Bilal, Parker «Meurtres rituels à Imbaba» (02/2016)

Bilal, Parker «Meurtres rituels à Imbaba» (02/2016)

Auteur : Parker Bilal est le pseudonyme de Jamal Mahjoub, Anglo-Soudanais également auteur de six romans non policiers. Né à Londres et diplômé en géologie de l’université de Sheffield, il a vécu au Caire, au Soudan et au Danemark avant de s’établir à Barcelone

2ème enquête de Makana  ( Paru en poche 09.02.2017 – Editeur Points – Collection Points Policier, numéro 4516)

Les enquêtes de Makana : ( il prévoit une dizaine de tomes, entre 2001 (le 11 septembre) et 2011, année des printemps arabes et de la chute de Moubarak) : Les écailles d’orMeurtres rituels à ImbabaLes ombres du désertLe Caire, toile de fond – La cité des chacals –

Résumé : Le Caire, 2001. Makana, ex-officier de police soudanais exilé politique en Égypte, est chargé d’identifier l’auteur d’une lettre de menaces reçue par le patron de l’agence de voyages l’Ibis bleu. Peu après, Meera, employée copte de l’agence et femme d’un universitaire musulman révoqué pour opinions subversives, est assassinée dans une galerie marchande. Makana voit là un lien avec les meurtres sanglants de jeunes garçons à Imbaba, quartier déshérité comptant plusieurs églises. Et si les autorités avaient décidé d’en rendre les coptes responsables ? Ce qui semble à première vue n’être qu’un complot politico-religieux se révèle peu à peu, au fil d’une enquête semée d’embûches qui mène Makana jusqu’à Louxor et à un monastère désaffecté dans le désert, une magouille impliquant une banque cairote coupable de transactions douteuses.

Pouvoir, argent et corruption : une équation vieille comme le monde…

Mon avis : Direction Le Caire … Embarquons avec Makana sur la péniche qui lui tient lieu de domicile et plongeons dans les intrigues ; une jeune femme, employée d’une agence de voyages est abattue. Mais qui a bien pu commettre ce crime atroce ? Makana, cet étranger (Soudanais) va mener l’enquête qui lui fera côtoyer les coptes, les musulmans… est-ce un problème religieux ? est-ce un problème politique ? Est-ce un trafic d’influence, un règlement de compte entre escrocs ? Quelles pistes suivre ? Une plongée dans l’Egypte moderne qui m’a ravie. Quelques petites réflexions sur le magnifique passé de cette civilisation flamboyante, une promenade dans les rues ( qui a pris un jour un taxi en Egypte s’en souvient toute sa vie 😉 , des courses sur les toits, une expérience en train direction Louxor, un petit tour sur le Nil. Que du bonheur 😉

Extraits :

Bien sûr, personne ne faisait vraiment confiance à la police, ce qui jouait en sa faveur. On ne mêlait pas les autorités à ses affaires parce qu’on courait le risque d’attirer l’attention sur soi dans un sens défavorable. Le système n’était fidèle qu’à lui-même, attaché à préserver son existence, à satisfaire ses besoins, son appétit de pouvoir ; on ne s’adressait pas à lui pour obtenir justice.

– Il n’y a pas de loi qui interdise de détester sa famille.

Il apprit ainsi que l’étoile du texte coranique faisait référence à Sirius, l’étoile fixe la plus brillante du ciel, et qu’elle avait été la première à apparaître, ce qui expliquait son nom arabe, al-Shiara, qui signifiait « le Chef ».

– Si nous ne tirons pas les leçons des erreurs du passé, nous sommes condamnés à les reproduire. (George Santayana – philosophe espagnol)

Naguère, je pensais que l’essentiel, c’est ce qu’on fait de sa vie, non le temps qu’elle dure.
– Et à présent vous pensez qu’il serait peut-être astucieux de vivre un peu plus longtemps.

Je ne supporte pas la perspective de partir. Si nous devions tourner le dos à ce pays, il tomberait entre les mains des religieux et des hommes d’affaires corrompus. La cupidité et la piété, les deux croix que nous devons porter, si vous me permettez cette petite plaisanterie.
– Vous oubliez l’armée.
– Ôtez leur uniforme aux militaires et ils tombent dans l’une ou l’autre catégorie. »

il soutenait que tout texte, quel qu’il soit, est le produit de l’époque à laquelle il a été écrit. Donc, pour comprendre pleinement les implications du Coran, il faut l’étudier en relation avec la société de l’époque.

nous devons protéger la religion, l’empêcher d’être pervertie par ceux qui voudraient la détourner à des fins idéologiques.

L’Église copte est un pan d’histoire vivante, un lien avec le monde antique des pharaons. »

« Le mot signifie Celui qui brûle. Les séraphins sont des créatures qui vivent au ciel, tout près de Dieu. Ils ont des yeux sur tout le corps et, à ce qu’on dit, sont comme des dragons, ou des serpents, avec trois paires d’ailes. Dans la hiérarchie des anges, ils ont le rang le plus élevé.

on ne peut arriver à rien tout seul. C’était la nature même de l’exilé. En fuyant, on perdait son environnement, le contexte dans lequel existait son ancienne vie. On avait beau faire, on ne pouvait jamais la récupérer, mais on pouvait rencontrer des gens dans la même situation et ça aidait, plus ou moins.

un gril qui jetait des flammèches comme si un dragon de poche était caché sous les barres métalliques.

Aucun rédac’ chef sain d’esprit n’irait publier un article accusant la Sécurité d’État d’attiser le sentiment antichrétien afin de détourner l’attention de la situation économique. »

L’amour est une brève lumière qui, une fois éteinte, laisse le monde encore plus sombre qu’il ne l’était.

Nous nous tournons vers les étoiles pour nous guider. Les étoiles ne représentent pas une menace, monsieur Makana, elles sont le présage de quelque chose de mauvais ou de malfaisant. Un avertissement.

… il est bien plus dangereux que ça. C’est un imbécile instruit.

Les idées, c’est ce que nous avons de plus dangereux. On peut tuer un homme, mais ses idées survivront.

De loin en loin, des ampoules nues dispensaient une lueur glauque au cœur des ténèbres. Tels les souverains d’une époque oubliée, des chats déambulaient majestueusement parmi les déchets du marché du jour.

Nous ne laissons jamais le passé derrière nous, pas vraiment. Nous le mettons juste de côté provisoirement.

Des hommes vieillissants, à divers stades de décrépitude, étaient adossés aux murs de la salle dépouillée et mal tenue : ils jouaient aux échecs, lisaient le journal ou fumaient des cigarettes. Mais surtout ils regardaient dans le vide, se remémorant des temps révolus, une époque glorieuse, aussi lointaine que celle des pharaons.

Quand on regardait ces champs, on ne pouvait s’empêcher de penser que peu de choses avaient changé depuis l’époque d’Hatchepsout.

Au loin, la voile diminuait comme une larme blanche glissant doucement sur une joue d’obsidienne veloutée.

– La fin du monde ?
– Apokalupto, en grec, signifie le lever du voile. Le monde est purifié par le feu. La vérité est révélée. L’ère du mensonge est terminée. » La tête penchée en arrière, il déchiffra lentement les mots griffonnés sur les murs. « Le pauvre enfant se voit comme l’ange annonçant l’apocalypse. » Il se rapprocha. « Et ainsi il s’est transformé en Séraphin, de l’ordre le plus élevé dans la hiérarchie des anges, Celui qui brûle.

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