Dahl, Kjell Ola « Le noyé dans la glace» (2012)
Auteur : Kjell Ola Dahl, né le 4 février 1958, est un écrivain et scénariste norvégien, auteur de roman policier. Il amorce sa carrière littéraire par la publication en 1993 d’un thriller intitulé Dødens investeringer, premier titre d’une série policière consacrée aux enquêtes du commissaire Gunnarstranda et de l’inspecteur Frank Frölich. Sur les 8 titres que compte la série, seuls 4 ont été traduits en français , en commençant par le 3ème « L’Homme dans la vitrine » , le 5ème « Le quatrième homme », le 7eme « Faux-semblants » et le 8ème «Le noyé dans la glace»
Collection Série Noire, Thrillers, Gallimard – Parution : 27-02-2014, 384 pages
Série Gunnarstranda et Frank Frölich (le 8ème / 4ème enquête traduite)
Résumé : Un matin de décembre, le corps d’un homme est repêché dans le bassin portuaire qui jouxte l’Hôtel de Ville d’Oslo. De prime abord, cela ressemble à un simple accident, suite à une fête trop arrosée. Mais l’inspecteur de police Lena Stigersand, chargée d’effectuer les premières constatations, a tôt fait d’avoir des doutes. Le noyé, Sveinung Adeler, devait rendre un rapport extrêmement sensible au fonds pétrolier norvégien (le plus riche de la planète), concernant ses investissements dans une compagnie exploitant des phosphates au cœur du Sahara occidental. Et, d’après les sources de Lena, Adeler aurait eu, la veille de sa « chute », un entretien avec une députée très en vue, chargée du contrôle de la commission des finances du Parlement. Mais quels étaient leurs liens exacts ? Et pourquoi les services secrets semblent-ils s’y intéresser ? Manipulation, corruption, trafic d’influence… Les criminels en col blanc ont parfois du sang sur les mains. Etroitement surveillée par sa hiérarchie, Stigersand devra mener une enquête aussi complexe que périlleuse dans les plus hautes sphères du pouvoir, jusqu’à risquer sa propre vie. S’il y a quelque chose de pourri au royaume de Norvège, elle-même pourrait bien se noyer sous une épaisse chape de glace.
Mon avis : Bien aimé. Une jeune policière, un journaliste, le monde de la politique..
Pas ce qu’on pourrait appeler une nouvelle enquête de Frölich … même s’il n’est pas totalement absent du livre. C’est plutôt Gunnarstranda et Lena Stigersand qui sont les deux policiers qui sont au cœur de cet opus…
Une Lena un peu perturbée par les fêtes de Noel, sa santé et son aventure sentimentale avec un journaliste … L’intrigue se déroule dans une ambiance frisquette. Par moment c’est lent, puis cela s’accélère. On visite les bas-fonds, les sous-sols du métro, on se frotte au monde de la politique, des magouilles, de la haute finance… C’est le troisième livre que je lis de cet auteur nordique et il est comme son titre : glaçant… Mon seul regret : les personnages ne sont pas attachants mais l’intrigue est bien ficelée… Malgré ce petit bémol, je vous suggère un plongeon en eau glacé en ces jours de canicule…
Extraits :
Elle se faisait l’effet d’un hérisson, d’ailleurs elle devait y ressembler et, après tout, qu’importe ? Au-dessous de zéro, la beauté passe après la santé. Les passants sur le trottoir non déblayé, qui avec son bonnet, qui dans sa parka ou ses bottes fourrées, auraient été de bons sujets d’observation sociologique, à l’image de l’homme quelques mètres devant elle. Caban et bonnet en tricot. Moufles doublées.
Quand elle était petite, son père avait possédé une Fiat 500 d’époque qui restait au garage. Cette vieille voiture occupait tous ses loisirs et il l’entretenait chaque hiver pour pouvoir l’utiliser en été. Il avait adoré cette voiture, avait adoré la faire démarrer. Pour elle aussi, cette voiture avait été comme un conte de fées. On y était si à l’étroit qu’on se serait cru dans une voiture de manège échappée du parc de Tivoli.
Il leva les yeux et passa le doigt sur la pile de livres sur sa table de nuit. « Lequel d’entre eux es-tu en train de lire ?
— Tous, dit-elle, soulagée de parler d’autre chose.
— Tous ? À la fois ?
— Non, un à la fois, mais je finis toujours par commencer un nouveau livre avant d’avoir terminé le premier. J’ai toujours fait ça.
— Mais tu tires quand même quelque chose de tes lectures ? demanda-t-il avec un sourire en coin, comme s’il ne la croyait pas.
— C’est ma manière de lire des livres », se justifia-t-elle en s’asseyant dans le lit.
Oui, c’est bien la seule où j’excelle : boire du thé et allumer des bougies.
La politique est parfois comme le miroir de l’eau qui prend la couleur de ce qui l’entoure et qui dépend aussi de l’œil qui regarde.
Celui qui est chargé de trancher des questions d’éthique doit souvent être plus doué pour la parole que pour la morale. »
J’ai un cancer. C’était la première fois qu’elle disait ces mots à haute voix. Sa façon de prononcer cette phrase, oui, le son des mots eux-mêmes lui avait fait froid dans le dos.
Comment avait-elle pu faire la bêtise de noyer son désespoir dans l’alcool ? Il fallait qu’elle se ressaisisse et vite, pour reprendre le fil.
Mais quel fil ?
Il faut que tu redeviennes la personne la plus importante de ta vie au lieu de te réduire à être une figurante dans la vie des autres.
La presse norvégienne manque d’autocritique et, vu ce qu’elle se permet, sa crédibilité baisse chaque jour davantage. La seule instance à pouvoir mettre un peu d’ordre là-dedans, c’est la presse elle-même. Nous avons besoin de liberté d’expression mais, plus encore, nous avons besoin d’une culture de l’expression
La vie n’est pas comme une autoroute dans la plaine du Pô. La vie est une route sinueuse qui, de temps à autre, comporte des pentes à gravir. Des fois, on résout les problèmes en un clin d’œil. D’autres fois, il faut se munir de patience.