sous l’eau tellement ce qu’elle entendait était nébuleux.
Devenir quelqu’un d’autre ne signifiait pas être libre !
C’était la première fois qu’il se sentait réellement prisonnier de sa cave, de sa vie, de lui-même. Il avait l’impression qu’à mesure que les jours passaient, les murs de cet endroit se rapprochaient les uns des autres. Il était pris au piège. Il avait besoin d’air.
Il n’accepterait pas qu’on lui parlât un langage trop enfantin. Pour lui, un enfant, si on lui parlait normalement, serait plus vif et son cerveau plus aiguisé. Pas de bobo ni de dodo.
Préférerait-elle un simulacre de vie, enfermée à longueur de journée ou bien la liberté et la quiétude de la mort ?
Il eut subitement la sensation d’avoir vécu toute sa vie dans une prison invisible. Il avait été prisonnier de son esprit instable, des voix qui l’habitaient et maintenant de sa demeure.