Copleton, Jackie «La Voix des vagues» (RL2106)
Auteur : Jackie Copleton a enseigné l’anglais pendant plusieurs années à Nagasaki et à Sapporo. Elle vit désormais avec son mari à Newcastle, au Royaume-Uni.
Résumé : Lorsqu’un homme horriblement défiguré frappe à la porte d’Amaterasu Takahashi et qu’il prétend être son petit-fils disparu depuis des années, Amaterasu est bouleversée. Elle aimerait tellement le croire, mais comment savoir s’il dit la vérité ?
Ce qu’elle sait c’est que sa fille et son petit-fils sont forcément morts le 9 août 1945, le jour où les Américains ont bombardé Nagasaki ; elle sait aussi qu’elle a fouillé sa ville en ruine à la recherche des siens pendant des semaines. Avec l’arrivée de cet homme, Amaterasu doit se replonger dans un passé douloureux dominé par le chagrin, la perte et le remord.
Elle qui a quitté son pays natal, le Japon, pour les États-Unis se remémore ce qu’elle a voulu oublier : son pays, sa jeunesse et sa relation compliquée avec sa fille. L’apparition de l’étranger sort Amaterasu de sa mélancolie et ouvre une boîte de Pandore d’où s’échappent les souvenirs qu’elle a laissé derrière elle …
Mon avis : Ce livre m’a été chaudement recommandé et si je comprends bien qu’il est beau et qu’il touche une période particulièrement atroce, je suis restée totalement extérieure à l’histoire et l’auteur ne m’a transmis aucune émotion. C’est très souvent avec les auteurs imprégnés par la culture nippone. C’est très bien écrit, très documenté, très détaillé mais c’est froid… Aucune empathie avec les personnages, que ce soit avec ce pauvre jeune homme défiguré, pour qui la romancière a choisi le prénom de Hideo ; mauvaise pioche… je suis allée voir la signification, outre l’Excellent homme, il est indiqué : Hideo est chevaleresque, il allie à merveille le charme et la puissance. Moi dès le début, j’y ai associé le qualificatif « hideux ». Alors oui de nombreux thèmes importants, l’amour, la maternité, la paternité, le passé, la culpabilité, la perte d’un enfant… tout y est bien expliqué, décortiqué, analysé et peu ressenti. J’ai assisté à l’autopsie, à l’explication, à la dissection, mais sans les sentiments. Tout est bien mis à plat : froid et analytique… J’ai tout compris mais je n’ai pas été touchée au cœur.
Je pense que ce qui a beaucoup empêché l’émotion de s’installer en moi fut le découpage en chapitre avec à chaque fois une explication détaillé sur une notion de la vie japonaise. C’est fort intéressant mais cela m’a cassé le rythme. Je ne vais pas m’étendre sur ce commentaire mais je sais que des voix vont se lever pour dire le contraire de ce que je dis… et je le comprends parfaitement. Il y a matière à émouvoir mais la façon de présenter ce drame de l’explosion nucléaire qui a détruit la ville de Nagasaki et toutes les atrocités qui y sont liées ne m’a pas convenu. Je suis passée à coté … Le sujet est bon mais comme souvent avec les livres en relation avec l’Asie et en général surtout les auteurs de par là-bas , cela ne suscite en moi aucune émotion, aucune empathie.. Je reste en bordure, comme non concernée.. Pas de chaleur humaine… Mais je le répète je passe très régulièrement à coté de tout ce qui et japonisant … trop ciselé, trop cadré, trop carré pour moi… (Je suis jardin de curé et pas ikébana… si vous voyez ce que je veux dire… )
Extraits :
la plus grande cruauté de la mort est de réclamer les mauvaises victimes.
Je détestais ce mot, « courageuse ». Il impliquait un choix.
C’était ça, le chagrin du survivant : on attendait de vous de faire montre de reconnaissance.
Au Japon, le jaune avait été la couleur de l’amour perdu, ici, il devenait la lumière du soleil.
rouge, la couleur du bonheur et de la vie, la couleur de la matrice.
Farine, nouilles, savon. Trois mots. Qui laissaient en imaginer des milliers.
Nous mangeons, excrétons, dormons et nous levons, c’est là notre monde. Tout ce qu’il nous reste à faire ensuite – c’est mourir.
Si je ferme les yeux, je vois tout, verrouillé à l’intérieur d’elle. Un tout qui semblait se charger de signification et de devenir.
Je savais comment feindre la satisfaction et parvenais à sourire lorsque les gens me disaient bonjour et me demandaient comment j’allais. Je me raccrochais au mot « bien » comme à une ancre en faisant mine d’être toujours très occupée.
Je pensais qu’il allait doucement se laisser aller, mais à la toute fin, il réussit malgré tout à revenir à la vie, pour un dernier regard.
« Tu sens mon cœur qui bat ? Tu le sens ? C’est le sang qui fait battre le cœur, pas l’amour. Est-ce que tu comprends ? Nous faisons avec, petite. C’est tout, il n’y a pas d’autre solution. Nous faisons avec. »
Les femmes ne sont pas sur cette Terre pour aimer. Quelle folie que tout ce romanesque.
Il vaut mieux que les secrets restent ce qu’ils sont, des secrets. Le passé est le passé. Rien de bon ne peut sortir de ce ratissage de charbons déjà consumés.
Je crois que c’est en cet instant que la pensée a pris forme, un noyau d’espoir, de possibilité. À mesure que les jours passaient, cette graine a commencé à grandir dans mon esprit avant d’éclater pour se frayer un chemin jusqu’à la lumière et ainsi devenir plus qu’une pousse de possibilité : une nouvelle vie fragile mais réelle dans un sol mort
— Te souviens-tu du nom de ta mère ?
Il a réfléchi un instant.
— Je l’appelais maman.
« Je suis heureux quand je vous vois, vous me manquez quand vous n’êtes pas là. Vous me mettez face à mes manques mais vous me montrez aussi comment je pourrais être meilleur. N’est-ce pas ça l’amour ? »
Le papier de riz était noué de fils d’or et décoré de motifs de grues et de tortues, signes de longévité.
L’art nous rappelle tout ce que nous n’avons pas le temps de voir.
Les heures se délavaient doucement et si peu de choses s’étaient résolues.
Nous nous racontons des histoires, et ensuite, elles deviennent notre histoire personnelle. Je suis incapable de dire si c’est la réalité.
le prénom de Hideo. Excellent homme
mon cœur si vivant soudain que j’ai craint qu’il ne s’échappe de ma poitrine
L’amour est émerveillement, arcs-en-ciel, soleil sur une cascade, rosée sur un pétale, cheval sauvage galopant sur une plage déserte.
je n’étais que le fruit de son imagination, un esprit de la nuit évoqué par l’alcool au coucher du soleil, car je n’existais plus à la lumière du jour.
J’ai honte de l’avouer mais je sens toujours monter en moi une sensation de dégoût lorsque je vois quelqu’un afficher sa détresse, en particulier quand il s’agit d’un être qui m’est cher. Les signes de faiblesse m’effraient.
3 Replies to “Copleton, Jackie «La Voix des vagues» (RL2106)”
Ah ben moi j’avais beaucoup aimé.
Comme quoi, chaque livre peut laisser des impresssions différentes.
mais oui et c’est d’ailleurs ton superbe commentaire qui m’avait donné envie de le lire !
( sur ta page Face-Book : les lectures de Lolomito 😉 tu pourrais bien le recopier ici car je pense que je suis totalement à contre courant avec mon avis 😉
Mon avis est ici :
https://www.facebook.com/leslecturesdelolomito/posts/936239969841665:0
Mais nous avons le droit d’avoir des avis et des perceptions différentes et heureusement car le monde serait encore plus triste si uniformisé