Lenormand, Frédéric « La baronne meurt à cinq heures » (2011)

Lenormand, Frédéric « La baronne meurt à cinq heures » (2011)

« Série Voltaire mène l’enquête »

Tome 1 : La baronne meurt à cinq heures (2011)

Résumé : Voltaire est menacé. On a retrouvé sa protectrice, la baronne de Fontaine-Martel, assassinée dans son lit, et pour l’heure aucun suspect. S’il ne veut pas se retrouver à la rue en ce froid février 1733 (ou pire, à la Bastille !), il lui faut faire preuve de ressources et retrouver le criminel avant que celui-ci n’aille s’en prendre à d’autres honnêtes gens, lui par exemple… Heureusement, de ressources, Voltaire n’en manque pas. Car il sera bientôt rejoint par Émilie du Châtelet ! Brillante femme de sciences, enceinte jusqu’au cou, elle va l’accompagner dans son enquête, résolvant plus d’une énigme. Mais leur mission n’est pas sans dangers : il leur faudra affronter de redoutables héritières en jupons, des abbés benêts, des airs de flûte assassins, des codes mystérieux, et un lieutenant-général de police qui guette la première occasion d’embastillonner notre philosophe

Mon avis : Jubilatoire ! Le bonheur commence par les titres des chapitres ! les tout simplement hilarants. Humour, ironie, pince-sans rire. L’esprit de Voltaire et celui de Lenormand ! On en redemande.. et cela tombe bien.. il y a encore plusieurs tomes en attente… Voltaire menait déjà l’enquête dans sa vie (l’affaire Calas par exemple) et sa vie nous est largement dévoilée par ses écrits; c’est une excellente idée de lui confier d’autres enquêtes, inventées celles-là. L’important à mes yeux n’est pas tant l’intrigue mais l’ambiance, les descriptions, le côté historique de la narration, l’humour, la façon d’écrire… et quand on connait le côté libre – penseur de Voltaire, on imagine assez bien le marchandage.. on ferme les yeux sur les écrits et en contre-partie, ouvrez l’œil… Totalement politiquement incorrect, cela me ravit!

Donc après Venise et Léonora, me voici en France avec Voltaire et ensuite la Chine…

Extraits :

Aux boucles aujourd’hui blanches de la baronne, à ses sourcils parfaitement dessinés, on devinait des beautés anciennes dont les restes les plus visibles étaient trois rangs de grosses perles en tour-de-cou, quelques bijoux rutilants, un immeuble à viager perpétuel et de confortables revenus obtenus par protection.

Les soupers sont le pivot de la société ! Il ne s’agit pas de manger, mais de donner à manger !

J’ignorais qu’il était permis d’être grotesque quand on est anglaise.

La littérature était un jeu auquel il s’efforçait de toujours ramasser la mise.

Après avoir savouré sa boisson et les médisances répandues par les Hollandais sur le compte des Français, il repartit vers sa demeure sans se presser.

Une fille de joie, un monte-en-l’air, un policier… Voltaire se dit que les lieux étaient décidément mal famés.

Cette trahison jeta une ombre sur la fidélité des domestiques, d’une nuance déjà fort sombre.

– Vous croyez aux vampires, vous, l’ennemi de la superstition ?
– Je le suis des fariboles répandues par les prêtres de chez nous. Loin d’ici, ce ne sont que de sympathiques croyances populaires. Les vampires ne me dérangent pas, du moment qu’ils n’émargent pas à l’évêché de Paris. Les Valaques ont leurs suceurs de sang, nous avons nos jansénistes et nos jésuites.

Le commentaire de ses propres textes commençait à lui prendre plus de temps que leur rédaction.

– La défunte était-elle bien chrétienne ? demanda-t-il en constatant qu’aucun signe de religion ne décorait la chambre.
– Sûrement, cette dame n’est pas morte mahométane,

Au petit matin, Voltaire, dont le sommeil avait été aussi léger qu’une théorie de Leibniz, …

La neige avait redoublé, on était passé des belles steppes de Russie aux fjords impraticables de la Scandinavie.

– Avec ce que je sais de l’un et de l’autre, je les tiens aussi bien qu’une souris dans la mâchoire d’un chat,

C’était cette sorte de moment où l’on regrette de ne pouvoir faire appel au Dieu des chrétiens parce qu’on a le malheur de penser par soi-même.

Petit à petit, elle démaillotait le mystère comme Pénélope sa tapisserie.

Le plus alligator des deux n’étant pas le visiteur, Voltaire entama les manœuvres d’encerclement caractéristiques de la prédation carnassière.

Qu’ont-elles de si choquant, vos Lettres ?
– J’y défends la liberté de penser.
– Allons donc ! Vous n’avez peur de rien !
Il avait peur de tout, mais la défense de la liberté était chez lui une impulsion irrésistible :
– J’aimerais mieux mourir que de n’écrire point.

Tout le monde peut apprécier un bon livre, sauf un écrivain. S’il n’y avait que des écrivains en France, ce serait chaque jour la Saint-Barthélemy. Jamais ils ne diront du bien de mes œuvres, ou alors après ma mort : seuls les morts ne font plus d’ombre.

Des adjectifs désobligeants fusèrent. Étant donné la liste impressionnante d’injures pleines d’invention dont disposait Voltaire, il aurait été intéressant de l’élire à l’Académie rien que pour enrichir le Dictionnaire – une fois mis à part, bien sûr, les noms propres de ses ennemis, dont il usait sans retenue pour exprimer les sentiments que ceux-ci lui inspiraient.

Voltaire songea que les enquêtes étaient comme la philosophie : la découverte d’une certitude amenait cent nouvelles interrogations. Autant dire que c’était là l’occupation de toute une vie et une tâche trop délicate pour la laisser aux mains de la police.

l’argent corrompt plus vite que les sentiments, c’est pour cela qu’on l’a inventé.

Quelqu’un me veut du mal.
– Oui. Cessez d’écrire.
– Souhaiteriez-vous ma mort ?
– Je laisse cela à vos lecteurs.

Saint Hermès, patron des déséquilibrés  ( je le note pour m’en souvenir car je ne le savais pas…)

– Je ne gagne pas d’argent avec mes livres : j’écris pour les gens instruits, ils formeront toujours le plus petit nombre.

Lien vers : présentation de la série « Voltaire mène l’enquête »

 

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