Takano, Kazuaki «Treize marches» (2016)

Takano, Kazuaki «Treize marches» (2016)

Auteur : (né le 26 octobre 1964 (55 ans) à Tokyo) est un écrivain et scénariste japonais. Il est membre de la Mystery Writers of Japan. Dès 1985, Takano travaille dans le milieu du cinéma et de la télévision sous le patronage du grand cinéaste Kihachi Okamoto. En 1989, il part étudier la mise en scène, la prise de vue et le montage cinématographiques au Los Angeles City College. De retour au Japon après avoir interrompu son cursus, il devient scénariste pour le cinéma et la télévision. En 2001, il publie « Treize Marches » (traduction 2016 en France, aux Presses de la Cité). Encensé par la critique, immédiatement lauréat du prix Edogawa Ranpo, ce premier roman se vend à plus de 400 000 exemplaires et est adapté au cinéma.

Presses de la Cité – 21.04.2016 – 361 pages / 10/18 – 20.04.2017 – 384 pages – Jean-Baptiste Flamin (Traducteur)

Résumé : Ryô Kihara, trente-deux ans, est condamné à la peine capitale. Il a déjà passé sept ans dans le couloir de la mort sans connaître la date de son exécution, comme le veut la loi japonaise. Bien qu’amnésique au moment du procès, il a reconnu sa culpabilité. Un matin, il entend les gardes venir chercher son voisin de cellule pour l’exécuter. Traumatisé par les hurlements, Kihara a soudain des flashes, comme si son amnésie se dissipait : il se revoit en train de gravir un escalier, dix ans plus tôt.
Il décide d’écrire à son avocat. Jun’ichi Mikami, vingt-sept ans, a été incarcéré deux ans pour homicide involontaire. Remis en liberté conditionnelle, il croise celui qui était son gardien de prison, Shôji Nangô, qui s’occupe aussi de la réinsertion des anciens détenus. Ce dernier lui propose de l’aider à prouver l’innocence d’un certain Ryô Kihara. Voyant un moyen de se racheter aux yeux de la société, Jun’ichi accepte… Un thriller au suspense savamment distillé.
Une plongée angoissante dans le système judiciaire japonais. Saisissant.

Mon avis :  Ah mais quelle belle surprise ! un excellent roman noir avec un suspense qui tient jusqu’au bout et en prime un livre sur le système pénitentiaire et judiciaire japonais. Une réflexion sur le bien-fondé de la peine capitale. Quand l’amnésie rétrograde entrave le cours d’une enquête pour meurtre, le sort de l’accusé devient très incertain. Coupable ? non coupable ? Et pourtant le système judiciaire a décidé de le condamner à mort et de l’exécuter. Le roman est une enquête, une course contre la montre pour arriver à trouver des éléments permettant la révision du procès avant que le présumé coupable soit pendu. Ce que j’ai aimé dans ce roman est le coté psychologique et angoissant. Tous les acteurs du monde carcéral et judiciaire font partie du roman : gardiens de prison, bourreaux, procureurs, avocats, contrôleurs judiciaires, et j’en passe.
Très belle découverte que cet auteur de romans noirs japonais.

Extraits :

Il parvint à se retenir tant bien que mal grâce à la conscience, nette et immédiate, de se trouver à un embranchement. D’un côté, le chemin se changeait en pente raide, facile à dévaler. De l’autre, un sentier plat, sur lequel il était plus difficile encore de marcher.

En général, la première raison qui retient les juges de prononcer la peine capitale, c’est le repentir dont fait montre l’accusé.

Les condamnés à mort disposent, comme moyens de salut, du pourvoi en révision et du recours en grâce, mais ils ne peuvent demander le second que lorsqu’ils ont reconnu leur crime

Au Japon, lors d’un procès, il est permis de ne pas exploiter toutes les preuves assemblées par les enquêteurs. Il serait même possible, pour quelqu’un de malintentionné, de cacher des preuves de l’innocence de l’accusé.

Il y avait d’un côté les tenants de la justice rétributive, pour qui le châtiment pénal est une manière de vengeance envers le criminel, et de l’autre les partisans de la justice réhabilitative, qui affirment que celle-ci a pour fonction d’éduquer et d’améliorer le criminel afin d’éradiquer la menace sociale qu’il constitue. Au terme de longs débats, on aboutit à une synthèse des avantages des deux systèmes de pensée, sur laquelle se fonde le système pénal actuel.
Bien sûr, chaque État fait prévaloir dans sa législation l’une ou l’autre théorie. Nombre de pays occidentaux se sont rangés du côté de la justice rétributive, tandis que le Japon a, lui, penché du côté de la justice réhabilitative.

Sur la base d’une circulaire du ministère de la Justice datant de 1963, la quasi-totalité des condamnés à mort s’était vu interdire tout contact avec le monde extérieur, et les conversations avec les voisins de cellule n’étaient plus autorisées.

le cœur humain est trop complexe pour que justice soit rendue au moyen d’un système de loi uniforme.

Les débats sur la peine de mort ont le chic pour déchaîner les passions. C’est fascinant. C’est sûrement parce qu’ils opposent l’instinct et la raison.

N’y avait-il pas, dans un recoin insoupçonné du cœur humain, un interrupteur commandant les pulsions agressives qui, enclenché par hasard, rendait fou au point de tuer ? Cette réaction, ni les victimes, ni même les agresseurs ne pouvaient la prévoir.

Acala :
— Est-ce que vous connaissez Acala, le Roi de Lumière Adamantin et Immuable ? C’est l’un des treize bouddhas

Les treize bouddhas et bodhisattvas pour lesquels des offices sont successivement célébrés, entre le septième et le trente-troisième anniversaire de la mort d’un défunt.

le bouddhisme usait de cette entité destructrice pour les mortels ineptes, incapables d’obtenir le salut grâce à la seule miséricorde du Bouddha.

Info : Acala l’immuable ou « Acalanātha » le maître immuable, est une déité bouddhique du mikkyō, il est l’un des cinq rois du savoir, associé au feu et à la colère.

Image: Acala

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *