Perry, Anne «Dans l’œil du cyclone» (2020) Serie Elena 01

Perry, Anne «Dans l’œil du cyclone» (2020) Serie Elena 01

Autrice : Anne Perry, née Juliet Marion Hulme le 28 octobre 1938 à Blackheath, à Londres, est une écrivaine britannique, auteur de plusieurs romans policiers qui se déroulent à l’époque victorienne. En 1954, elle a été condamnée pour l’assassinat de la mère de sa meilleure amie, perpétré avec celle-ci, dans l’une des affaires criminelles les plus célèbres de Nouvelle-Zélande, l’affaire Parker-Hulme. Cette affaire a inspiré en 1971 le film Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria et en 1994 celui de Peter Jackson Créatures célestes.
Elle a écrit plusieurs séries : Série Charlotte Ellison et Thomas Pitt – Série Daniel Pitt Série Histoires de NoëlSérie William Monk – Série Celie – Série Joseph et Matthew Reavley – Série Elena –  et des romans (Du sang sur la soie)

Série Elena : « Dans l’œil du cyclone » (2020) – « Dans les bras de l’ennemi  » (2021) 

Serie Elena– tome 1 
10/18 – 11.06.2020 – 360 pages (9.04.2020 Epub) – Traduit de l’anglais par Florence Bertrand

Résumé :
La nouvelle série événement d’Anne Perry : une jeune photographe anglaise face à l’implacable marche de l’histoire. 1933. Italie. Elena, jeune photographe anglaise, tombe amoureuse d’un journaliste, qui meurt assassiné peu après. Juste avant de mourir, il confie à Elena appartenir au MI6 et la charge de terminer sa mission : avertir son contact berlinois qu’un attentat doit avoir lieu contre Scharnhorst, un proche d’Hitler, et qu’il va être imputé aux Britanniques.
A Berlin, la partition se joue comme prévu : Scharnhorst est assassiné. Bientôt, c’est sur Elena que se resserrent les griffes du complot : une arme est retrouvée parmi ses affaires. Traquée par la police, elle doit s’enfuir et peu à peu, elle découvre l’ampleur du fanatisme nazi, autodafé, persécution des juifs. Elle décide alors de photographier les preuves pour les expédie à son grand-père, resté en Angleterre.
Secrets de famille, vengeance personnelle et résonance avec la grande Histoire : en ces temps troublés, Elena devra affronter la vérité de chacun pour comprendre la sienne.

Mon avis : Une nouvelle série d’Anne Perry ! Décidemment, que l’autrice m’entraîne dans l’Angleterre victorienne (Série Charlotte Ellison et Thomas Pitt – Série Daniel Pitt  – Série Histoires de NoëlSérie William Monk – )  , le Paris de la Révolution (A l’ombre de la guillotine)  ou dans la Byzance du XIIIe siècle (Du sang sur la soie) je suis immédiatement embarquée dans l’aventure.
Je viens de faire connaissance avec toute la famille d’Elena et j’ai suivi ses trépidantes aventures européennes pendant la période de l’accession au pouvoir d’Hitler et la montée en puissance du Troisième Reich.
Tout est au rendez-vous, le décor est planté pour de nouvelles aventures. Une famille pleine de secrets ( les grands-parents, les enfants et petits-enfants), des douleurs qui rongent, des opinions politiques qui divergent.. mais une famille qui est liée par l’amour.
Et le contexte politique international qui fait froid dans le dos. Elena se trouve malgré elle impliquées dans un complot international et elle va devoir se dépasser pour s’en sortir. Elle se rendra vite compte qu’elle ne doit pas faire confiance, qu’elle doit se méfier de tous et puiser dans une partie d’elle-même qu’elle ignorait pour faire face. Elle qui au départ  est  une photographe de paysages et de portraits va se révéler dans ces incroyables circonstances.  J’ai dévoré et me réjouis de suivre cette nouvelle série.

Extraits :

On avait peur pour l’avenir. Le chagrin flottait dans l’air, dans la musique, dans l’humour, et même dans la lumière magnifique du jour déclinant.

Elle avait tellement peur de souffrir de nouveau. N’en était-il pas ainsi pour chacun ? Et pourtant, nier cette angoisse revenait à tuer une partie de soi.

C’était là un des secrets du succès, non seulement dans l’art mais dans la vie – passer d’un rythme à un autre sans hésitation.

elle détestait parler en dansant. Toute la conversation était dans le mouvement, et seule comptait la musique.

Chacun passait-il par là ? Par le déni ? La stupeur ? Et puis la longue, lente douleur du chagrin qui vous ronge. Qui vous ronge le cœur, l’âme.

C’était la seule chose décente que la guerre pût apporter à la génération suivante : la conviction qu’elle ne devait jamais plus avoir lieu.

 Jekyll savait-il qu’il abritait en lui un monstre sur lequel il n’avait aucun contrôle ? Est-ce là ce que Stevenson nous montrait ? La connaissance et, en même temps, l’impuissance.

La démagogie n’est pas bonne, par définition. La seule manière civilisée de gouverner se fait par consentement.

La peur engendre la violence, et la haine, répondit-il. C’est la solution de facilité. Blâmer autrui. Les Tziganes, les juifs, les communistes, tout le monde sauf nous-mêmes. Débarrassons-nous d’eux, et tout ira bien. C’est une idée vieille comme le péché, et à peu près aussi utile !

L’opposition est éliminée peu à peu, soit par Hitler à mesure qu’il s’arroge plus de pouvoirs, soit par les individus épouvantables qu’il a nommés. Himmler, par exemple. Il élevait des poules autrefois et, maintenant, il se pavane dans son uniforme comme un coq sur un tas de fumier et exerce son autorité partout où il le peut.

Elle sentait son bras autour d’elle, parfois sa main dans la sienne, et rien d’autre n’était nécessaire.

— Arrêtez d’être désolée. Ceux qui sont partis nous aimaient. Pour rien au monde ils ne voudraient nous voir porter leur deuil au lieu de vivre !
Elle savait que c’était vrai, mais cela ressemblait aussi un peu trop à une excuse.

Que ce fût le cas ou non, on ne pouvait pas, on ne devait jamais persécuter des gens pour leurs opinions. Si on s’abaissait à cela, on causait plus de destruction qu’eux. Et contrairement à eux, peut-être, on le faisait en connaissance de cause, en sachant que c’était mal.

Et pourtant, que valait-il en tant qu’homme s’il laissait un désastre s’accomplir sans rien faire ? Un observateur était aussi coupable qu’un participant. S’il avait pu l’empêcher, ne fût-ce qu’en partie… s’il avait essayé. 

Le vain sacrifice de soi-même peut apparaître comme un geste noble, mais c’est un luxe que nous ne pouvons nous permettre. Nous avons besoin d’armes qui fonctionnent.

Il n’était pas nécessaire de croire au mal, seulement d’en adopter les méthodes. On s’y habituait, jusqu’au jour où elles n’étaient plus le dernier recours, mais le premier. Pendant un temps, on peut s’excuser, et puis on finit par ne plus s’en donner la peine. Personne n’y croit plus. On a oublié ce pour quoi on se bat, on ne songe plus qu’à gagner ! Et plus on gagne, plus on se justifie, jusqu’à ce que toute notion de bien et de mal disparaisse et que seule importe la victoire.

L’art de disparaître consiste à faire en sorte que les gens puissent vous fixer sans voir un fugitif, mais quelqu’un qui a le droit d’être là, et qui n’a peur de personne.

On dirait que, parfois, le temps est élastique. Quand on est épuisé, une heure de sommeil n’est rien. Elle s’enfuit avant même qu’on en ait conscience. En revanche, quand on souffre sur le fauteuil d’un dentiste, elle semble durer une éternité.
Elle rit malgré elle.
— Et si l’on attend quelqu’un et que cette personne est en retard, notre esprit a le temps d’imaginer mille choses différentes qui ont pu lui arriver. Il suffit que l’une d’elles se produise un jour et, après, toutes les attentes sont…
— … interminables. Je sais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *